Jour 1 : Le NSK et Ljubljana

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Jeudi 14 avril

Restons en Europe pour ce long weekend de quatre jours. Direction la Slovénie, petit pays coincé entre l’Italie, l’Autriche, la Hongrie et la Croatie.

En un peu moins de deux heures de vol, je rallie la capitale Ljubljana depuis Paris, avec la compagnie locale Adria Airways. Du minuscule aéroport, une heure de bus me conduit au centre-ville, où je descend à l’Hostel Trésor – parfaitement situé, pas cher, mais où la personne qui m’accueille est très avare de renseignements.

Ma priorité pour aujourd’hui est la Moderna Galerija (Galerie d’art moderne) où vient de s’ouvrir une exposition consacrée au NSK, le Neue Slowenische Kunst (Nouvel art slovène, en allemand).

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Ce collectif d’art politique slovène, apparu en 1984, est surtout connu par chez nous via le groupe de musique Laibach.

IMG_5801Mais le NSK, c’est aussi le collectif d’artistes peintres IRWIN ou la troupe de théâtre Noordung Cosmokinetic Cabinet. L’exposition me permet de mieux découvrir ces composantes du mouvement, que je connaissais beaucoup moins que Laibach.

Le but du collectif est de « confronter les tabous et les symboles de l’identité slovène » et les œuvres NSK sont à ce titre souvent inspirées par l’esthétique rétro et kitsch des régimes totalitaires, ce qui leur a valu – et leur vaut toujours en France, où la censure n’est pas morte – de nombreuses incompréhensions.

L’exposition revient également sur l’aspect politique du mouvement :en 1991, alors que la Yougoslavie vivait ses derniers instants, le NSK s’est constitué en micro-nation, sans territoire. Une « nation dans le temps et dans l’art », pourrait-on dire.

Quitte à être venu dans la galerie, je fais aussi le tour de l’exposition permanente, qui présente par ordre chronologique les œuvres d’artistes slovènes et d’ex-Yougoslavie (dont des œuvres du NSK, en toute fin d’exposition).

La galerie se trouve en lisière du parc Tivoli, cinq hectares de forêt au cœur de la ville, mais je me tourne plutôt dans l’autre direction vers le Narodni muzej Slovenije (Musée national slovène), dont la pièce principale est une flûte taillée dans un os par un homme de Neandertal. Âgé de 50.000 à 60.000 ans, c’est le plus vieux instrument de musique découvert en Europe.

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À part ça, le musée présente surtout des vestiges de l’époque romaine. On en fait (trop) vite le tour.

J’entame ensuite une visite de la ville proprement dire. À taille humaine, elle se parcoure très facilement à pied.

Je commence par la Bibliothèque nationale, LE chef d’œuvre de l’architecte slovène Jože Plečnik, qui a habillé la façade de briques rouges et de calvaire gris.

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Non loin se trouve le Parlement, avec son étonnant portail sculpté, et la place de la République, où l’on trouve les rares bâtiments de style soviétique de la ville.

La vieille ville et ses dizaines de boutiques et cafés s’aligne le long de la Ljubljanica, la rivière qui traverse la ville.

Au détour de rues médiévales ou XVIIIe, toutes piétonnes, on découvre non seulement une atmosphère paisible et des gens souriants, mais aussi de jolies façades aux accents baroques ou rococo.

Quelques églises aussi, dans un pays qui donne l’impression d’être très pieux. L’église Saint-Florian, d’abord, et à quelques mètres l’église Saint-Jacques (1615), première paroisse jésuite du pays. J’y entre alors qu’une chorale est en train de répéter. Un plaisir.

Plus haut, l’hôtel de ville -flanqué de quatre drapeaux, européen, slovène, municipal et arc-en-ciel- se dresse devant une fontaine (1751) de Francesco Robba, inspirée par le Bernin.

Cette influence italienne se ressent aussi dans la cathédrale Saint-Nicolas qui n’est rien de moins qu’une copie de l’église Gesù de Rome. À l’intérieur, c’est une explosion baroque de frises, ors et chérubins.

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En contournant le marché central (1942) et ses colonnes néo-antiques, j’emprunte le pont des Dragons puis la rue médiévale Trubarjeva avant d’arriver au cœur de la ville : la place Prešernov.

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Passage obligé de tout visiteur, son Triple pont (1932) est devenu l’un des symboles de la ville. La passerelle centrale (1842) étant devenue trop étroite, Jože Plečnik eu l’idée de lui adjoindre deux plateformes latérales, la sauvant de la destruction et faisant de la place un lieu particulièrement photogénique.

Pour avoir une belle vue sur le pont, rien de tel que de gravir les marches de l’église franciscaine Sainte-Marie-de-L’Annonciation (1660), autre souvenir coloré venu d’Italie.

Voici donc Ljubljana en une après-midi. Il ne me reste plus qu’à prendre le funiculaire vers le château qui la surplombe, et j’en aurai fait le tour. Mais ça sera pour plus tard.

Pour l’heure, je retourne à mon auberge, fais connaissance avec mon voisin de chambrée londonien et sort dîner avec lui.

Après le restaurant Sokol, où je me régale d’une assiette paysanne (choucroute de chou et de navet, lard, saucisses, boudin, kaša), nous faisons une balade digestive dans le centre -extrêmement calme – avant de finir la soirée autour de bières dans un pub.

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