Mardi 24 février
(Rappel : après avoir quitté la Moldavie pour Bucarest [lire ici], j’ai décidé de faire un aller-retour express à Chișinău pour revoir une fille que j’y avais rencontré [lire là])
Il est environ 9 heures lorsque je débarque à Chisinau, après treize heures de train. Il pleut. Les rues sont inondées, les trottoirs boueux et parsemés de flaques trous d’eau.
Je m’enregistre à l’hôtel Chisinau, ancienne institution soviétique au charme désuet. Contrairement à l’horrible taudis de Tiraspol, l’hôtel Chisinau a modernisé ses installations (les salles de bain notamment) pour les adapter au confort moderne, mais sans changer la décoration.
Je préviens Katerina de mon arrivée et nous décidons de nous retrouver à 13h.
En attendant, je me rends au parc de la Victoire, où brûle une flamme éternelle en l’honneur des soldats tombés pour la Moldavie. Le lieu est désert et dégage une atmosphère de sérénité, même si la saison n’est évidemment pas idéale pour en profiter.
Je remonte ensuite vers le cœur de la ville et m’arrête dans un minuscule musée situé dans un ancien château d’eau. Tout est écrit en cyrillique, mais je crois comprendre qu’il s’agit du musée d’histoire de la ville. Son intérêt (et la seule raison pour laquelle j’y suis rentré) réside dans sa terrasse, qui offre un panorama sur la ville.
Je retrouve avec joie Katerina, toujours aussi belle, toujours aussi intéressante. Nous parlons pendant deux heures, de la Moldavie, de la guerre civile, de l’Europe, de nourriture (parce qu’on est dans un restaurant, quand même). Quand la radio passe Papaoutai, elle me demande de lui traduire les paroles. Réaction : « Mais c’est super triste ! Pourtant, tout le monde danse dessus. »
Après le déjeuner, je prends (enfin) le temps d’aller visiter la cathédrale. Elle fut longtemps le plus grand monument de la ville et est aujourd’hui une des églises les plus fréquentées de la capitale moldave.
Katerina a fait la moue quand je l’ai mentionné, mais je décide tout de même d’aller voir le Musée d’histoire de la Moldavie (après tout, je n’ai pas grand chose d’autre à faire).
Le musée est de taille modeste, mais heureusement à tout petit prix (20 lei moldaves pour les expos permanente et temporaire). La collection démarre à la préhistoire et s’étale jusqu’à l’indépendance du pays, en 1991, mais aucune pièce n’attire mon attention. Il faut dire que je ne suis pas très familier de l’histoire du pays et que les explications sont très succinctes. Les salles sont dédiées à la Grande Roumanie ou la Bessarabie, à l’occupation ottomane et à la période soviétique, mais il est difficile pour un non-initié comme moi de faire le lien entre les différentes périodes et rapports de force.
Autre chose que je n’ai pas vraiment compris : le thème de l’expo temporaire. J’ai eu la sensation que c’était exactement la même chose que la permanente (la Moldavie des mammouths jusqu’aux soviets), mais simplement avec des pièces différentes.
Je sors ensuite me promener en ville, avant de redescendre à l’hôtel pour me reposer un peu. Sur la route, je me suis arrêté dans quelques magasins : le niveau de vie étant très bas, me suis-je dit, je devrais avoir moyen d’acheter un téléphone pour une bouchée de pain. Eh bien non, les prix sont les mêmes que chez nous (ce qui semble logique, pour éviter les trafics, mais quand même. Il y a bien 20% de différence entre les USA et l’Europe). Un iPhone coûte donc… six mois du salaire moyen.
À la fin de sa journée de travail, nous nous retrouvons à La Taifas, un restaurant traditionnel. Musique, décor, nourriture : tout est typique. Ne manque que les Moldaves, sans doute découragés par les prix, assez élevés.
On échange sur tout et rien, passant du rire à des sujets d’une profonde tristesse (liés notamment au niveau de vie ici), jusqu’à ce qu’un serveur viennent nous dire qu’il est temps de partir, car le restaurant va fermer. Déjà ? 🙁
Après le repas, nous marchons un peu en ville, malgré l’heure tardive et la pluie. Puis je la raccompagne chez elle. Elle me dépose un baiser sur la joue, et nous nous séparons. M’attendais-je à autre chose ? Sincèrement, non. La reverrai-je ? J’aimerais beaucoup, bien sûr. Regretté-je ce coup de folie d’une journée, pour un chaste baiser ? Absolument pas !