Jeudi 19 février
Comme je l’expliquais dans le billet précédent, nous n’avons pas été enregistrés à notre arrivée en Transnistrie. Et ça continue : puisque nous sommes entrés à Chișinău par le train, nous n’avons vu aucun douanier, et sommes donc toujours clandestins. N’étant plus en URSS, nous décidons de ne pas faire les idiots et d’aller nous enregistrer au ministère de l’Intérieur.
Tout le service étant « parti déjeuner », on nous invite à déposer nos passeports et à venir les récupérer vers 17h. Laisser nos papiers d’identité à ces fonctionnaires ? Bah, même pas peur. Si les murs sont tapissés d’affichettes proclamant que « la corruption, c’est mal, et y’a pas de ça chez nous », c’est que l’on ne risque rien, n’est-ce pas ?
La journée est ensuite consacrée à la visite de la ville (d’ailleurs, si vous cherchez un guide là-bas, voici la page Facebook de Radu, un jeune homme très sympa). Avec plus de 500.000 habitants, Chișinău est la plus importante ville du pays. Elle est aussi le lieu le plus développé de Moldavie : si le niveau de vie reste extrêmement bas, il est tout de même supérieur à celui des campagnes.
Partant, Chișinău est très différente de Tiraspol. Là où cette dernière est grise, austère et endormie, Chișinău est plus moderne et vivante… du moins dans l’hypercentre.
Notre premier arrêt est un marché aux puces bourré d’objets, médailles, pin’s, statues de l’époque soviétique. Après tant de jours à -15°, je m’achète enfin une chapka d’époque (mais je ne la porte pas, par peur d’offenser les passants qui ne tiennent pas forcément l’URSS dans leur coeur).
La plupart des bâtiments dignes d’intérêt se trouvent le long de l’avenue principale. On y trouve notamment l’Arc de Triomphe, situé face à l’Assemblée nationale.
Il fut construit en 1841 pour commémorer la victoire de l’Empire russe sur l’Empire ottoman lors de la guerre russo-turque de 1828-1829.
À 13h, je laisse le groupe pour aller déjeuner avec une jeune femme de Tiraspol, avec qui j’ai eu quelques contacts. Nous avons rendez-vous dans un restaurant appelé Propaganda, prisé par l’élite soviétique et qui a gardé son cachet de l’époque. Très chic.
Deux heures plus tard, conquis, je raccompagne mon invitée à son travail, avant de m’en aller le sourire aux lèvres jeter un oeil au palais du gouvernement et à la présidence.
On peut aussi y voir le Monument de la Libération, qui commémore la libération de la ville par les troupes soviétiques en 1944, et une statue équestre de Grigori Ivanovitch Kotovski, un chef militaire russe qui permis la fondation de la République socialiste soviétique autonome moldave en Transnistrie, au sein de la République socialiste soviétique d’Ukraine.
Enfin, devant la gare se trouvent deux monuments inaugurés en 2010, sur l’ancien emplacement d’une statue de Lénine : le Monument aux victimes de la répression stalinienne et le Monument aux victimes des déportations staliniennes. Cette initiative du président moldave par intérim Mihai Ghimpu n’avait pas vraiment plu à la Russie.
J’ai la chance de dîner à nouveau avec la demoiselle de ce midi. En repensant à notre déjeuner, dans l’après-midi, j’ai réalisé qu’en fait, elle correspond exactement à l’idée que je me faisais de la femme parfaite. Elle est d’une beauté hypnotisante (son portrait se cache quelque part sur ce site) et sa conversation est délicieuse – elle aime la littérature classique russe (Tolstoï en particulier) et française (j’ai eu honte d’avouer que je n’avais jamais lu Dumas), ainsi que des oeuvres plus récentes et plus geek.
Autour d’une bouteille de champagne moldave, nous parlons beaucoup de nous, de nos pays respectifs et de notre volonté de parcourir le monde. La bouteille terminée, je la raccompagne chez elle avant de retourner à mon hôtel. Légèrement déçu par cette fin de soirée un peu rapide.