Un court séjour en Islande, en plein hiver. Fallait oser. Mais ce pays est tellement beau l’été qu’il me fallait voir ce que ça donnait sous la neige. Je n’ai pas été déçu !
█ Avant propos
L’Islande, enfin ! A la fin de mon séjour en juin 2012, je m’étais promis d’y revenir en hiver. Gullfoss gelée, voilà qui doit impressionner !
J’ai réservé mon aller-retour avec la compagnie islandaise à bas-coût Wow Air, mais celle-ci a d’abord annulé mon vol retour (m’obligeant à prendre un billet plus cher sur Icelandair), avant de décaler mon vol aller de 12h à 21h le vendredi, ce qui me fait perdre une demie-journée sur place – que j’aurais sans doute passée au Blue Lagoon. Je ne conseillerai donc pas cette compagnie, bien que le vol s’est très bien déroulé.
A mon arrivée, je prends le Flybus directement de l’aéroport jusqu’au Kex Hostel.
L’établissement est situé à deux pas du centre-ville et propose des prix bas pour l’Islande (sauf en été, où ils doublent). Il brille par son atmosphère, cossue mais décontractée. Une bonne adresse pour l’hiver (l’été, le camping permet de substantielles économies), d’autant qu’en cette saison, c’est plutôt vide : nous ne sommes que trois dans mon dortoir prévu pour dix.
█ Samedi 11 janvier : le Cercle d’or en plein hiver
Réveil à 9h15… Ou est-il plus tôt ? Me suis-je trompé en changeant d’heure ? Dehors, il fait nuit noire, c’est déstabilisant. Je descends dans la salle de restaurant de l’hôtel pour mon petit déjeuner, et l’atmosphère est unique : il est presque 10h, mais la nuit, la lumière tamisée et musique discrète, le calme des voyageurs donnent l’impression d’être dans un chic hôtel colonial au début du siècle dernier.
Je pourrais, et aimerais, visiter le marché aux puces qui se tient chaque samedi à Reykjavik, mais la prudence et la météo dictent mes choix : je vais profiter du beau temps pour faire le Cercle d’or. Si le temps de gâte les prochains jours, il me sera bien plus compliqué d’y aller.
A 11h, le soleil se lève. Je sors de la ville.
Mes premiers kilomètres sont hésitants : en bon Breton, je n’ai jamais l’occasion de conduire sur la neige (et en bon Breton émigré à Paris, je n’ai jamais l’occasion de conduire où que ce soit). Mais les routes sont plutôt dégagées et surtout désertiques, je peux donc bien rouler, au milieu de la chaussée.
Sur une centaine de kilomètres, un paysage entièrement blanc s’offre à moi. Un paysage d’une incroyable beauté, qui me donne l’impression d’être seul au monde. Plus encore que l’Islande estivale, où les touristes sont bien plus nombreux.
Neuf kilomètres avant la cascade de Gullfoss se trouve Geysir, un geyser, LE geyser même, puisque c’est lui qui a donné son nom à tous les autres.
Je m’y étais déjà arrêté en 2012 (mais ça n’apparaît pas sur mon carnet de l’époque, qui est incomplet. J’étais trop fatigué pour écrire les deux derniers jours sur place, et quand j’y voulu m’y mettre après être rentré, je me suis rendu compte que ça ne sonnait pas naturel), mais j’y fais quand même un arrêt. Déjà, parce que j’ai pas grand chose d’autre à faire, et surtout parce que c’est assez impressionnant.
S’il est loin d’être le plus grand geyser du monde (qui est à Yellowstone, je crois), c’est l’un des plus régulier : il s’active toutes les cinq minutes environ et projette de l’eau chaude à 20 mètres de haut. En fait, celui-ci n’est pas Geysir, mais Strokkur. Geysir est à côté, mais ne s’active qu’une ou deux fois par jour et projette de l’eau à 80 mètres de hauteur.
Ensuite, place à la cascade qui justifie à elle-seule ce voyage : Gullfoss. Un des plus beaux paysages islandais. Une double chute (11 mètres et 23 mètres) dans un canyon, au milieu d’un parc naturel classé.
J’espérais la voir gelée, je ne suis pas déçu, la voilà dans un superbe écrin de glace. Et alors qu’en été, les cars de touristes s’y succèdent, je suis quasiment seul cette fois.
Alors que je reprends la direction de Reykjavik, voilà que le soleil de couche. Allons bon, il est 15h25. Ce fut rapide !
Ça ne m’empêche pas de m’arrêter dans le parc national de Þingvellir, le site du premier parlement islandais, mis en place en 1930. Là encore, la neige magnifie l’endroit, même si elle ne rend pas son exploration très simple !
Pour rappel, voici ce à quoi elle ressemble en juin :
Je me refais un Lamburger (burger à l’agneau) à la Hamburger Fabrik, un restau qui fait des burgers déments et où les serveuses sont toutes super mignonnes. Je ne sais pas si elles sont choisies en fonction de leur physique, ou si c’est juste que les Islandaises sont jolies…
Après ça, je rentre à l’hôtel rédiger ce texte en buvant un verre. Il est 21h et je tombe de sommeil…
A la base, j’avais prévu de ressortir ce soir pour essayer de voir une aurore boréale (j’ai tanné tout le monde avec ça depuis des semaines). Mais je le sens vraiment pas d’attaque, et en plus j’ai bu une bière au restau (et apparemment, le taux d’alcoolémie au volant est à 0 ici). Faut dire que juste avant que j’aille manger, les prévisions étaient très mauvaises pour ce soir. Maintenant, elles se sont améliorées. Bah, tant pis. Je préfère ne pas voir d’aurore boréale que de finir dans le fossé ou au poste.
PS : j’apprendrai le lendemain que des gens sont sortis jusqu’à 4h du matin pour essayer d’en voir. Ils ont vu « un peu de vert dans le ciel », mais sans savoir si c’était vraiment une aurore ou une hallucination due au fait d’être resté 8h dans le froid à regarder le ciel.
█ Dimanche 12 janvier, de Reykjavik à Skógar, sous la neige
Par Odin, je suis vivant ! Et la voiture n’a rien (note du Morgan du 13 janvier à celui du 12 : « Te rejouis pas trop vite »). C’était loin d’être gagné !
Mais reprenons depuis le début.
Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller vers l’est, jusqu’à Skógar (où j’ai réservé pour la nuit), puis Vik. La météo signale qu’une « violent storm is expected », mais je n’y prête pas attention.
Je sors sans problème de Reykjavik, même si quelques rafales de vent me font craindre le pire… Et le pire arrive : quelques kilomètres plus loin, le vent et la neige rendent ma progression très difficile. A plusieurs reprises, je manque de perdre le contrôle et je pars deux fois en tête à queue.
Après 20 kilomètres à cette sauce, j’arrive sur un plateau bien plus calme. Mais l’apaisement est de courte durée, puisqu’il faut ensuite redescendre, et que la tempête reprend de plus belle. Par moment, la visibilité est nulle, je suis obligé de regarder le GPS pour repérer les virages et j’essaye de suivre les piquets placés au bord de la route. Si vous vous demandez : « pourquoi tu t’es pas simplement arrêté sur le bord de la route, espèce d’irresponsable », eh bien c’est tout simplement parce que 1- je ne voyais pas le rebord de la route et voulait pas me retrouver dans un fossé caché par la neige et 2- parce que si je m’étais arrêté, j’aurais sûrement été coincé là.
A Selfoss, je m’arrête me dégourdir les jambes. Le temps est meilleure, et la température apparemment clémente : -3°, indique mon tableau de bord. C’est sans compter sur le terrible vent du nord, qui me glace le sang.
Vent et neiges m’accompagnent pour la suite du trajet, mais sans me mettre trop en danger. J’arrive même à passer la 4ème, youhou. Le paysage est splendide : j’ai l’impression d’être dans un autre pays, par rapport à ce que j’avais vu en 2012. Si l’été, l’Islande se compare à la Nouvelle-Zélande, là c’est le Groenland et la Sibérie qui me viennent à l’esprit !
Le tablier des mauvaises saisons,
Violemment, là-haut, est dénoué ;
Le tablier des maux est secoué
A coups de vent, sur les hameaux des horizons.
[La Neige, Emile Verhaeren]
Je m’arrête à Seljalandsfoss, une cascade située une vingtaine de kilomètres avant Skogar. Elle est superbe, et un sentier permet même de passer derrière. J’ai déjà assez de la pluie pour me mouiller, mais je m’en approche quand même (sans faire le tour complet, ce qui m’aurait vraiment trempé).
A ce stade du récit, il est 14h30, je me dis que je vais pouvoir atteindre Vik, faire quelques photos et revenir à Skogar. Mais alors que je reprend la voiture, le vent redouble d’intensité. Il me devient impossible de dépasser les 30 km/h et plusieurs rafales, alors que je conduis, me font TRÈS peur.
Mais l’avantage de rouler si lentement – bien que je doive surveiller la route – c’est que je peux profiter des paysages qui s’offrent à moi, notamment ce bras de mer entièrement gelé.
Arrivé à Skogar – en un seul morceau (j’ai croisé une seule voiture en 20 kilomètres, ça va) – j’abandonne l’idée d’aller plus loin. Trop dangereux, et même si j’arrivais à Vik, hors de question que je sorte de la voiture par ce temps.
Je m’arrête devant Skogafoss, la fameuse cascade qui attire des milliers de touristes l’été. J’avais planté là ma tente pour une nuit, au milieu de plein de gens, dans une joyeuse agitation. J’étais allé boire des bières et manger un burger avec un couple de Suédois rencontrés dans la montagne.
Là, il n’y a pas un chat. Le vent dépasse les 100km/h et le terrain de camping est recouvert de glace. J’ai l’impression d’être dans un film ; un héros qui redécouvre un endroit qu’il aimait après qu’une catastrophe se soit abattue sur la Terre. Un âge glaciaire ou un hiver nucléaire.
Heureusement, du chauffage et du thé m’attendent pas loin, à la Skogar Guesthouse. Je suis le seul qui y arrivera ce soir : trois autres personnes ont appelé pour dire qu’elles ne pourraient pas venir. Deux Malaisiennes qui sont là depuis 2 jours me disent qu’il est impossible d’aller plus à l’est (et donc que Vik est inaccessible), et la maîtresse des lieux voit sur Internet que la route entre Reykjavik et Selfoss est également coupée. Nous sommes donc coincés là pour la nuit, et la propriétaire nous propose de nous faire le dîner.
Malgré la situation, c’est donc une très bonne soirée : nous mangeons tous ensemble autour de la table un énorme agneau, cuisiné à l’islandaise.
C’est l’occasion de faire connaissance avec les maîtres des lieux : Sigríður, trésorière d’un parti politique à Reykjavik, et Guðjón, ancien capitaine d’un bâteau de pêche. Cette maison était leur résidence secondaire, qu’ils ont transformé en guesthouse en septembre dernier. Ils pensaient simplement arrondir leurs fins de mois, mais ont finalement affiché complet depuis ! Plusieurs Islandais m’ont d’ailleurs fait part de leur étonnement quant au nombre de touristes cet hiver, bien plus élevé qu’à l’accoutumée.
Dommage, la météo m’empêche de profiter de la source chaude, dans le jardin. Il paraît qu’elle est parfaite pour admirer les aurores boréales (tu m’étonnes !). Ca sera pour une prochaine fois, car j’ai beaucoup aimé cet endroit, et je comptes bien y revenir lors de mon prochain voyage. D’autant que les prix sont très bas pour l’Islande : 42€ la nuit, petit déjeuner inclus. A ne pas confondre avec le Skogar Hotel, en face, où la chambre coûte au minimum trois fois plus cher.
Pour conclure en musique, voici la vidéo d’un de leurs enfants, tournée dans les splendides paysages islandais :
█ Lundi 13 janvier : de Skógar à Reykjavik, dans la tempête
A mon grand désarroi, la nuit a été très calme. Moi qui pensait être bercé par le bruit des éléments toute la nuit… C’est d’autant plus dommage que le vent se remet à souffler ce matin.
Après un copieux petit déjeuner, je dis au revoir à mes hôtes et m’enfonce un peu plus vers l’est, à Dyrhólaey. Cette péninsule, située une dizaine de kilomètres avant Vik, présente des formations rocheuses exceptionnelles, notamment une arche surplombant la mer. Hélas, le temps est très mauvais, et je ne la vois pas.
Je monte quand même en haut d’une sorte de promontoire rocheux, contre vents et marées. Objectivement, c’est une très mauvaise idée : ça souffle comme jamais, et il est très dur de simplement rester debout. Mais la vue est splendide, donc c’était pas complètement une mauvaise idée quand même !
Je connais déjà Vik, où j’avais passé ma première nuit en 2012, et ses splendides plages de sable noir. Plutôt que d’y retourner, je me remets en route vers Reykjavik. Guðjón m’a indiqué ce matin que je ne devrais pas avoir de mal à y retourner, puisqu’il n’y à plus de neige.
Par contre, le vent n’a pas faiblit depuis hier, voire souffle encore plus fort. Et là, c’est le drame : alors que je m’arrête prendre une photo sur le bas côté de la route, une rafale de vent embarque la portière au moment où je l’ouvre. Bam, carrosserie tordue (sur la portière et l’aile avant) et charnières baisées. La portière ne se ferme plus correctement. J’espère que ça va pas me coûter trop cher…
█ Mardi 14 janvier : Les musées de Reykjavik
Après le petit déjeuner, cap sur le Perlan. C’est à l’origine un ensemble de réservoirs où est stockée de l’eau chaude d’origine géothermique. En 1991, une structure hémisphérique a été ajoutée à leur sommet. On y trouver un restaurant panoramique et deux attractions : le Musée des Sagas, qui raconte l’histoire de l’Islande, et le Volcano Show. J’attends 30 minutes que ça ouvre, mais apparemment c’est fermé aujourd’hui. Il n’y a ni horaires, ni indication précise, donc difficile de savoir. Du coup, je m’en vais.
Je n’aurais néanmoins pas fait le tour pour rien puisque le Perlan se situe sur une colline, avec une belle vue à 360° sur Reykjavik et les montagnes.
Mise à jour du 3 mars : après avoir eu un mal fou à récupérer tous les papiers, j’ai finalement obtenu le remboursement de cette franchise par mon assurance Visa ! Pour vous faciliter la tâche, si ça vous arrive, demandez immédiatement au loueur : une facture (et pas un simple ticket de caisse – ce que vous voyez sur la photo n’a pas suffit…) de la franchise et le barème pour les réparations. Pensez bien aussi à garder tous les tickets de caisse et papiers que vous recevez au moment de récupérer le véhicule (empreinte de la carte, facture de la location, contrat de location, etc.). Le plus dur à récupérer est la facture de réparation du véhicule : sur ce point, à part harceler le loueur pour qu’il l’envoie rapidement au garage, y’a pas grand chose à faire…
En rentrant à l’hôtel, je m’arrête au tout petit (mais gratuit !) musée de la photographie, dont l’exposition est consacrée aux « Paysages contemporains ». L’idée est de montrer l’Islande non pas dans un format « carte postale », mais comme une terre où l’homme et la nature s’affectent mutuellement. Les photos sont absolument superbes.
C’est là-dessus que j’achève ce second séjour en Islande, puisqu’après une courte nuit, je quitte l’hôtel à 5h. Direction Belfast, pour un voyage de presse, puis le Danemark. Mais ceci est une autre histoire…
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