Lundi 7 avril
Direction le sud de Manhattan, vers Ground Zero. Je voulais prendre un billet pour le Mémorial du 11 septembre avant d’aller visiter le quartier et revenir à l’heure indiquée, mais ça ne fonctionne pas comme ça : y’a seulement une queue « avec billet » (imprimés d’Internet) et « pas de queue ». Je m’engage donc dans la file, pour une heure d’attente environ. L’occasion de faire pour la première fois un carré 2048 au jeu du même nom, et de sympathiser avec ma voisine, Rachel, une Américaine venue passer quelques jours à New-York.
Après dix ans de travaux, un mémorial a ouvert sur les lieux du drame. Deux bassins sont situées à l’emplacement des tours, et un musée doit ouvrir très prochainement. L’atmosphère est étrange, assez lourde, même si les lieux ne se prêtent pas vraiment (pour l’instant) au recueillement : entre la Freedom Tower et le hub de transport en construction, on est accompagnés tout au long de la visite par des marteaux-piqueurs.
Je descends ensuite à l’extrême sud de Manhattan, où Battery Park est en travaux mais où je peux quand même voir la statue de la Liberté, avant de remonter le Financial district.
Perdue au pied des buildings se tiennent la Trinity Church et la St. Paul Church. Cette dernière est quasiment devenue un mémorial en l’honneur des victimes du 11 septembre : située à quelques dizaines de mètres des tours, elle a servi de havre pour les volontaires qui se relayaient à Ground Zero pour chercher des survivants ou commencer à déblayer. Elle est aujourd’hui pleine de messages à destination des victimes ; c’est le côté plus « humain » du souvenir, bien loin du granit du mémorial officiel.
En remontant Broadway, j’arrive au niveau d’un grand parc, avec moult statues et le City Hall, la mairie de New-York. Louis-Ferdinand Céline, qui écrit bien mieux que moi, fait dire à Bardamu dans le Voyage au bout de la nuit : « Tout d’un coup ça c’est élargi notre rue comme une crevasse qui finirait dans un étang de lumière. On s’est trouvés là devant une grande flaque de jour glauque coincée entre des monstres et des monstres de maisons. »
Le temps se gâte, c’est donc une bonne excuse pour m’arrêter boire un café et relever mes mails. Ça tombe bien, un ancien camarade d’université m’écrit justement pour me dire qu’il est à New York jusqu’à demain. Je vais donc le retrouver au Waldorf-Astoria (il n’a pas gagné au loto, il est descendu à cet hôtel pour le travail), puis nous nous dirigeons vers Times Square, pour boire quelques bières au Planet Hollywood, en bon touristes que nous sommes.