Vendredi 3 mai
Un conseil avant de commencer : prenez une bombe d’anti-moustique avec vous. Je me suis réveillé à 5h (il fait jour, d’ailleurs) avec des piqûres partout. J’ai dégommé six moustiques, j’espère que ça sera mieux la nuit prochaine.
Je prends mon petit dèj à l’hôtel avant qu’Akram, qui sera mon chauffeur pour la journée, n’arrive, à 8h. J’avais demandé au gérant de l’hôtel de me trouver quelqu’un pour faire le circuit des pyramides, ce qu’il m’a fait en 45 secondes environ. Le tarif : 250LE. C’est un peu plus cher que ce que préconise de négocier le Routard (180LE), mais y’a des avantages :
1- l’hôtel connaît le chauffeur, c’est un gage de sérieux (et en cas de problème, je saurai sur qui gueuler)
2- j’ai pas à négocier le prix, ni les horaires : il est à moi pour la journée.
De plus, Akram n’est pas qu’un simple chauffeur, c’est un véritable guide, francophone qui plus est. Tout au long de la journée, il m’a raconté l’histoire de l’Egypte, les joies et désillusions de la révolution de 2011, la vie quotidienne des Égyptiens, des conseils pour visiter les sites (passages les plus intéressants, tuyaux pour éviter les « amis » un peu collants…). Bref, un excellent guide que je recommande ([email protected] ou 0100 6683 613).
Nous commençons cette journée par les pyramides de Saqqarah (60LE l’entrée), à une heure de route environ du Caire. Un choix dicté par la chronologie : à Saqqarah se trouve la toute première pyramide, celle de Djéser (2700 avant JC). Elle est à degrés, représentant d’un escalier de 60m de hauteur menant vers l’au-delà. Vous avez sûrement déjà entendu le nom de son architecte : Imhotep.
C’est assez émouvant de se retrouver là, d’autant que le site est quasiment désert. Autour de la pyramide, de nombreuses tombes très bien conservées et un monument funéraire accentuent l’impression de remonter dans le temps.
Au sud, un tas de gravats : il s’agit en fait de la pyramide d’Ounas (2360 av. JC, 44m de hauteur à l’origine), qui était fermée lors de mon passage. Je soupçonne un vieillard qui veillait là d’avoir mis un bout de fil barbelé à l’entrée pour l’enlever contre bakchich – d’ailleurs, j’ai dû payer pour visiter certaines tombes normalement ouvertes, qui là ne l’étaient pas. J’aurais pu, en me forçant, croire à une faveur du garde, si je n’avais pas été prévenu de la combine.
Au nord de Djéser, derrière la pyramide Ouserkaf (qui n’est même pas dans les guides), se dresse celle de Téti. Enfin, dresse, c’est un grand mot : elle est quasiment aplanie, telle une simple colline. Elle est néanmoins intéressante, puisque son intérieur est ciselé de hiéroglyphes, ce qui est rare. Normalement, il n’y a rien à voir dans une pyramide (même pas un labyrinthe !). En face, le tombeau de Kagemni, un haut-dignitaire, présente des fresques sublimes de pêche dans le Nil.
A une dizaine de kilomètres au sud, voilà Dahchour, site perdu en plein milieu du désert, comprenant cinq pyramides (30 LE l’entrée).
Les deux plus intéressantes, construites pour le pharaon Snéfrou (2575-2551 av. JC) sont la pyramide rouge et la pyramide rhomboïdale.
La première est impressionnante : véritablement au milieu du désert, quasiment intacte, elle mesure 99 mètres de hauteur sur 213 de côté ! Il est possible d’y descendre par un boyau minuscule. A l’intérieur, trois chambres vides, mais aussi l’impression de se sentir tout petit. D’autant que j’y suis absolument seul.
A quelques centaines de mètres derrière elle, la pyramide rhomboïdale surprend avec son changement d’inclinaison, décidé semble-t-il après un effondrement de la construction. Elle mesure 97 mètres de hauteur, mais seuls 70 mètres dépassent du sable. Un volontaire pour la déterrer ?
Nous déjeunons dans un superbe restau, sur la route, où Akram a semble-t-il ses accointances avant de nous diriger vers Gizeh (ou Giza, ou Guizeh, comme vous voulez).
Aaah, Gizeh, le plateau des pyramides, qui fait rêver le monde entier. Que dire ? Oui, les monuments sont majestueux. Le Sphinx, en bien meilleur état que ce dont à quoi je m’attendais, et aussi beaucoup plus imposant. Les pyramides, Kheops et Khephren (137 et 136 mètres de hauteur aujourd’hui, 146 et 143 à l’époque, en 2460 av. JC), merveilleuses et splendides, et la petite Mykérinos (66 mètres), tout aussi élégante.
Mais pour les voir de près, faut se battre dès l’entrée avec une véritable mafia qui n’a qu’un seul but, vous sucer le plus d’argent possible. Une technique particulièrement fréquente : le gars qui vous dit « contrôle des billets » à un point de passage, puis se barre avec, vous forçant à le suivre. Après avoir empoigné deux gars qui m’ont fait le coup, j’ai envoyé paître un autre mec qui m’a demandé la même chose. « Pourquoi tu veux mon billet ? T’en a pas besoin. » « Tu me prends pour un menteur ? Je ne suis pas la mafia moi », m’a-t-il répondu outré, avant de sortir une carte illisible prétendument officielle. Allez, prends-moi pour un con en plus !
Cette insistance de ces rabatteurs gâche franchement la visite, et je trouve scandaleux que le site de la seule Merveille du monde encore debout ne reçoivent pas plus d’égards des autorités. Les barrières qui entouraient les pyramides, pour y interdire l’accès aux chevaux et dromadaires, ne retiennent plus personne, et aucun garde (s’il y en a) ne s’offusque de voir des gens escalader les monuments.
Alors ok, le pays est en convalescence depuis la révolution et les touristes ont déserté (ce qui explique, d’après Akram, pourquoi les vendeurs sont si insistants avec ceux qui restent), mais quand on ne peut compter que sur un seul secteur économique pour s’en sortir, autant le chouchouter.
C’était donc le coup de gueule du jour ! Le premier de ce blog, je crois… (Ajout du 13 mai : et pas le dernier que je ferai en Egypte, hélas)
Mais rassurez-vous, j’ai quand même passé une excellente journée, et je vais m’endormir avec des cailloux plein la tête. Et ptete même que je referai un tour aux pyramides à mon retour d’Assouan, mais le matin cette fois, pour profiter d’une meilleure lumière. Le Sphinx ne l’a de face que le matin.