Plus, parce que je suis arrivé à Istanbul le jeudi soir et que je suis reparti le lundi après-midi.
Moins, parce qu’ayant été malade (j’ai googlé les symptômes, le premier résultat parlait de cancer), je n’ai pas été aussi efficace que je l’aurais espéré.
Dates : du jeudi 7 au lundi 11 novembre 2013
Confort : voyage avec une compagnie low-cost et auberge de jeunesse
Budget : 394 euros (dont 170 euros d’avion)
Déroulement : Une journée pour la vieille vieille, une autre pour la ville moderne et une croisière sur le Bosphore
Pourquoi Istanbul ? Cela fait plusieurs années que je voulais visiter cette ville. Parce que mon séjour sur la côte de la mer Egée, en 2011, m’a laissé un excellent souvenir. Parce que j’ai été amoureux d’une Gözde. Mais surtout parce que Byzance, Constantinople et Istanbul ont depuis des millénaires fait rêver les savants, croisés, voyageurs ou aventuriers.
Puisque le 11 novembre tombait cette année un jeudi, je me suis dit que c’était une bonne occasion de m’y faire un long-week. Le prix de l’aller-retour, avec Pegasus Airlines, a achevé de me convaincre.
Jeudi 7 novembre
Après trois heures de vol, j’atterris à l’aéroport Sabiha Gokcem. Contrairement à l’aéroport Atatürk, il n’est pas relié à la ville par le métro, mais une navette part toutes les 30 minutes jusqu’à Taksim (pour 13TL). De là, je prends un taxi pour Saltunahmet (13TL aussi), où se trouve mon hôtel.
Je dors au Istiklal Hostel, que j’ai choisis pour son prix (50 euros les 4 nuits en dortoir) et ses commentaires unanimes sur Hostelworld. Parmi les points forts que j’ai relevé : le staff super sympa et aidant, localisation parfaite, à 50 mètres de la station de tram Sultanahmet, grande propreté (dortoirs nettoyés tous les jours), Wifi nickel… Seul point négatif : le petit déjeuner est très léger. Mais pour le prix, on va pas se plaindre.
« Qui êtes-vous ? » « Morgan, j’ai réservé. » « Mais vous n’êtes pas une femme. » « Non, désolé. » Le réceptionniste m’avait prévu une chambre dans un dortoir féminin, et ne sait donc pas quoi faire de moi.
Heureusement, l’établissement possède un deuxième hôtel non loin, avec des chambres doubles, dont une est disponible. Je gagne au change ! Surtout que la jeune fille qui m’accueille est si mignonne et sympathique que quelques minutes plus tard, je me demande déjà si je vais rentrer lundi…
Vendredi 8 novembre : Le vieil Istanbul
A cheval sur deux continents et sur deux millénaires, Istanbul regorge de richesses culturelles et architecturales. La visiter en trois jours est une gageure, je vais donc me contenter pour cette fois de ses monuments les plus emblématiques. Et ça tombe bien, mon hôtel est placé au bon endroit, lui qui offre une vue sur la mosquée bleue.
Quoi de plus emblématique ici que l’Haghia Sophia (littéralement Sainte Sagesse, abusivement traduite Sainte Sophie) ?
Elle a été inaugurée en 537 par l’empereur Justinien, qui voulait en faire le plus grand monument de la chrétienté. Pari réussi, puisque les dimensions de la basilique resteront inégalées jusqu’à la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome, 1000 ans plus tard.
Le monument a sacrifié sa grâce à sa taille : pour soutenir la coupole haute de 56 mètres et la protéger des tremblements de terre, il a fallu dresser de gros contreforts tout autour des bâtiments.
A l’inverse, l’intérieur dévoile un volume impressionnant. On est sans doute loin de la richesse du lieu à l’époque – les coûts engendrés mirent à mal l’économie de l’empire, car rien n’était trop beau pour le monument – mais rien qu’architecturelement, c’est une réussite. Les mosaïques, la chaire, les peintures ont pour la plupart disparues lors des divers sacs et quand la basilique a été transformée en mosquée. Atatürk, quant à lui, en a fait un musée.
En sortant, je vais voir la citerne-basilique, à deux pas. C’est un immense réservoir d’eau qui se situait sous une basilique, d’où son nom. C’est une visite étonnante : une forêt de piliers semble flotter dans une lumière rougeoyante.
Les fans de James Bond reconnaîtront le lieu, visité par l’espion dans Bons baisers de Russie.
Ensuite, un gros morceau : le palais de Topkapı, qui a été jusqu’en 1853 la principale résidence du sultan de l’empire ottoman. Il s’étend sur 70 hectares et a regroupé jusqu’à 4000 personnes.
L’aile la plus intéressante est celle du harem, construite au XVIe siècle, dont on ne visite qu’une petite partie des 300 pièces. Cela permet d’avoir une petite idée de la vie dans cette institution, qui n’avait pas particulièrement l’air d’être un lieu de débauche, mais plus un lieu d’intrigues…
Le trésor du palais est aussi très prisé des visiteurs, mais les gros cailloux, même en diamant, et les lampes/trônes/épées/Coran/services à thé en or incrustés de pierres précieuses me laissent de marbre. En plus, on peut pas les prendre en photo.
Au sud de Sainte-Sophie, la mosquée bleue s’élève face à un hippodrome antique, dont il ne reste rien à part deux obélisques. Le premier vient du temple de Louxor, le second a été construit sur place.
Construite entre 1609 et 1616 en juste en face de Sainte-Sophie, la mosquée bleue se voulait être un pendant de cette dernière, voire la surpasser. Chose qu’elle ne réussit pas : son dôme s’élève « seulement » à 43 mètres.. Elle a la particularité de compter six minarets : à l’époque, seule la mosquée de la Mecque en avant autant. Pour ménager la susceptibilité des imams du coin et ne pas leur faire croire qu’ils avaient perdu le concours de qui-a-la-plus-grosse (mosquée), il a fallu construire un septième minaret à La Mecque.
C’est en entrant à l’intérieur de l’édifice qu’on comprend son nom : la voûte est décorée de 21.000 carreaux de céramique.
Après m’être perdu dans les ruelles du vieil Istanbul, je me retrouve au Grand Bazar, un souk bien plus organisé que ce à quoi je m’attendais. Mais ne vous attendez pas à dénicher ici des produits traditionnels : vous avez plus de chance de trouver des contrefaçons de grandes marques ou des babioles made in China.
En tout cas, quel plaisir de pouvoir flâner entre les échoppes sans se faire agresser par les rabatteurs, comme en Égypte !
D’ailleurs, c’est marrant : en Égypte, tout le monde me prenait pour un Turc, ou à la rigueur un Italien. Ici, aucun rabatteur ne m’a abordé en trois jours. Par contre, plusieurs personnes sont venues me demander en turc leur chemin, ou ont commencé à discuter avec moi dans le métro. Mon arbre généalogique ne doit donc pas être 100% breton, comme il le paraît. En tout cas, si un jour je dois disparaître, je sais dans quel pays je pourrai me planquer.
Après le Grand bazar, j’arrive (je ne sais trop comment, en allant au hasard dans les rues) au Bazar égyptien, spécialisé dans les épices. Il n’a jamais accueilli d’Egyptiens, mais a été financé par un impôt prélevé sur eux, d’où son nom.
Dernière visite de cette longue journée : la Mosquée neuve, qui comme le Pont neuf n’a rien de récente. Elle date de 1665 (alors que sa construction avait commencée en 1597 !) et surplombe le pont de Galata, qui enjambe la Corne d’Or.
De retour à l’hôtel, je vais dîner dans un restaurant de Sultanahmet. Très touristique, le quartier en compte un grand nombre, chers et tous avec le même menu. Mais j’ai la flemme d’aller ailleurs, surtout que je n’ai aucun appétit (je suis patraque et n’ai rien mangé depuis la veille).
Samedi 9 novembre : L’Istanbul moderne
Changement total d’atmosphère : après l’antiquité et le moyen-âge, on passe aujourd’hui aux XIXe et XXe siècles, de l’autre côté de la Corne d’or.
Départ de la place Taksim, le cœur de la ville. On y trouve le centre culturel Atatürk (en rénovation) ainsi que le parc Taksim Gezi. Un projet d’urbanisme doit le faire disparaître : c’est de là que sont parties les manifestations violentes du début d’année, qui se sont soldées par six morts et 4.000 blessés. Si je comprends les aspirations des manifestants face aux coups de boutoir des islamistes contre la laïcité et les principes républicains, le fait que ce parc ait été l’étincelle de la révolte m’étonne beaucoup. En un mot comme en cent : il est moche. Mais la place est, semble-t-il, un symbole de la contestation de la rue depuis des décennies. Il est d’ailleurs interdit d’y manifester.
Je descends la rue Istiklal, les « champs-Elysées » stambouliotes. C’est une enfilade de boutiques, de restaurants, de galeries d’art et d’anciens cercles culturels.
La représentation française se trouve tout en haut de la rue et est recouverte de tags rageurs. Deux réflexions :
– au moment où on va dépenser 2,5 milliards d’euros pour construire une gare à Marseille, n’a-t-on pas les moyens de payer un pot de peinture ? Pour l’image, quoi.
– c’est fou la capacité qu’ont nos dirigeants récents à nous faire détester de tous les pays du monde. Et pourtant, il est difficile de trouver plus francophiles que les Turcs. D’ailleurs, jusqu’au début du XIXe siècle, toute l’administration était bilingue.
Un arrêt au bar Istanbul 360, au centre de la rue, permet d’avoir un beau panorama de la ville. De quoi faire grimper les prix : les prix des cocktails sont dignes d’un bar branché de Paris.
Ensuite, ce sont des bakvalas que je vais manger, dans une pâtisserie semble–t-il réputée.
Je descends ensuite jusqu’à la Tour de Galata, édifice médiéval qui étonne ici, tant ils sont rares. D’une hauteur de 67 mètres, elle date du XIIIe siècle. On y trouve un poste d’observation et un restaurant, mais ne me sentant pas très bien, je n’y monte pas et me dirige vers l’hôtel, via le pont de Galata.
Un premier projet de pont avait été élaboré par Léonard de Vinci, sur demande du sultan de l’époque, mais n’a jamais été réalisé. Le pont actuel, loin d’être une réussite architecturale, date de 1994. Il a la particularité d’être sur deux niveaux, avec de nombreuses boutiques sous la chaussée.
A 17h, ayant mal a peu près partout, entre migraine ophtalmique et estomac lourd, j’arrive à l’hôtel pour « une sieste ». Finalement, je ne me relèverai pas de la journée.
Lundi 11 novembre
C’est déjà la fin ! Mais avant de partir, allons visiter deux sites intéressants, situés à deux pas de la mosquée bleue.
Tout d’abord, la mosquée Sokollu Mehmet, inaugurée en 1572. Elle est célèbre pour son intérieur, décoré de tuiles Iznik (l’ancienne Nicée), et la présence de plusieurs morceaux de la Kaaba, la pierre sacralisée par les musulmans. Mais la mosquée est fermée, donc je ne la verrai pas non plus.
Tout autour se trouve une école coranique. Et dans la cour un petit vieux qui m’a tiré les oreilles comme mon tonton quand j’étais petit. Je sais pas pourquoi, parce qu’il me parlait en turc, mais il souriait, alors j’ai sans doute pas fait de bétise.
Dernière visite, l’église de Saint-Serge-et-Bacchus, appelée la Petite Sainte-Sophie. Construite également par l’empereur Justinien, elle préfigure Sainte-Sophie par l’espace intérieur qui libère la coupole. Transformée en mosquée lors de la conquête ottomane, c’est aujourd’hui un magnifique monument, à l’ambiance appaisante.
Après cela, je n’ai plus qu’à récupérer mon sac, acheter des loukoums et me rendre à l’aéroport. Dans deux mois, on changera d’ambiance, avec un long weekend à Reykjavik. Stay tuned!