A la découverte de Dacca et Barisal, les deux visages du Bangladesh

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C’est l’un des pays les moins touristiques du monde. Et pourtant, l’un de ceux qui m’auront le plus marqué. Plongée dans le fascinant et tumultueux Bangladesh, pour une semaine de découverte de ses deux plus grandes villes.


Quand on pense « pays les moins visités du monde », on pense d’abord au Vanuatu, à Kiribati, Nauru et toutes ces îles où ne passent que quelques milliers de personnes par an. Mais si on rapporte le nombre de touristes à celui d’habitants, c’est le Bangladesh qui remporte la palme : il y a seulement 1 touriste pour 1200 habitants, selon une étude de 2016. C’est donc un pays assez méconnu, et pourtant très intéressant et agréable à visiter – la gentillesse et la curiosité des habitants, peu habitués à voir des étrangers, en est l’une des raisons principales.

█ Dacca, capitale chaotique

Il y a des capitales qui ne laissent pas indifférent, tant il y a de monuments à y voir. D’autres qui, au contraire, sont parfaitement oubliables car il n’y a rien à y faire (coucou Belmopan. Et puis il y a Dacca, une capitale où, objectivement, il n’y a rien à visiter, mais qui est incroyable du fait de son chaos.

D’ailleurs, mon séjour avait plutôt mal commencé. A la sortie du sous-dimensionné et clairement obsolète aéroport international Shah Jalal, par 40°C, avec une humidité à 80%, et au milieu d’un maelstrom de gens, voitures et « CNG » (les tuk-tuk locaux), je me suis demandé ce que j’étais venu faire dans cette galère. « L’aéroport de Dacca, c’est la septième porte de l’enfer », ai-je écrit à un ami.

Mais, petit à petit, on s’habitue. Et on commence à apprécier cette capitale improbable de 21 millions d’habitants. Lalbagh Thana, le quartier central, est considéré comme le plus dense du monde, avec 168.151 habitants au km². A titre de comparaison, à Paris, c’est 20.000.

Mon premier jour sur place a consisté principalement à dormir et à aller dénicher une mosaïque posée par le street-artist français Invader en 2003. Vingt ans après, elle est toujours là ! Puis j’ai rejoint un autre voyageur dans un des rares bars servant de l’alcool (le pays est à 90% musulman) pour faire connaissance avant le début de notre voyage.

Les jours suivants ont été consacrés à la découverte de la ville. D’abord avec Jafar, de Taabu Tours, que je recommande chaudement, puis avec Young Pioneer Tours.

Nous avons commencé par le Kawran Bazar, l’un des plus grands marchés de la ville de Dhaka. On y trouve de la vente en gros (vêtements, ustensiles de cuisine, etc.) mais aussi des fruits, légumes et épices. Plus l’on s’enfonce dans les travées, plus on plonge dans un autre univers ; jusqu’au marché aux épices où il est difficile de respirer tant l’air est saturé de saveurs.

Nous nous sommes ensuite rendus, en traversant la rivière dans un petit bateau à moteur, dans l’un des grands chantiers navals de Dhaka – on en compte 200 dans le pays, qui n’est pas seulement une usine de textile géante.

Les ouvriers y démantèlent ou réparent de vieux navires, dans des conditions d’hygiène et de sécurité inexistantes. Au son lancinant des marteaux frappant le métal, nous déambulant sous des coques de la taille d’immeubles ; un décor que l’on croirait tout droit sorti de Mad Max.

J’ai écrit plus haut qu’il n’y a rien à voir à Dacca. Ce n’est pas complètement vrai. Il y a notamment quelques jolies mosquées. La mosquée Baitul Mukarram, l’une des plus grandes au monde (mais pas particulièrement belle) ; l’étonnante mosquée Hussaini Dalan construite par les Shiites au XVIIe siècle ; ou la magnifique Star Mosque (Tara Masjid), décorée de porcelaine chinoise.

Il y a aussi le Palais Rose, officiellement appelé Ahsan Manjil Museum, un palais du XIXe siècle peint en rose (c’est son principal intérêt, la visite à l’intérieur est pour le moins décevante). Citons aussi l’Église apostolique arménienne de la Sainte Résurrection, fondée en 1781. La communauté arménienne ayant quitté Dacca, les offices religieux y sont rares, mais le monument est classé au patrimoine national du pays.

Autre monument historique important de Dacca : le fort de Lalbagh, construit en 1678 et symbole le plus connu de la domination moghole au Bengale. Le fort a été construit comme résidence officielle du gouverneur et le complexe comprend également la tombe de Pari Bibi et une mosquée. Son parc est une oasis de calme au cœur de la ville ! Enfin, le Curzon Hall un bâtiment de l’époque du Raj britannique qui abrite la faculté des sciences de l’université de Dhaka.

Reste que malgré tout, le plus intéressant à Dacca est de se perdre dans ses quartiers, explorer ses bazars (dont le Shankhari Bazaar, au cœur d’un quartier à 80% hindou), ou simplement se poser dans un café, commander un lassi à la mangue et observer la vie de cette fourmilière.

█ Barisal, la Venise du Bengale

Après Dacca, nous prenons la route vers Barisal, plus au sud. Située sur les rives de la rivière Kirtankhola, cette ville de 500.000 habitants est l’une des plus anciennes municipalités et l’un des plus anciens ports fluviaux du pays.

Nous y sommes moins pour visiter la ville que pour nous rendre à Kuriana, le plus grand marché flottant du Bangladesh. Voguant sur de nombreuses petites rivières reliant des villages hors du temps, nous arrivons à Baukathi, un marché flottant de légumes très populaire où de nombreux bateaux en bois traditionnels faits à la main sont remplis d’agriculteurs qui vendent leurs légumes fraîchement cultivés. Comme à Dacca, nous sommes ici les seuls touristes. A tel point qu’un homme est venu me demander si j’étais chinois…

Nous poursuivons notre traversée dans ce labyrinthes de canaux où nous croisons de multiples embarcations chargées de légumes, de vaches – la fête de l’Aïd est dans quelques jours – et de rondins de bois. Le calme des rivières est bienvenu après l’effervescence de Dacca, même si la mousson nous empêche d’en profiter à 100%. Cela fait néanmoins partie de l’aventure.

Notre retour vers Dacca se fait en ferry : c’est le mode de transport le plus utilisé pour relier les deux villes. La traversée, de nuit, est plutôt confortable – du moins pour nous, qui avons des cabines en première classe (une grande partie des passagers dorment, eux, sur des matelas à même le sol). La bonne ambiance sur le bateau et l’extrême gentillesse des Bangladais rend la traversée fort sympathique !

Le Bangladesh, ce pays où la moindre photo ressemble à une peinture :

█ Panam City, rien à voir avec Paris

Dernier endroit majeur que nous avons visité, la ville de Panam est l’une des plus anciennes villes du Bangladesh encore debout. Capitale du souverain du Bengale Isa Khan au XVe siècle, la ville était autrefois un important centre commercial et politique. Le site – non habité – présente désormais des bâtiments des périodes sultanienne, moghole et coloniale britannique.

Le Bangladesh compte d’autres endroits qui méritent le détour – notamment la forêt de mangrove qui couvre le sud du pays – mais le séjour s’arrête là pour nous, puisque nous décollons ensuite pour le Bhoutan. Le Bangladesh était pour moi juste un arrêt rapide avant le Bhoutan (en mode « c’est l’occasion de faire une pierre deux coups »), mais je suis vraiment tombé sous le charme de ce pays et de ses habitants. Rarement, en 80 pays visités, je n’ai rencontré de personnes aussi sympathiques, curieuses, et ravies de voir des voyageurs. Comme quoi, même après tant de voyages, on peut être encore surpris !

Commentaires 1

  1. Zhu

    Les photos sont magnifiques. J’adore ces portraits de la vie quotidienne, ça plonge super bien dans l’ambiance!

    Les récits de voyage (assez rares, c’est vrai) sur Dacca sont assez lapidaires: on adore ou on déteste.

    (J’adore particulièrement la dernière photo à « Panam »)

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