La visite du sanctuaire de Nokogiri, au sud de la baie de Tokyo, est une balade inoubliable dans une montagne parsemée de 1500 statues sacrées, jusqu’au plus grand Bouddha du Japon.
9 août 2017
Pour ceux que l’agitation de Tokyo fatigue et qui souhaitent se mettre au vert pour la journée, les occasions ne manquent pas, qu’il s’agisse de Nikko, de Kamakura, de Fujigawaguchiko ou d’Enoshima. Le Mont Nokogiri est bizarrement peu connu (merci @benpro82 de me l’avoir conseillé), mais mérite pourtant sa place dans cette liste.
Il se trouve à Kanaya, dans la préfecture de Chiba, au sud de la baie de Tokyo. Il est possible de s’y rendre en train, en contournant la baie via Chiba, ou de descendre en train jusqu’à Kurahame et traverser la baie en ferry (je ferai les deux, train à l’aller, ferry au retour). Dans les deux cas, comptez 2h30 depuis Tokyo.
Arrivé dans la très paisible bourgade de Nokogiri, je me rends directement au téléphérique pour monter au sommet du mont du même nom. Un observatoire, à 329 mètres d’altitude, permet d’admirer toute la baie de Tokyo et, par temps clair, de voir jusqu’au Mont Fuji. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, malheureusement.
Quelques marches plus bas, on entre dans le Kenkon-zan Nihon-ji, objet de la visite. Ici a été construit en l’an 725 un temple bouddhique, sur ordre de l’empereur (qui a donné 18,5 tonnes d’or pour l’occasion). À son apogée, le temple comptait sept sanctuaires, douze maisons pour les moines et une centaine de loges pour les prêtres.
La visite commence par la sculpture « de 100 shaku » (soit environ 30 mètres) de la déesse Kannon. Sa figure a été gravée dans la pierre, à flanc de montagne, dans une petite vallée. Cela lui donne un aspect mystique et un air de civilisation antique – impossible pour moi de ne pas penser à Petra – même si l’œuvre date en fait de l’après-guerre : elle a été gravée entre 1960 et 1966 en hommage aux victimes de la seconde guerre mondiale.
Juste à gauche de la statue, on peut voir une protubérance de la montagne : elle a été baptisée Jigoku-nozoki, « la vue vers l’Enfer » et fort justement transformée en observatoire. On y voit notamment les falaises à pic, dont certaines ont servi de carrières.
La visite se poursuit sur de petits sentiers de montagne, parsemés de petits sanctuaires et de centaines de statues. Il s’agit de 1500 Arhats (des novices ayant connu leur réveil spirituel), tous différents, réalisés par le maître-artisan Jingorō Eirei Ōno et ses 27 apprentis, sur ordre du maître zen du temple. Leur tâche a duré de 1779 à 1798. Malheureusement, beaucoup d’entre eux ont été détruits par un mouvement anti-bouddhisme pendant l’ère Meiji, et parmi ceux qui restent, beaucoup sont décapités, à tel point qu’on a l’impression de se promener à Paris en 1792. Une association se charge depuis peu de les réparer (du coup, certains ont une tête de couleur différente de leur corps).
Pour info, le domaine est considéré par la préfecture de Chiba comme un endroit d’une « extraordinaire beauté », avec très exactement « 18 merveilles et 36 vues ». J’en ai sans doute raté, mais je confirme qu’il s’agit d’un lieu magique.
Au centre de la montagne (dire qu’il va falloir tout remonter alors qu’il fait 35°… il y a 2600 marches en tout dans le coin) s’élève une statue du Bouddha assis.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, le plus grand Bouddha assis du Japon n’est pas à Kamakura (13,35 mètres) ni même à Nara (18,18 mètres) : c’est celui de Nokogiri, qui atteint 31,05 mètres (21,3 si on ne compte que le corps).
Cette statue a aussi été réalisée par le maître-artisan Jingorō Eirei Ōno et ses 27 apprentis. Il leur a fallu trois ans et la statue a été terminée en 1783. Après avoir grandement souffert de l’érosion, elle a été restaurée dans les années 1960.
Pour ceux que ça intéresse, la statue représente Rurikō Bhêchadjaguru Tathagata et signifie que l’univers est « un champs de pureté confiné dans un monde de lotus ». Retenez que c’est un bouddha assis et ça ira.
Juste à côté se dresse la statue d’un Jizo, qui sont les protecteurs des âmes des voyageurs et des enfants. Il surplombe des milliers de petites statues, les « Onegai Jizo », que les visiteurs achètent s’ils veulent faire un voeu ou demander de l’aide aux divinités.
Après ça, un petit détour vers la zone centrale du domaine montre qu’un énorme temple est en construction (ou en reconstruction ? En tout cas il n’est pas sur les cartes). Il ne reste plus qu’à remonter toutes ces marches pour reprendre le téléphérique dans l’autre sens. Pour les motivés, il y a un sentier qui descend, mais il est paraît-il très raide… et il fait toujours une chaleur étouffante, alors non merci.
Retour ensuite vers Tokyo, en ferry de Nokogiri à Karahame (45 minutes), puis en train jusqu’à mon hôtel (il est direct, coup de bol). J’avoue avoir piqué du nez dans le bateau, tant cette journée m’a fatiguée. Mais ça en valait la peine !
Salut !
Merci pour ce bel article qui donne vraiment envie !
Je pars au Japon pour la 1ere fois fin Septembre et j’ai très envie de faire Nokogori.
Si je loge à Tokyo tu penses sincèrement que c’est totalement jouable de le faire en une journée? Car s’il y a 2h30 à l’aller et 2h30 au retour, je me demande si ça vaut vraiment le coup ou s’il ne vaut mieux pas prendre un hôtel à proximité du lieu?
Et toi qui a fait le train et le ferry, que recommande-tu ?
Merci et belle journée !
Cynthia
Bonjour,
Ayant réussi à le faire sans problème sur la journée, je peux confirmer que c’est faisable. Vu que le train est très confortable au Japon, ça ne pose pas de problème.
Après, niveau train ou ferry, autant faire les deux 🙂 Ca évite de faire deux fois le même trajet 😉