Samedi 5 octobre
Notre première visite de la journée nous conduit au Kinkaku-ji, le temple du Pavillon d’or. Contrairement au pavillon d’argent, celui-ci est réellement recouvert du métal précieux dont il tire son nom.
Le Kinkaku-ji, qui s’appelle officiellement Rokuon-ji (temple impérial du jardin des cerfs) est une des visites phares de Kyoto et une vraie image de carte postale. Le site a pris son essor au 14e siècle et a été détruit plusieurs fois, mais le Pavillon d’or a à chaque fois survécu… jusqu’en 1950, où il a été incendié par un moine déficient mental. Le bâtiment actuel date de 1955.
L’intérêt du lieu tient quasi-exclusivement à ce bâtiment, qui contient des reliques de Bouddha et est surmonté d’un fenghuang, un « phénix chinois ». Son jardin est bien loin de valoir celui du Ginkaku-ji, même si la promenade reste sympa – et puis, quitte à être entré, autant faire le tour (y’a un raccourci qui évite aux vieux de devoir grimper). Selon une guide japonaise, nous avons de la chance, car il y a peu de monde : d’ordinaire, le site est bondé et il est difficile de s’y déplacer.
Nous descendons ensuite à pieds vers Ryoan-ji, le Temple du repos du dragon, distant de moins de deux kilomètres. Il y a quatre ans, arrivé trop tard, j’avais trouvé porte close. Cette fois, il est midi et le temple est bien ouvert ! Et quelle beauté !
Ce monastère zen fait partie des 17 temples, sanctuaires et château situés dans la région de Kyoto inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1994 (je n’en ai vu qu’une dizaine, ce qui me fait une bonne excuse pour revenir).
Avant d’arriver au bâtiment principal, on fait le tour de l’étang Kyoyochi, aménagé au 12e siècle et recouvert de nénuphars.
Le Kuri, bâtiment principal du complexe, qui mérite le coup d’œil pour ses peintures, mais surtout pour son jardin zen, principale attraction du lieu.
D’une taille de 25 mètres sur 10, ce petit jardin ne compte que 15 pierres et du gravier. Aucun arbre, contrairement à la plupart des jardins zen du Moyen-Âge. Celui-ci date du XVe siècle. Les pierres, entourées de mousse, sont disposées en groupes, d’est en ouest, de cinq, de deux, de trois, de deux puis de trois. Selon la légende, les pierres ont été disposées de telle sorte qu’il ne soit pas possible de voir les 15 pierres à la fois, d’où que se trouve l’observateur. Seul celui qui aurait atteint l’illumination spirituelle pourrait voir la quinzième pierre.
Je mets tout ça au conditionnel, car j’ai bien réussi à voir les quinze pierres (ou plus précisément, quatorze pierres et un bout de la quinzième) sans être particulièrement zen.
Cette visite se classe parmi les plus belles que nous avons effectuées jusque-là, à Kyoto et ailleurs.
Troisième visite de cette journée bien remplie : le musée international du manga, en plein centre-ville, près du château Nijô.
Ouvert en 2006, ce musée vise à donner ses lettres de noblesses à cet art populaire né dans les années 1950. Ou au VIIIe siècle. Voire « aux peintures préhistoriques », ose même dire le musée. Un peu plus, et on nous expliquait qu’en fait Dieu ne s’est pas reposé le septième jour, mais qu’il a dessiné un manga.
D’ailleurs, une partie du lieu présente l’équivalent du manga dans d’autres pays : les BD franco-belges (représentées par Tintin, sous un drapeau français), les comics américains, etc. C’est un poil trop proche à mon goût du panneau qui dit que « le manga a inspiré un grand nombre d’artistes à travers le monde », ce qui pourrait laisser croire à un lien de cause à effet…
Outre sa collection de 400.000 mangas de 1945 à nos jours consultables, et son phénix inspiré par l’œuvre de Tezuka, le musée propose aussi des expos temporaires (sur des artistes que je ne connaissais pas), un intéressant historique de cette industrie, ainsi que des chiffres et explications sur son fonctionnement. C’est très bien fait, et absolument passionnant.
Est aussi proposé ce samedi un atelier d’initiation à certains outils du mangaka : le crayon bleu (qui sert à faire le brouillon), le G-Pen (plume à l’encre) et le pinceau-feutre. Le G-Pen est très dur à manier, je trouve, mais le résultat est impressionnant. On nous donne un dessin à moitié fini, avec une heure pour le compléter. Malgré quelques ratés, je suis plutôt content de mon résultat.
Nous sortons à 18h du musée, alors que débute dans sa cour la « nuit blanche », petite sœur de la nuit blanche parisienne. Une délégation de notre cher Delanoë est d’ailleurs attendue ce soir ; et une Japonaise nous a demandé dans le musée si nous étions de l’Institut français. Devant notre réponse négative, elle s’est étonnée : « ce musée est connu en France ? » Ben oui, il a même bonne réputation. Au moment d’acheter nos billets (chers, 800¥), le caissier nous avait déjà demandé comment on en avait entendu parler. « Euh, je me souviens pas, ce musée est connu vous savez. »
Nous nous dirigeons ensuite vers le quartier de Gion, et ses ruelles étroites de maisons en bois où vivent les geishas. Nous n’en voyons évidemment pas… Ça sera pour la prochaine fois. Le dites pas à mon patron, mais je suis bien tenté de venir vivre ici, pour 6 mois ou un an. Pas d’avantage : le pain, le vin et le fromage me manqueraient trop, je pense.
En parlant de nourriture, nous faisons ce soir une entorse à notre régime nouilles/riz/poisson/gyozas pour tester le Mos Burger, le concurrent du McDonald’s. Pour être honnête, j’ai pas senti grande différence, mais Minirop a trouvé ça meilleur.