Visite du parc national de Canaima : la lagune aux sept chutes (jour 5)

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 Destination touristique numéro un du Venezuela, le parc national de Canaima est célèbre pour ses chutes d’eau, en particulier la Salto Angel – plus haute au monde.

Jeudi 21 avril

Il faudrait un bouton comme cela dans la vie quotidienne. "J'en ai marre, je reboot !". Plus sérieusement, pendant toute la durée du vol, je me suis demandé ce qu'il se passerait si j'appuyais dessus.

Il faudrait un bouton comme ça dans la vie. « J’en ai marre, je reboot ! ». Je me demande ce qu’il se passe si on appuie dessus.

Le Venezuela, on l’a vu, est un pays en crise (note : et j’écrivais ça en avril. Un mois plus tard, à la publication de ce billet, c’est encore pire). Des années de gestion calamiteuse de ses formidables ressources pétrolières l’ont fait passer de miracle sud-américain à État défaillant. Mais faut dire que les habitants n’aident pas. Par exemple, ce matin, on m’a dit : « départ à 7h de l’aéroport ». Arrivé sur place, je demande l’horaire de départ, et on me répond : « aucune idée. Quand l’avion sera prêt ». Sérieux.

C’est en tout cas le seul aéroport que j’ai vu fonctionner sans électricité. Pendant que je buvais un coca (« désolé, on ne sert pas de café : nous n’avons pas d’eau »), le courant a été coupé. C’est fréquent dans le pays : aucun investissement efficace n’a été réalisé sur les infrastructures électriques depuis les années 1970, donc le réseau est sous-dimensionné.

Finalement, je décolle à 9h30 dans un coucou à hélice de deux places où je suis installé à la place du copilote. Voyager seul a ses avantages !

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Voler sur un avion de ce type est une grande première pour moi, et j’adore : rien à voir avec un vol commercial, ici on est clairement à la merci du moindre changement de pression atmosphérique.

La distance à parcourir est de 120 km à vol d’oiseau, ce qui nous prend une petite heure durant laquelle la Guyane vénézuélienne défile sous nos ailes. Elle représente 45% du territoire national, mais seulement 2% de la population. Du coup, bonne nouvelle : je risque moins ma peau. Alors qu’à Caracas, j’ai entendu deux fois des coups de feu dans la rue en trois jours, ici je devrais pouvoir me promener tranquille.

Au moment d’atterrir, nous apercevons les chutes de la lagune : le décor est planté !

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La laguna de Canaima, plus important site touristique du Venezuela, a accueilli ses premiers touristes en 1947. C’est Charlie Baughan, un ami de Jimmy Angel (le pilote qui découvrit Salto Angel en 1937 – d’où le nom de la chute, rien à voir avec le saut de l’ange) qui y établit le premier campement. Depuis, il va sans dire qu’ils se sont multipliés.

Le mien se trouve au sein de la communauté Pémon qui vit ici. Ses 2500 habitants vivent essentiellement du tourisme, même s’il leur arrive aussi fréquemment de jouer les figurants pour des films. Parmi ceux tournés ici, citons Le Jaguar, Un indien dans la ville (très populaire au Venezuela) et, plus récemment, Point Break. Des scènes de Jurassic Park ont aussi été tournées ici, mais sans les Pémons.

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Après un rapide déjeuner, je descends jusqu’à la lagune admirer les chutes visibles depuis la plage : Salto Ucaima et Salto Wadaima.

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Certains considèrent que cette plage est la plus belle du Venezuela : ça se comprend. Dommage que le niveau de l’eau soit actuellement bas, ce qui la rend moins belle.

L’eau, d’ailleurs, paraît complètement noire. C’est très impressionnant quand on nage dedans, mais ça s’explique facilement : elle est chargée de sédiments et de matières organiques en décomposition.

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En crapahutant dans la forêt, j’arrive à un joli point de vue sur Salto Ucaima.

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A 14h, je retourne à mon campement où m’attend Raúl, qui va me faire découvrir la lagune en curiara (la pirogue locale).

Cette fois, j’apprécie de très près les différentes chutes : Salto Ucaima, Salto Wadaima, Salto Golondrina et Salto Hacha, la plus importante. Seulement quatre chutes sur sept son nommées, les autres étant trop petites.

Nous débarquons sur l’île Anatoliy, où nous attend une marche de 15 minutes dans la forêt jusqu’à Salto Sapo.

Cette chute est, paraît-il, majestueuse lors de la saison des pluies. Malheureusement, puisque nous sommes à la fin de la saison sèche, il reste à peine un filet d’eau pour se rafraîchir. Mais l’endroit reste très joli à voir. C’est en plus un bon spot pour poser.

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L’avantage de la saison sèche, c’est qu’elle permet de se baigner au pied de la non-chute, ce dont je ne me prive pas. Cette plage de rêve, lors de la saison des pluies, est totalement immergée. Impossible donc de bénéficier à la fois du sable blanc et de la cascade. En saison des pluies, il est possible de passer derrière la cataracte, grâce à un chemin tracé par Tomás Bernal, un autre pionnier du tourisme dans le coin. Évidemment, quand y’a pas d’eau, ça a moins d’intérêt.

Une grenouille.

Une petite grenouille (très venimeuse à l’âge adulte).

Autre chute derrière laquelle il est possible de passer : Salto Hacha. Dans un vacarme assourdissant, l’aller-retour est bigrement impressionnant (bien plus, pour les connaisseurs, que la promenade derrière Seljalandsfoss).

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Une curiara arrive nous récupérer pour nous ramener sur la rive du village, mais son moteur tombe en panne et nous voilà obliger d’attendre qu’une autre pirogue arrive. Heureusement, le groupe de Pémons qui voguaient à ce moment-là avaient avec eux une bouteille de rhum, que nous nous empressons de terminer.

Finalement, une autre pirogue arrive et nous ramène tous à bon port. Pour fêter ça, une petite bière !

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En Raúl me demande si ça me dit d’aller en discothèque ce soir (oui, ce village est étonnamment animé). Allez, pourquoi pas. Viens me chercher après dîner.

Finalement, Raúl n’est jamais venu. Je ne m’en suis pas formalisé : d’une part, je suis tombé de sommeil à peine rentré. Et aussi, je savais que les Vénézuéliens n’ont pas la même notion que nous de « rendez-vous ». Ici, dire « on se retrouve à 21h », ça veut dire « on se retrouve à partir de 21h, si jamais j’ai pas oublié, changé d’avis ou trouvé mieux à faire ». C’est simplement qu’ils sont tellement poli qu’ils ne déclinent rien. Dans le même genre, si vous êtes perdus, ils préféreront vous raconter n’importe quoi que d’admettre qu’ils ne peuvent pas aider.

Lire le jour 6 : Sortie en pirogue de la lagune de Canaima à Isla Orchidea

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