Loin des clichés de la Vieille ville et du palais, quelques bâtiments construits à la période soviétique sortent – vraiment – du lot.
De Prague, vous connaissez certainement les images de la Vieille ville, du Pont Charles, du Palais Royal ou des bâtiments Art nouveau de la nouvelle ville. Par chance, la ville était l’une des favorites d’Hitler et a donc échappé aux destructions massives qui ont touché d’autres cités d’Europe de l’Est (même les synagogues sont encore debout, ce qui a évité aux soviétiques de tout reconstruire à leur façon.
Quelques bâtiments monumentaux ou étonnants ont néanmoins vu le jour à cette période, dont certains ont survécu jusqu’à nous, souvent malgré le dédain des habitants.
Les statues et autres symboles soviétiques ont, eux, été rapidement déboulonnés et les rues renommées. Le monument à Staline, quant à lui, fut dynamité dès 1962 – lors de la déstalinisation – et remplacé en 1991 par un métronome géant. Les Praguois avaient coutume de dire que tant qu’il fonctionnerait, la démocratie serait préservée. Il est tombé en panne début 2017…
Le bâtiment de l’Assemblée fédérale de Tchécoslovaquie
Situé en haut de la place Wenceslas (les Champs-Elysées de Prague), le bâtiment de l’Assemblée fédérale de Tchécoslovaquie a été construit en 1973 et 1974 par l’architecte Karel Prager. Il a souhaité avec ce bâtiment développer le concept de « ville sur la ville », en utilisant des piliers et des passerelles pour prolonger le bâtiment dans toutes les directions, plutôt que de simplement augmenter son emprise au sol.
Malheureusement, les soviétiques ont fait construire une voie rapide juste en face du bâtiment et devant le Musée national, pour empêcher les manifestations qui y débutaient souvent. Le bâtiment est donc un peu étriqué et en retrait de la place.
Après la dissolution de la Tchécoslovaquie, en 1993, il a été le siège de Radio Free Europe/Radio Liberty jusqu’à novembre 2008 et est maintenant une nouvelle aile du Musée national. Beaucoup d’habitants auraient voulu qu’il soit rasé, mais il est classé monument historique depuis 2000.
Le centre-commercial Kotva
Situé en plein-cœur de la Nouvelle ville, et donc entouré d’immeubles baroques et art nouveau, Kotva détonne. Il a été dessiné par les architectes tchèques Vladimir et Vera Machonin et achevé en 1975. Lors de sa construction, plusieurs immeubles des dix-neuvième et vingtième siècles ont été démolis et des vestiges archéologiques rasés.
Le bâtiment consiste en une structure de béton et de métal, divisée entre six unités hexagonales placées en étoile. De l’extérieur, le bâtiment peut sembler étriqué, mais l’espace à l’intérieur est étonnamment lumineux et dynamique.
Le théâtre de la Nouvelle scène
De sa construction en 1983 jusqu’à aujourd’hui, le bâtiment Nova Scena, que l’on doit également à Karl Prager, fait partie des édifices les plus controversés à Prague, à cause de ses matériaux de construction : plus de 4 000 moellons en verre soufflé selon le projet du verrier d’art mondialement connu Stanislav Libenský.
Les artistes contemporains se servent aujourd’hui régulièrement de la façade de verre de la Nouvelle scène comme d’un immense écran de projection.
La tour de télévision Zizkov
Construite entre 1985 et 1992, cette tour de 216 mètres de haut est immanquable dans le ciel de Prague – et offre accessoirement une vue panoramique sur la ville. Elle est considérée par beaucoup comme l’un des bâtiments les plus moches du monde ; difficile de leur donner tort. Des sculptures de bébés sans visages, signées de l’artiste tchèque David Černy, ont été ajoutées à la structure en 2001. Rendent-ils la tour un peu moins moche, ou accentuent-ils sa laideur ? Le débat est ouvert.
L’immeuble brutaliste Transgas
Exemple exceptionnel de l’architecture brutaliste, l’immeuble Transgas doit malheureusement être très prochainement détruit, malgré le cri d’alarme d’historiens et d’architectes. Construit entre 1966 et 1976, le complexe tient à la fois du brutalisme et du technicisme occidental. Il abritait le ministère de l’Energie pendant la période tchécoslovaque. A mon grand regret, je n’ai pas pu le visiter lors de ma visite en mai 2017… Reste à espérer que le projet de démolition soit abandonné, ce qui est peu probable…
Le mémorial aux victimes du communisme
Dans un registre un peu différent, et pour éviter que l’on me prenne pour un ardent défenseur des soviets… Le Mémorial aux victimes du communisme a été créé en 2002 par l’artiste Olbram Zoubek. Les sept statues qui le composent montrent un homme se désagrégeant et symbolisent l’impact physique et morale d’une vie sous un régime totalitaire.