Nicaragua : deux jours sur l’île d’Ometepe, paradis aux deux volcans

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L’île d’Ometepe, formée par deux volcans surplombant le lac Nicaragua, était considérée par les Aztèques comme la terre promise. C’est l’une des plus belles destinations du Nicaragua.

Ce n’est pas un continent, mais c’est quand même une nouvelle aventure pour moi : ma première fois en Amérique centrale ! Le Nicaragua, plus précisément, petit pays situé au sud du bien plus touristique Costa Rica

En ce 1er décembre 2017, commence mon séjour (d’une semaine seulement) par descendre sur l’île d’Ometepe, dont j’ai entendu le plus grand bien.

En attendant le bateau.

█ Aller à Ometepe depuis Managua

La solution la plus simple (et la plus chère)

À la base, je comptais prendre la solution la plus courante, mais suite à un retard de sept heures de mon avion (je suis arrivé à 19h au lieu de midi), ce n’était pas possible. J’ai donc demandé à mes hôtes sur Ometepe de m’envoyer un taxi, qui m’attendais à l’aéroport. Pour 100 dollars américains, il m’a descendu à San Jorge (un peu plus de deux heures de route) où j’ai dormi, avant de prendre un ferry le lendemain pour Ometepe.

La solution la plus courante

Depuis l’aéroport, prendre un taxi pour le Mercado Roberto Huembes à Managua (les tarifs sont fixés à 20-25$ depuis l’aéroport pour aller n’importe où à Managua, ce qui est absolument exorbitant pour le pays). De là, prendre un bus pour Rivas (pour 2 dollars environ), et à Rivas un taxi pour San Jorge (5 dollars) et le ferry pour Ometepe (1 dollar). Les derniers bus de Managua partent vers 17h, donc si vous arrivez après, il faudra dormir à Managua ou prendre un taxi.

La solution la plus rapide et la moins écolo (mais avec de belles vues)

La compagnie aérienne locale, La Costeña, propose deux vols par semaine entre Managua et Ometepe, le jeudi et le dimanche. Ça coûte 83 dollars et dure 20 minutes. C’est la solution que j’ai choisie au retour (voir plus bas).

█ Arrivée sur Ometepe

Depuis le ferry en partance de San Jorge, l’île impressionne par son profil, dessiné par deux volcans parfaitement alignés face à la côte. À gauche, Conception, deuxième volcan le plus haut du Nicaragua, culminant à 1610 mètres. À droite, Maderas, 1394 mètres d’altitude. Cette image de carte postale a capturé l’imagination de beaucoup de voyageurs, des Aztèques jusqu’à Mark Twain.

Après une heure de traversée, débarquement à Moyogalpa. Depuis le lac, le village est bien camouflé et on a l’impression d’arriver directement dans la jungle, mais la vie est bien là ; une trentaine de rues traversées de part en part par la route principale, qui fait le tour des deux volcans.

Je suis accueilli par Roberto, de la Finca (ferme) Montserrat, qui comme beaucoup de fermes profite de l’arrivée des touristes pour arrondir ses fins de mois en faisant chambre d’hôte. Le confort est très sommaire (ceci dit, quand il fait 30°, se doucher avec un tuyau d’eau froide est déjà une bénédiction), mais cette formule est l’assurance de rencontrer des gens, d’être réveillé par le bruit des animaux, et de manger des produits frais. D’ailleurs, toute l’île est bio : dans ces sols volcaniques, nul besoin d’engrais.

Je prends un succulent déjeuner sur place, puis me rends vers ma destination de l’après-midi.

█ La cascade San Ramon

Pour profiter de l’île sans perdre des heures à attendre d’hypothétiques bus, le mieux est de louer un scooter, une moto-cross ou un quad. J’opte pour le scooter et me rend du côté Maderas de l’île.

Bizarrement, alors que Conception risque d’exploser d’un moment à l’autre et que Maderas est plus calme, la partie Maderas de l’île est bien moins développée. Du coup, alors que j’avais traversé la moitié de l’île sur une belle route pavée, ça change et se transforme en piste hyper mal entretenue (pas une piste de terre ou de graviers, mais un chemin à travers de la grosse caillasse). À tel point que pendant 30 minutes, je me demande si je suis bien dans la bonne direction.

J’arrive enfin au niveau de la station biologique, d’où part le sentier (3$) pour San Ramon. Il fait environ 3,5km, mais il est possible de parcourir les 2 premiers kilomètres à motocross. Ayant un scooter, je les fait à pieds, et sous le cagnard ce n’est pas une partie de plaisir. Le dernier tiers du sentier, qui monte en pleine forêt, est par contre superbe.

Et le jeu en valait la chandelle : après une heure de marche, voilà qu’apparaît la superbe cascade San Ramon, haute d’une cinquantaine de mètres. Ce n’est pas la plus haute ni la plus puissante des chutes d’eau, mais son emplacement la rend particulièrement photogénique. Haute de plus de 40 mètres, elle descend comme un filet de pluie très rafraîchissant après l’effort consenti pour y arriver.

Chanceux comme je suis, j’arrive alors que trois jeunes filles sont en train d’en profiter en tenue d’Eve. « Welcome to the waterfall » , me lancent-elles, amusées, en levant les bras. Je me retourne le temps qu’elles remettent leur maillot.

█ L’ascension du Volcan Conception

Après San Ramon, je rentre à la ferme, car la nuit tombe déjà – il est 17h30. Le lendemain, à 5 heures du matin, un guide vient me chercher pour l’ascension du volcan Conception, prévue pour durer 8 heures. Nous nous rendons à l’entrée de la réserve qui entoure le volcan, payons le droit d’entrée (3$) et nous mettons en marche.

Les quelques premiers kilomètres sont sur du plat, jusqu’au pied du volcan où, logiquement, ça commence à monter. Le chemin est même de plus en plus pentu à mesure que nous avançons et, passé les 500 mètres d’altitude, je commence à avoir le souffle court. Heureusement que nous avons commencé l’ascension avant le lever du soleil et que la température reste supportable.

Le volcan Conception, cest celui-ci.

L’ascension offre quelques vues sur le lac, mais rien de bien impressionnant.

La vue lors de la montée, à 6h du matin.

A 800 mètres, malheureusement, nous entrons dans les nuages qui couvrent de manière quasi permanente le sommet du volcan – et qui sont très bas ce matin – et ne voyons plus rien, alors que la pente est maintenant très raide. Mais qu’est ce que je fous là ?

À 1000 mètres, nous voilà à la moitié de la montée. Il nous a fallu 2 heures pour atteindre ce palier, et il faudra 2 autres heures, en théorie, pour gravir les 600 mètres restant. Ce kilomètre d’altitude marque la fin de la forêt ; le reste de la randonnée doit se faire sur de la caillasse, à découvert.

Sauf que lorsque nous nous arrêtons sur ce plateau, on ne voit toujours absolument rien et un vent extrêmement fort souffle. Continuer ne me fait donc pas du tout envie, je redescendrais bien prendre un petit déjeuner (il est 7h30), mais plutôt que de dire ça à mon guide, je lui demande si ce n’est pas un peu dangereux de continuer. « Si, en plus on ne verra rien », me répond-il. « Parfait, on redescend. » L’honneur est sauf, c’est lui qui estime que ça ne vaut pas le coup de continuer.

Et à 9h30, me revoilà en bas, après une descente plus agréable, où j’ai pu tranquillement regarder les nombreuses espèces d’oiseaux qui peuplent les bois et les singes qui sautent d’arbres en arbres.

J’ai rencontré ensuite plusieurs personnes qui ont continué jusqu’au sommet, soit ce matin-là, soit d’autres jours, et tous m’ont raconté à quel point ça n’a aucun intérêt, à part dire « je l’ai fait ». Même au bord du cratère, il est impossible de voir quoi que ce soit. Aucun regret, donc, même si du coup j’ai payé plein pot mon guide pour ne faire que la moitié du chemin. Il a gagné sa journée.

█ Détente à la piscine thermale Ojo de Agua

Vu que cette randonnée inachevée m’a quand même bien cassé les jambes, je vais vers midi me détente à Ojo de Agua, une zone thermale au centre de l’île. Sa piscine est alimentée par une eau chargée de minéraux, censés guérir les courbatures et les rhumatismes, rendre la peau plus belle et ramener l’être aimé. Contrairement à des sources volcaniques classiques, l’eau n’est pas chaude, mais à 22°, elle reste parfaite pour se rafraîchir et se détendre. Installé au bord de la piscine, il est possible de commander à boire et à manger. C’est royal.

█ Les statues précoloniales d’Altagracia

Située de l’autre côté de Conception, par rapport à Moyogalpa, Altagracia est plus à l’abri de sa fureur et a donc, de tout temps, été la « capitale » de l’île. Même si j’y suis allé seulement pour faire le plein d’essence, j’en ai profité pour jeter un œil à l’église et, juste en face, à une collection de statues aztèques représentant des figures mystiques. Plusieurs statuaires ont été découverts sur l’île et dans d’autres endroits du Nicaragua, et il en reste sans doute beaucoup sous les couches de cendre.

█ Coucher de soleil à la Punta Jesus Maria

Au sud de Moyogalpa, la pointe Jésus Marie est un lieu très prisé lors du coucher de soleil. Il s’agit d’une bande de sable s’enfonçant dans la mer, orientée parfaitement à l’ouest. Elle s’appelle Jésus Marie car lorsqu’on marche dessus, alors que le lac la recouvre légèrement, c’est comme si l’on marchait sur l’eau. Mais en ce mois de décembre, après une saison des pluies marquée par l’ouragan Nate, cette bande dont la taille varie normalement de 50 mètres à 2 kilomètres, a quasiment disparu. Cela reste néanmoins un endroit superbe pour admirer le coucher de soleil, sauf qu’alors que je l’attendais, un groupe de connards d’Americains a décidé de passer devant tout le monde et de rester debout au bout de la bande de sable pour boire leurs bières en regardant le coucher de soleil. Alors, nous seulement ça fait chier les 15 personnes qui attendaient pour faire leur photo, mais en plus c’est complètement con car the fucking point de l’endroit est de voir le Soleil dans l’alignement du sable. En restant debout au bout de la bande de sable, y’a aucun alignement et le résultat est le même qui si on se foutait n’importe où dans le système solaire, putain. Bref, j’ai pas de photo car je me suis mis plus loin.

Voici une photo de ce à quoi ça ressemble, normalement. 

Pour info, l’entrée pour la pointe coûte 1 dollar. Oui, c’est « cher » pour ce que c’est, mais le PIB par habitant est de 2135 dollars par an, alors s’ils peuvent gagner quelques dollars avec des touristes dix fois plus riches qu’eux, ils auraient tort de se priver. Du coup, mention spéciale à ce couple de retraités danois qui s’est glissé derrière moi en loucedé pendant que je payais en pensait que personne les verrait. Quand le gardien leur a demandé de s’acquitter du droit d’entrée, le type a répondu « non, nous voulons seulement voir la pointe (ben oui pauv’ con, comme tout le monde), on ne va pas payer pour ça. On rentre, on reste un peu et on part. C’est comme ça et pas autrement. » Probablement interloqué de voir un couple de vieux blindé de thune frauder pour économiser deux dollars, le gardien n’a même pas su quoi répondre.

█ Promenade dans la réserve Chaco Verde

Dernière visite le lendemain matin, dans la réserve naturelle de Chaco verde, pour finir en douceur ma visite sur l’île.

Elle commence par une entrée dans le « paradis des papillons », une sorte de serre ils sont nombreux à voler. Puis la promenade continue dans une réserve autour d’une lagune jouxtant le lac, crée lors de l’effondrement d’un cratère. Les vues sur Conception et sur le lac sont très jolies.

█ Vol d’Ometepe vers Managua

Il est ensuite temps de me rendre à l’aéroport d’Ometepe. Mon vol est à 14:45 mais ma réservation indique que je dois m’enregistrer avant 13:15. J’arrive donc à 13h, et les trois employés de l’aéroport me regardent avec des grands yeux en me demandant ce que je fais là si tôt. Ben, c’est écrit. Finalement, ils m’enregistrent, me font patienter dans le hall d’embarquement – où je suis tout seul – et à 14h, l’avion se pose. On m’y fait monter et on décolle avec 45 minutes d’avance. J’ai bien fait d’arriver tôt.

Nous partons directement vers le nord, donc je n’ai pas une vision globale de l’île depuis les airs , ce qui est dommage, mais par contre, comme c’est un petit coucou qui ne vol pas haut, j’ai de superbes vues de la région : la lagune d’Apoyo, le volcan Mombacho, celui de Masaya et son panache de fumée, le chapelet d’îlots de Granada… Je recommande vivement ce tour en avion vers ou depuis Ometepe, il s’apparente à une excursion en lui-même.

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