Mercredi 8 mai
A 8h, un chauffeur de la compagnie Aswan Individual (leur site est plein de bons conseils) vient me chercher. J’ai privatisé un de leurs taxis pour descendre jusqu’à Assouan, pour 600LE. J’avais réservé avant de partir, par précaution, mais en fait tout le monde propose ça à Louxor, pour moins cher. En fait, il n’y a absolument rien besoin de réserver avant de partir : tout se fait relativement facilement sur place. Après, l’avantage de cette société, c’est qu’ils sont très sérieux. Les chauffeurs ne s’arrêtent pas devant des magasins, ne demandent pas de bakchich, ont des voitures récentes… A vous de voir. A noter : comme à chaque fois en Egypte (taxi, felouques, etc.) le prix s’entend pour une voiture entière. Si mes amis (qui se reconnaitrons) m’avaient accompagné plutôt que d’aller en Jamaïque ou au bureau, on aurait chacun payé un cinquième de ce prix.
Le premier arrêt, Edfou, se trouve à 110 km au sud de Louxor. Le trajet est l’occasion d’observer la vie égyptienne en dehors des grandes villes, essentiellement portée sur l’agriculture. C’est un des trois secteurs économiques les plus importants du pays, avec le tourisme et l’armée. Ce qui explique que le revenu moyen ici soit de 70€ par mois. « Dire qu’au sortir de la seconde guerre mondiale, nous étions plus développé que le Japon ou la Corée », m’a glissé un Égyptien…
Le temple d’Edfou (50LE l’entrée) est plutôt récent, puisqu’il a été construit à la gloire du dieu faucon Horus en 237 avant JC. Enfoui sous le sable, il a été dégagé par le français Mariette dans un état de conservation exceptionnel. Seules les peintures ont presque disparu.
Contrairement aux temples que j’ai visité jusque-là, celui-ci permet vraiment de comprendre son agencement et l’utilité de chacune des pièces, grâce à son état de préservation.
Pour être honnête, le temple est dans un tel état qu’il est difficile de se rendre compte de cette spécificité. Surplombant le Nil et situé en dehors de la ville, il jouit d’une position exceptionnelle, mais a mal traversé les âges.
A la sortie du temple, un tout petit musée est consacré aux crocodiles.
Il ne nous reste plus qu’à parcourir les 40 kilomètres restant jusqu’à Assouan, dernière grande ville au sud du pays, avant la Nubie et l’Afrique noire.
J’y croise un taïwanais qui était la veille au Boomerang, ainsi que Jerry, l’Irlandais avec qui j’étais allé faire de la felouque. Nous décidons d’aller faire un tour sur l’île Éléphantine, face à Assouan. On y trouve un village nubien ainsi qu’un site archéologique sur lequel nous entrons. Belle vue sur le Nil et la ville. On passe un parc et arrivons… à l’entrée du site/musée, où on nous demande de payer le ticket pour ce que nous venons de voir. Hors de question, ils avaient qu’à mieux l’indiquer. C’est bien la seule fois qu’on aura un truc gratuit en Égypte !
Après avoir fait le plein de bières, on se pose sur la terrasse de l’hôtel avec Sally, une journaliste sud-africaine, pour discuter toute la soirée, de la politique de nos pays, de nos voyages et de l’Egypte. Et le constat est amer. Sally fait des exercices de yoga pour mieux supporter les agressions perpétuelles. Jerry -qui a passé sa vie à voyager – considère que c’est le pire voyage qu’il ait fait. Quant à moi, j’adore certains aspects du séjour, mais c’est la première fois qu’après une semaine, j’ai hâte de rentrer à Paris.
Il est tout simplement impossible, dans la rue ou sur les sites archéologiques (sauf quand on est seul, comme ça m’est arrivé quelques fois) d’être tranquille cinq minutes. Il est impossible de faire le moindre achat sans que le vendeur essaye de nous entuber. Il est impossible de demander le moindre conseil, la moindre direction à quelqu’un sans qu’il demande de l’argent en échange. Comme le disaient les Lithuaniennes il y a deux jours : « Il y a très certainement une grande majorité d’Egyptiens honnêtes, c’est juste qu’on ne les a pas encore vus. » Après une semaine, ça commence à faire long, non ?