Samedi 25 avril
Rome et moi, ça a longtemps été un rendez-vous manqué. Déjà en 2010, je me disais « il faut que j’y aille ». Puis je suis allé en Grèce. Puis à droite, à gauche. En me disant que « l’Italie, c’est à côté, je trouverai bien le temps d’y aller ».
M’y voilà, donc, enfin. L’amateur de vieilles pierres et d’histoire que je suis ne peut que se réjouir de ce séjour, qui me mènera de Rome à Pompeï. Je suis arrivé hier soir, dans un superbe b&b, Su al Celio, situé à deux pas du Colisée. Après un excellent petit déjeuner, me voilà prêt à remonter le temps.
Forcément, je commence par le Colisée qui, tenez-vous bien, ne s’appelle pas « Colisée » mais « Amphithéâtre Flavien ». J’ai un peu honte de ne l’avoir appris qu’aujourd’hui.
L’amphithéâtre flavien, donc, est le monument le plus emblématique de la Rome antique. Construit à partir de l’an 70, il a accueilli des jeux pendant près de cinq siècles, tout en connaissant des fortunes diverses (incendies, rénovations, etc.).
De forme ovale (180 mètres sur 155 environ, pour 50m de hauteur), il pouvait accueillir de 50.000 à 75.000 personnes selon les sources. Maintenant, il en accueille 3.000 à la fois, pour la visite. Mais la mairie de Rome est maligne et permet de réserver en ligne ses billets (même les gratuits) du coup je ne fais pas la queue.
1500 ans après la chute de Rome, le monument à bien souffert (ce n’est pas les arènes de Nîmes), mais impressionne toujours par sa taille. Ce fut en effet le plus grand amphithéâtre du monde romain et l’une des plus grandes constructions de l’époque.
Et malgré les destructions, il est assez aisé de s’imaginer les lieux tels qu’ils étaient à l’époque.
En sortant du Colisée, je me faufile entre les vendeurs à la sauvette de selfie sticks et de sacs à main de contrefaçon pour me rendre sur le mont Palatin.
Situé juste à côté du Colisée, le Mont Palatin a été prisé par les notables de Rome, qui dès l’époque de la République y ont construit leurs demeures. Après le grand incendie de Rome sous Néron (d’ailleurs, aviez-vous remarqué que le fameux logiciel de gravure « Nero Burning Rom » (Néron brûlant Rome) fait référence à cet événement ?), la colline a été entièrement recouverte des demeures des empereurs qui se sont succédés. Les bâtiments étaient si somptueux que le nom du lieu, « Palatium », a donné… « palais », dans plusieurs langues.
Aujourd’hui, il ne reste que ruines. Et cette fois, même avec une imagination fertile, difficile d’y voir autre chose que des cailloux…
Ceci dit, le lieu permet d’avoir une superbe vue sur le Colisée d’un côté et le Forum de l’autre.
Il s’agit du cœur de la cité antique et, là encore, d’un haut lieu de l’antiquité. Colonnes, routes pavées, fondations de temples et fontaines sont les témoins de plusieurs siècles d’histoire, politique et religion. Mieux « organisé » que le Mont Palatin, il est plus facile à visiter, bien que les monuments encore debout soient rares. Ceux qui le sont doivent souvent leur salut à leur transformation en église, comme le temple de Romulus.
Rome est une ville tellement riche qu’il n’y a pas trop de questions à se poser : on va de monument en monument sans regarder la carte. En sortant du Forum, je monte simplement quelques marches pour arriver à la place du Capitole, dessinée par Michel-Ange.
De là, je me dirige vers un immense bâtiment blanc qui m’intrigue depuis ce matin. Il s’agit en fait du monument à Victor-Emmanuel II, premier roi d’Italie qui a oeuvré à l’unification du pays. Le monument est aujourd’hui « l’autel à la nation ». Y est notamment inhumé le soldat inconnu.
Le monument, majestueux, a été réalisé entre 1885 et 1911 pour célébrer les 50 ans de l’Unité Italienne. La structure mesure 135 mètres de large et 70 mètres de haut. Elle renferme un musée sur l’unification du pays, une cafétéria et un ascenseur qui mène au toit pour sept euros. Un peu trop cher à mon goût, je ne le fait pas.
À quelques pas du bâtiment se trouve la colonne de Trajan, moins tape à l’œil mais d’un intérêt archéologique exceptionnel. Elle est finement sculptée sur toute sa hauteur. Les bas-reliefs représentent le campagnes militaires de l’empereur, qui l’a fait ériger vers l’an 113.
Ces gros morceaux visités, je lève un peu le pied et vais vagabonder vers le Panthéon, puis la fontaine de Trévi – la déception face aux échafaudages est faible, puisque j’étais déjà au courant qu’elle est en travaux. Une excuse pour revenir dans quelques années.
J’entame ensuite un marathon religieux, qui me mènera du Panthéon jusqu’à ma chambre, en faisant une boucle dans la zone du Colisée.
Je me dirige d’abord vers la basilique sainte Sophie Mineure, l’une des plus importantes de Rome. Ensuite, la cathédrale Saint-Jean-de-Latran, dont l’évêque n’est autre que le pape. Il s’agit de la première église de Rome, elle revêt donc une grande importance pour les chrétiens. Elle est grande (la deuxième plus grande de Rome, après Saint-Pierre), elle est belle, mais pas particulièrement extraordinaire, bizarrement. Peut-être suis-je blasé des édifices religieux, une indigestion après mon séjour à Florence ?
Juste à côté de la cathédrale, un sanctuaire abrite la Scala Santa, c’est-à-dire le « Saint Escalier », celui du prétoire de Jérusalem gravi par Jésus lors de son jugement par Ponce Pilate qui décida de sa crucifixion. Il aurait été ramené de Jérusalem à Rome en 326 par Hélène, mère du premier empereur chrétien, Constantin.
D’une hauteur de 28 marches, il ne doit être gravi qu’à genoux.
Je remonte jusqu’à l’Eglise des Quatre Saints Couronnés, réputée pour ses fresques, mais un mariage est célébré à l’intérieur, je passe donc seulement ma tête.
Plus haut, la basilique Saint-Clément (XIIe siècle), vaut un arrêt pour ses superbes fresques dorées et une cour agréable.
Pfiou. Ce fut une longue journée, n’est-ce pas ? Je rentre donc me reposer dans ma chambre, avant d’aller dîner dans les parages, dans le restaurant Naumachia (qui m’a été chaudement recommandé par une amie).
En guise de promenade digestive, je vais admirer le Colisée de nuit, ainsi que le forum de Trajan, joliment éclairé. Je pousse jusqu’au monument à Victor-Emmanuel II, avant de rentrer.
Une réflexion me vient : plutôt que de dépenser des millions pour reproduire nos monuments à l’échelle 1:1, les Chinois ne feraient-ils pas mieux de reconstruire des monuments disparus ou en ruine ? Visiter le Colisée, le Parthenon ou le temple de Karnak comme ils étaient « à l’époque », ça en jetterait, non ? Une sorte d' »Antiquity Park ».