Bienvenue à Trnava, dont les superbes remparts abritent sept églises catholiques, une église protestante et deux anciennes synagogues. C’est la « petite Rome » de la Slovaquie.
Samedi 16 juillet
A moins de 40 minutes de train de Bratislava (et pour la modique somme de 2,55€) se trouve la capitale religieuse de la Slovaquie : Trnava (prononcez « Ternava »). La ville, qui compte aujourd’hui près de 70.000 habitants (c’est la 3e du pays) a été probablement fondée à la fin du IXe siècle. A l’époque, elle était un surtout un grand marché. La première référence écrite de Trnava date en fait de 1211. C’est quelques années plus tard qu’elle devint la première « ville libre royale » slovaque.
L’essor de la ville a eu lieu au XVIe siècle, suite à l’attaque et à l’occupation du territoire d’Esztergom (au nord de Budapest) par les Turcs, qui a forcé l’évêché à se réfugier à Trnava. Pendant 300 ans, elle fut, un peu par obligation, le centre religieux et culturel du royaume de Hongrie.
Les remparts de la ville datent en partie de cette période et visaient à défendre l’évêché des attaques des Turcs (car contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, les Européens n’étaient pas les seuls à attaquer et tenter de coloniser leurs voisins). Ces remparts sont un témoignage exceptionnel de cette période et sont presque intégralement debout. Les 56 hectares de la ville close ont été classés comme monument historique et sont désormais protégé, après de grosses démolitions sous l’ère soviétiques pour construire « des bâtiments socialistes pompeux » (ce n’est pas moi qui le dit, mais l’office de tourisme).
Outre les remparts, le visiteur remarquera en premier la tour de la ville (elle n’a pas de nom), qui surplombe la place principale du haut de ses 57 mètres. Construite en 1574 sur des fondations gothiques, elle offre une vue parfaite de Trnava, en plus de présenter l’histoire de la région (3€). C’est à son rez-de-chaussée que se trouve l’office de tourisme.
Autre point d’intérêt sur la place principale, la colonne de la Sainte-Trinité. Elle a été érigée en 1695 par Johann Christopher Khien et représente le couronnement de la vierge Marie par la trinité. Aux quatre coins, des statues de Saint Florian, Sainte Agathe, Saint François-Xavier et Saint Antoine de Padoue. A l’intérieur du monument se trouve une statue de Sainte Rosalie, sainte patronne des victimes de la peste. Il est donc fort possible que ce monument soit une « colonne de la peste », comme il y en eu beaucoup à cette époque en Europe centrale (soit pour prier le bon Dieu que l’épidémie cesse, soit en remerciement une fois l’épidémie passée).
Plutôt que de tenter de faire un récit cohérent de ma visite des sept églises catholiques, une orthodoxe, deux synagogues, et cætera, que compte la ville, voici une liste. La liste, c’est le journalisme du pauvre. Mais c’est mon blog ici, alors je peux me le permettre de temps en temps.
1 – L’Eglise Sainte-Anne
Elle est fermée, ça commence bien.
2 – La cathédrale Saint Jean-Baptiste
Elle est ouverte, et c’est un régal pour les yeux. Premier édifice baroque de Slovaquie, elle a été construite au XVIIe siècle par les architectes italiens Pietro et Antonio Spazzo.
A l’intérieur, un bijou : un autel de 20 mètres de hauteur datant de 1640. C’est l’un des plus hauts et anciens autels baroques d’Europe.
Juste en face de la cathédrale se trouve une statue de Jean-Paul II et, de l’autre côté de la route, ce qui ressemble à un monument en hommage aux résistants du soulèvement national slovaque.
3 – La basilique Saint-Nicolas
Entre la cathédrale et la basilique se trouvent plein de bâtiments se terminant en -num (Rubrorum, Marianum, Babaorum, etc.) qui faisaient partie d’un séminaire, mais ils se ressemblent tous et n’ont rien de bien intéressant.
La basilique Saint-Nicolas a été construite au XIVe siècle en style gothique, mais a été reliftée en style baroque au XVIIe. J’aimerais vous en dire plus, mais elle était fermée : j’ai juste pu apercevoir l’intérieur à travers un carreau de la porte.
En tout cas, la place où elle se trouve est jolie, avec en son centre la colonne Saint-Joseph, érigée en 1731 pour lutter contre la peste (cette fois, c’est sûr).
Juste derrière, on retrouve le rempart de la ville, très bien restauré.
4 – L’église Saint-Joseph
Elle est fermée, il pleut, j’ai froid.
Tiens, voilà une statue sur la place des partisans.
5 – Le Musée Západoslovenské
Le musée de la Slovaquie occidentale, situé dans un ancien couvent, me permet de me réchauffer à moindre frais (3€) et surtout de découvrir sa belle collection. On y trouve de l’art sacré, une collection unique de cloches de tout le pays, ainsi que des superbes costumes traditionnels et des reconstitutions d’intérieurs slovaques de différentes périodes. Dommage que très peu d’explications soient en anglais, mais une dame à l’accueil parle français et est ravie de donner des explications.
6 – L’église Sainte-Hélène
Elle est fermée. L’évêque de Trnava n’a apparemment pas appris ce chant au caté.
D’ici part la rue Hlavna, principale artère du centre. Elle semble très agréable à arpenter et doit être animée lorsqu’il fait beau, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Je suis le seul pelé à m’y promener en jetant un œil aux superbes édifices qui la bordent. L’un d’eux arbore un buste de femme. La fille du propriétaire ? L’amante de l’architecte ? Mystère.
7 – L’hôtel de ville
Amalgame de plusieurs bâtiments de styles et d’époques divers, l’hôtel de ville remonte – pour sa partie la plus ancienne – au XIVe siècle. Dans sa cour, un donjon baroque a servi de prison.
Juste à côté se trouve le théâtre Ján Palárik.
8 – L’église Saint-Jacques
Édifice franciscain construit entre 1363 et 1383. Une peinture de St Jacques par Josef Zanussi domine l’autel. Particularité de l’église : elle est accolée à un autre bâtiment. Du coup, un de ses côtés est percés de vitraux, quand l’autre n’affiche que des fresques. J’y croise un guide slovaque francophone qui me parle de Nice et me présente la ville. Il a d’abord cru que je travaillais chez PSA : il y a une grande usine du constructeur automobile près de Trnava.
9 – l’église de la Sainte-Trinité
Elle a été construite par les trinitaires au XIIIe siècle, puis est passée sous le contrôle des jésuites suite à l’interdiction de cet ordre monastique par le roi de Hongrie en 1783. Sur le superbe autel, l’on peut voir Saint Félix du Valois, fondateur de l’ordre des trinitaires.
Et voilà, ainsi s’achève mon tour de Trnava. Enfin presque, parce que malgré la pluie je continue à marcher un peu le long des remparts, avant de rebrousser chemin jusqu’à la gare où j’embarque pour Bratislava, où la météo est toute aussi exécrable. Il paraît qu’il fait beau en Bretagne. Si j’avais su… je serai venu quand même, car Trnava était une ville charmante. J’y reviendrai en été, d’autant qu’elle n’est pas loin de Slomenice, qui a un beau château, et de la grotte de Driny, qui est parait-il très belle.