Sortie en pirogue de la lagune de Canaima à Isla Orchidea (jour 6 au Venezuela)

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Lorsqu’il est impossible de naviguer jusqu’à Salto Angel, les tours opérateurs organisent des sorties jusqu’à l’île aux Orchidées. A défaut de grives, on mange des merles.

Vendredi 22 avril

C’est bien ce que je craignais : il est impossible d’aller jusqu’à Salto Angel. Cela faisait quelques jours qu’on me chauffait le chaud et le froid : « c’est la saison sèche, normalement on ne peut pas y aller » ; « mais il a beaucoup plu ces derniers jours, la rivière a bien gonflé » ; « il suffit qu’il ne pleuve pas pendant trois jours et y’a plus d’eau »…

Donc, à 9h, le verdict tombe : il n’y a pas assez d’eau pour aller jusqu’à la chute. Normalement, je devais y aller en 4-5 heures de pirogue et une heure de marche, dormir sur place, et revenir le lendemain.

A la place, je ferai quand même du bateau, mais en m’arrêtant à mi-chemin (40 kilomètres environ du camp), là où la rivière rétrécit et devient impraticable pendant la saison sèche. Il faut dire qu’avec un El Niño très puissant cette année, l’été fut encore plus sec que d’habitude.

J’embarque avec mon guide Tony, un autre gars dont je n’ai pas retenu le nom et sa fille de 3 ans.

Nous remontons le Rio Carrao pendant une petite heure dans un paysage d’abord assez monotone, avec de la jungle de chaque côté de la rivière.

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Au bout de quelques kilomètres, des rapides nous attendent, qu’il nous faut remonter. Le dernier d’entre eux aura la peau d’un de mes appareils photo, cinq secondes après que Tony m’ait annoncé : « on va être mouillés » (rassurez-vous, après deux jours à sécher, mon appareil a ressuscité – heureusement que c’était pas mon téléphone).

Un premier arrêt nous conduit, après une petite marche dans la forêt, dans un campement d’indiens Pémons. La terre près de la lagune (où se trouve le village) n’est pas assez fertile pour l’agriculture, ils font donc pousser le nécessaire (yucca, maïs, bananes, ananas…) ici.

Pour l’anecdote, c’est dans ce campement, amélioré pour l’occasion, que fut tourné un Indien dans la ville. Du coup j’ai la chanson de tonton David dans la tête. Chacun sa route, chacun son chemin, passe le message à ton voisin. Maintenant, vous aussi !

Nous repartons pour une heure de curiara jusqu’à l’île des orchidées. Le paysage change brusquement et nous nous retrouvons entourés de tepuy, ces hautes montagnes plates. Elles sont typiques de la région et sont vieilles de deux milliards d’années. C’est sur le sommet de ces montagnes que se trouverait le Monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle. Il y a un siècle, l’auteur avait presque vu juste : s’il n’y a malheureusement pas de dinosaures là-haut, on y trouve tout de même un écosystème unique. Une vingtaine de ces tepuy sont, en conséquence, interdits d’accès.

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La Isla Orchidea, sur laquelle nous nous arrêtons pour déjeuner, tient son nom des nombreux orchidées qui y poussaient avant que les touristes les embarquent tous.

J’en fais le tour rapidement, puis m’offre un bain dans la rivière pendant que mon accompagnateur (Tony nous a déposés et est parti pêcher) prépare le déjeuner.

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Un orage éclate, et j’ai un peu l’impression d’être dans Koh-Lanta, avec une personne s’occupant du feu pendant que je me promène en maillot sous la pluie. Par chance, elle s’arrête dès lors que le poulet est prêt et nous pouvons donc goulûment pique-niquer au sec.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à quelques reprises pour pêcher et faire office de taxi pour quelques Pémons.

Nous finissons cette journée en débarquant à Mayupa, une petite colline jouissant d’une superbe vue sur la rivière. C’est un lieu prisé des réalisateurs de films, et d’ailleurs un « campement indien » vient d’y être construit, pour les besoins d’une production qui sera filmée le mois prochain. Ça ne ressemble absolument pas au village dans lequel vivent vraiment les Pémons, mais c’est plus photogénique.

A 18h30, nous voilà de retour au camp, où m’attend un bon dîner. Je passerai ensuite la soirée à jouer aux dames et aux échecs en buvant une bière avec quelques habitants du village. De quoi finir tranquillement cette très belle journée, qui garde malgré tout un goût de trop peu : par rapport à l’excursion de deux jours prévue vers Salto Angel, il est un peu chiche de la part des tours opérateurs d’offrir simplement la moitié de la prestation pour le même prix. Vous voilà prévenus. Quant à moi, je suis bon pour revenir lors de la saison des pluies. J’ai une bonne excuse pour ça.

Lire le jour 7, consacré à Salto Angel : Comment j’ai failli ne pas voir la plus haute chute d’eau du monde

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