La forteresse Pierre-et-Paul est le coeur de Saint-Pétersbourg. C’est à partir de ses murs que la ville s’est développée au début du XVIIIe siècle.
Trop importante pour être intégrée dans mon article sur les musées de Saint-Pétersbourg, la forteresse Pierre-et-Paul mérite une demi journée de visite, tant il y a à voir.
Passons sur la légende (Pierre Le Grand qui, guidé par deux touffes d’herbes et un aigle, déclare « ici sera la ville » en 1703) et résumons l’histoire de cette bâtisse. Elle a été construite pendant la Grande guerre du Nord (1700-1721) entre les Russes et les Suédois, sous l’impulsion de Menchikov, dont je vous ai parlé ici. Le 29 juin 1703, à la Saint-Pierre-et-Paul, la forteresse est baptisée « Saint-Pétersbourg ». Elle se développe à partir de cette année-là et se dote notamment d’un cathédrale, bâtie de 1712 à 1733.
A la base, Pierre Le Grand n’envisageait pas de construire sa nouvelle capitale (il détestait Moscou) ici. Et pour cause, la forteresse avait été construite dans un endroit marécageux, régulièrement inondé, et incultivable. Mais finalement, deux arguments vont le pousser en 1706 à développer une ville autour de la forteresse : elle peut être dotée d’un important port qui restera libre de glaces toute l’année, et en plus elle est pas loin de l’Europe. Une fois ce choix fait, Pierre Le Grand enrôla des dizaines de milliers de serfs pour la construction de sa ville, qui absorba toutes les ressources du pays (la construction de maisons en pierre fut interdite ailleurs en Russie tant que Saint-Pétersbourg ne fut pas terminée).
Aujourd’hui, la ville a bien changé, mais la forteresse est toujours là – elle fut gravement endommagée lors du siège de Leningrad, mais a été reconstruite à l’identique.
On y entre par la Porte Saint Jean, qui est marquée de la date 1740, fin de la construction de la forteresse. La citadelle renferme plusieurs bâtiments historiques et musées, dont voici ceux que j’ai choisi de voir (ils sont pour la plupart payant, c’est pour cela que je n’ai pas tout fait).
La cathédrale et la nécropole impériale
Un des plus vieux bâtiments de Saint-Pétersbourg, et l’un des plus hauts aussi : sa flèche atteint une hauteur de 123 mètres. Tout en haut se dresse un ange tenant une croix. Le style extérieur de la cathédrale rompt avec les canons de l’art religieux russe. Ici, point de coupoles, mais un dôme précédé d’une façade à double fronton.
A l’intérieur, une triple nef richement décorée et de nombreux tombeaux. La cathédrale est la nécropole impériale et tous les empereurs de Russie, depuis Pierre le Grand jusqu’à Nicolas II et sa famille (massacrés en 1918 par les Bolchéviques, probablement sur ordre de Lénine, leurs restes ont été transférés ici en 1998) y sont inhumés. Toutes les impératrices de Russie aussi. Actuellement, 50 personnes reposent dans la cathédrale dont 46 membres de la famille Romanov.
Le bastion Troubetskoï
Le bastion Troubetskoï fut l’une des prisons politiques les plus terribles du pays. Construit en 1870-1872, le bâtiment a été le lieu de détention et d’interrogatoire de plusieurs centaines de révolutionnaires, dont Gorki, Troski, ou Kropotkine. On peut aujourd’hui visiter les cellules, qui étaient si humides et froides que les prisonniers attrapaient quasi-systématiquement la tuberculose.
Le musée d’astronautique
Ouvert en 1973, ce petit musée est consacré à l’histoire du programme spatial russe. On peut se demander ce qu’il peut bien faire dans un tel endroit : c’est tout simplement qu’il est installé dans ce qui fut un laboratoire de recherche sur les fusées, dans les années 1930. On peut y voir des moteurs de réacteurs, des modèles de Spoutniks et quelques objets personnels d’astronautes ou de pionniers de l’astronautique.