Covid, tests, isolement… Voyager par tant de pandémie n’est pas sans contrainte. Au point de devoir rester quelques jours dans une capitale mal aimée, Santiago. Finirai-je par l’apprécier ?
Enfin ! Après 18 mois bloqué en Europe – depuis mon retour du Japon le 17 mars 2020, jour du confinement – je retrouve le plaisir d’un vol long courrier. Direction le Chili, pour un voyage de sept semaines qui m’emmènera du désert d’Atacama à la péninsule Antarctique, des chutes d’Iguaçu aux avenues de Montevideo. Si tout se passe comme prévu, puisqu’il reste difficile en cette fin 2021 de planifier un long voyage. On pensait que tout allait mieux, et voilà qu’un nouveau variant entraîne de nouvelles fermetures de frontières…
Les frontières du Chili, elles, se sont entrouvertes début novembre, avec des conditions drastiques. Double vaccination obligatoire, test PCR avant le départ, test PCR à l’arrivée et isolement obligatoire le temps que les résultats arrivent. J’ai échappé de peu à la quarantaine à l’atterrissage, mais face au risque de devoir rester enfermé quelques jours, j’ai commencé par caler trois jours à Santiago dans un bel hôtel.
Par chance, le résultat de mon test est arrivé quelques heures seulement après mon arrivée : j’ai donc été libéré bien plus tôt que prévu et me suis retrouvé avec plus de temps qu’escompté à Santiago. Or, les avis sont quasiment unanimes sur cette capitale : elle n’a que très peu d’intérêt. Les différents itinéraires de voyage lui accordent généralement une journée, deux pour les plus généreux.
█ Santiago, une ville à apprivoiser
Et j’avoue que lors de ma première sortie, j’ai compris pourquoi. « C’est d’une telle laideur qu’on se croirait à Athènes », me suis-je dit en descendant au centre-ville, où sont regroupés la plupart des monuments dignes d’intérêt. Il faut dire qu’on était lundi – tout est fermé, des parcs aux musées – et que la ville venait d’être secouée par des émeutes, contre le candidat d’extrême droite à la présidentielle, contre la privatisation de terres appartenant aux indigènes, contre les violences faites aux femmes… Forcément, marcher dans une semi-ville fantôme barricadée et recouvertes de tags, ça ne fait pas rêver.
Les deux autres jours passés à déambuler dans Santiago m’ont permis de réviser un peu mon jugement. Voici ce que j’en retiens :
– le quartier du centre-ville (de Bellas Artes au Palais de la Moneda). Même lors d’une journée normale, ce n’est pas Byzance, mais quitte à avoir fait 12.000 kilomètres, autant prendre deux heures pour jeter un œil à la Plaza de Armas, entourée de la cathédrale, du musée d’histoire nationale et du beau bâtiment de la poste centrale, de pousser jusqu’au Palais de la Moneda (le palais présidentiel), avec un coup d’oeil à la tour TV et à la colline Santa Lucia, où la ville fut fondée.
– le quartier Bellavista, lui, est beaucoup plus sympa. Ses rues recouvertes de street-art sont flanquées de dizaines de restaurants et bars branchés, et sont the place to be en soirée. L’université San Sebastian est toute proche, ceci expliquant peut-être cela.
– au-dessus du Mall Costanera Center se dresse la Gran Torre de Santiago, qui comme son nom l’indique est la plus haute tour de la ville. Et même de l’hémisphère sud, si l’on en croit Wikipedia. Elle dispose d’un observatoire situé à 300 mètres de hauteur, offrant une vue spectaculaire sur la ville et sur la cordillère des Andes, à condition que le smog qui engloutit souvent Santiago ne soit pas trop important (la visibilité est meilleure le weekend, parait-il). A faire si vous aimez les observatoires.
– les musées de Santiago sont assez nombreux, et certains gratuits. Le Musée national, situé sur la Plaza de Armas, raconte succinctement la colonisation du Chili et son développement de l’ère industrielle jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Pinochet. Le règne du dictature est lui abordé dans le Musée des Droits de l’Homme et de la Mémoire, dont j’ai lu le plus grand bien, mais que je n’ai pas pu aller visiter (il était fermé les jours où j’étais à Santiago). Le Musée d’art précolombien est aussi très réputé, et les salles que j’ai pu visiter montraient de très belles pièces, mais une grande partie était fermée pour cause de Covid, dommage. La visite du Musée des Beaux-arts est, à l’inverse, dispensable : heureusement qu’elle est gratuite car les amateurs n’auront pas grand chose à se mettre sous la dent.
– le Cerro San Cristobal, une colline s’élevant à 500 mètres d’altitude au cœur de la ville. Elle est entourée d’un gigantesque parc, qui fait deux fois la superficie de Central Park à New York (certes, si vous n’êtes jamais allé à New York, ça vous avance pas beaucoup, mais c’est pour dire que c’est très grand) et est coiffée d’une statue de la Vierge Marie, construite en 1908. Il est possible d’y aller en téléphérique, mais il était en travaux lors de mon passage. Les plus dangereux peuvent y monter à pied ; sinon, il reste l’option bus.
█ Valparaíso, l’une des perles du Pacifique
Santiago, vous l’aurez compris, n’a pas su me conquérir. Qu’en est-il de Valparaíso, située à une centaine de kilomètres, sur la côte Pacifique ?
Elle est souvent privilégiée par les voyageurs par rapport à la capitale (j’avais moi aussi prévu d’y séjourner plutôt qu’à Santiago, s’il n’y avait eu cette histoire d’isolement). Elle est accessible très facilement en bus, en une heure trente environ. Très étendue (c’est la troisième ville du pays), elle est surtout célèbre pour deux quartiers : Barrio Alegre et Barrio Conception.
Classés au patrimoine mondial de l’Unesco, il s’agit du cœur de la ville, un ensemble de bâtiments coloniaux sublimés par les artistes de rue. Chaque façade, chaque bout de mur est devenu une œuvre d’art, transformant ces quartiers en véritable musée à ciel ouvert. C’est, cette fois, une visite immanquable au Chili. La ville a visiblement d’autres richesses à faire découvrir au voyageur, mais malheureusement je n’ai pas pu les découvrir, par manque de temps mais aussi du fait de la pandémie : beaucoup de lieux sont fermés et aucune visite guidée n’est organisée. C’est dommage car c’est là une ville que j’aurais beaucoup aimé découvrir plus longuement.
Ce qui n’est pas forcément le cas de Viña del Mar, qui la jouxte : les deux sont souvent visitées ensemble, mais Viña del Mar ressemble plus à une station balnéaire plutôt banale.
Après ces quelques jours en ville, je prends la direction du nord du pays, vers un lieu qui me tarde de découvrir : le désert d’Atacama. Et si mes premiers pas au Chili ont été mitigés, je m’apprête là à en prendre plein les yeux, à un point que je ne soupçonnais pas.