La viticulture est une tradition très ancienne en Moldavie. Le pays bénéficie en effet d’un sol fertile et d’un climat continental influencé par la mer Noire. Situé à la même latitude que la Bourgogne, il représente 1,9 % de la superficie du vignoble mondial total.
Vendredi 20 février
La visite se fait à bord d’un petit train électrique qui parcourt quelques unes des 70 rues de cette ville souterraine. Les rues ont toutes des noms de vin, d’ailleurs, et la France y est très bien représentée. L’organisation et la taille des galeries sont impressionnantes… Trop pour être honnêtes. Même si on nous assure le contraire, il est difficile de ne pas penser que la mine ait abrité, dans ses parties les plus profondes (100 mètres sous terre), des véhicules de l’armée rouge. N’oublions pas que nous sommes ici à quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec la Roumanie, qui ne faisait pas partie de l’URSS. La façon dont les galeries ont été taillées, les bureaux présents à intervalle régulièrement, ne ressemblent absolument pas à une simple mine. Mais ceci n’est que pure spéculation.
Il y a aussi des bouteilles centenaires, des exemplaires uniques de cépages disparus… Mais essuyez ce filet de bave : cette collection a une valeur purement historique. Les vins aussi finissent par mourir. La durée de vie d’un bon blanc est de 25 ans. 50 ans maximum pour un vin rouge. Au-delà, ça devient du vinaigre.
Beaucoup des grands de se monde ont leur « cave » ici, soit parce qu’ils la louent, soit parce qu’ils se sont vu l’offrir en cadeau. Poutine, Merkel, Van Rompuy, John McCain et John Kerry… C’est le club Bilderberg de la vinasse.
Encadré à l’entrée, un message de Youri Gagarine, l’un des premiers visiteurs du lieu (selon la petite histoire, il se serait perdu dans les galeries). Il y écrit qu’il espère que chaque bouteille produite ici remportera un prix, et que s’il n’y a pas suffisamment d’or et d’argent sur Terre pour fabriquer les médailles, il ira en chercher sur la Lune et sur Mars. C’est mignon.
La plupart d’entre nous sont content de quitter la Moldavie et surtout Chisinau, ville « moche et sans intérêt ». Personnellement, je regrette que ce séjour ait été si court. J’avoue, ça tient énormément à la jolie rencontre que j’y ai faite, mais au-delà de ça, j’ai trouvé ce pays très intéressant au niveau politique et sociologique : le « cas » de la Transnistrie et les relations entre Moldaves des deux camps, les liens entre les Moldaves et leurs voisins (Russes, Ukrainiens, Roumains), la difficulté de vivre dans un pays où la monnaie peut perdre 20% en quelques heures, leur vision de l’Europe…
Certes, ce n’est pas le pays le plus fun qui soit, ni celui le plus facile à visiter. Mais en y venant, je ne m’attendais pas à arriver au Club Med ou au Japon.
À 18h30, nous arrivons à la frontière. Contrôle extensif des passeports, fouille des bagages (pas trop en profondeur ; on n’est autorisés à n’avoir que deux bouteilles d’alcool fort, je passe sans problème avec quatre. Ils veulent surtout éviter le trafic de cigarettes).
Cette frontière marque la fin de l’ex-bloc soviétique… Le train doit donc changer ses roues, puisque l’écartement des voies n’est pas le même à l’est qu’à l’ouest.
Le processus est plutôt simple (je ne comprends pas pourquoi on ne nous demande pas de simplement changer de trains, mais bon…) : des vérins soulèvent chaque wagon, l’essieu 1 est retiré par l’avant du train et remplacé par l’essieu 2, qui glisse sous les wagons par l’arrière.
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