Deux jours à Macao : le Las Vegas chinois, avec plus d’Histoire et moins d’ambiance

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Autre région administrative chinoise, à quelques encablures de Hong-Kong, Macao est surnommée « l’Enfer du jeu ». En 2017, elle a brassé 4,5 fois plus d’argent que Las Vegas ! Mais je m’y suis surtout ennuyé, malgré son intérêt architectural.

Tout le monde nous ayant dit que « dix jours à Hong-Kong c’est bien trop long, vous allez vous ennuyer » (ce qui est complètement faux), Matthieu et moi avons décidé de faire un détour par Macao, l’autre région administrative spéciale de la Chine. L’avantage de Macao, c’est qu’il est possible d’y aller en ferry depuis Hong-Kong en une heure, et qu’il n’y a pas besoin de visa (alors que si nous avions voulu aller à Canton, il nous en aurait fallu un).

L’histoire de cette ville est assez étonnante. Elle fut le premier comptoir commercial d’un pays européen en Chine : au seizième siècle, l’Empereur chinois donna le droit au Portugal de s’y installer, pour remercier les Portugais d’avoir chassé les pirates qui pullulaient dans la région. Contrairement à la situation à Hong-Kong entre les Britanniques et les Chinois, il n’y a jamais eu de traité entre le Portugal et la Chine : ils étaient là de facto, mais sans aucun document pour régulariser tout ça. En 1975, le Portugal a voulu rendre Macao à la Chine, mais celle-ci, semble-t-il pour des raisons économiques, n’en a pas voulu. C’est finalement en 1999 que la rétrocession a eu lieu sans tambours ni trompettes. Il faut dire qu’à l’époque, l’économie de Macao ne représentait que 5% de celle de Hong-Kong : tout le monde s’en fichait donc complètement. Depuis, la puissance économique de cette petite péninsule a décuplé. 80% de son PIB est tiré des casinos, industrie qu’elle a développée à partir des années 1960. Les Chinois étant très joueurs, et le jeu d’argent interdit en Chine, il y avait un marché à prendre.

█ Côté pile : une étonnante architecture sino-portugaise

Ces cinq siècles de présence portugaise sont clairement visibles dans la vieille ville, où la balade ne cesse de surprendre. Les noms des rues, en chinois et en portugais, rappellent cette histoire en commun, tout comme les balcons en fer forgé, qui côtoient les néons en forme d’idéogrammes. Les églises baroques jouxtent les temples bouddhiques et, au moment de déjeuner, vous pouvez enchaîner canard laqué et pasteis de nata.

Prévoyants, les Portugais ont décidé de rénover tous les monuments bâtis par leurs ancêtres avant de rendre la ville à la Chine : ils sont donc en excellent état… et à l’abri des promoteurs sans scrupules. La richesse architecturale de Macao est très supérieure à celle de Hong-Kong : lister tous les monuments serait rébarbatif (et nous n’avons de toute façon pas tout vu, car il n’a pas cessé de pleuvoir), mais voici quatre zones importantes.

La Colina da Guia : en venant du ferry et en marchant un peu, c’est le premier arrêt qui s’impose. Cette colline est surmontée d’un phare (le plus ancien de Chine) et d’une petite chapelle du dix-septième siècle. La vue depuis là-haut est superbe : la ville est dominée par l’hôtel casino Grand Lisboa, en forme de lotus, et par la Macau Tower. Avec ses 338 mètres, elle est plus haute que la Tour Eiffel et, moyennant un rein, vous offre la possibilité de faire une crise cardiaque en sautant à l’élastique depuis sa plateforme d’observation, à 233 mètres.

La place Largo do Senado : c’est la place principale du centre historique. Elle est entourée de bâtiments à l’architecture portugaise superbement restaurés. Dans le coin se trouvent la belle église baroque São Domingos, datant du dix-septième, et la maison de Lou Kau, un richissime marchand chinois du dix-neuvième siècle. La cathédrale du Largo de Sé date, elle, de 1937 (la précédente ayant été détruite par un typhon).

Les ruines de l’église Saint-Paul : l’endroit le plus touristique de Macao. Cette église fut construite par les jésuites au seizième siècle, puis plus ou moins abandonnée lorsqu’ils furent expulsés de Macao en 1762. Un incendie ravageât l’édifice en 1835, n’en laissant que la façade.

La place do Santo Agostinho : cette jolie place paisible (oui, il pleut, c’est logique) compte plusieurs bâtiments intéressants, comme la bibliothèque, nichée dans l’élégante demeure d’un marchand chinois, le théâtre Dom Pedro V, de 1860, et l’église São Lourenço. Construite en 1560, c’est l’une des plus anciennes et des plus belles de la ville.

█ Côté face : l’enfer du jeu (mais pas vraiment)

Pour cette nuit qui s’annonçait pleine de folies, nous avions réservé deux suites (70 m² chacun, on ne se refuse rien) dans l’hôtel-casino The Venetian, copie conforme de celui de Las Vegas, dont la construction a coûté 2,5 milliards de dollars. Un investissement loin d’être fou : rien qu’en 2017, les casinos de Macao ont rapporté 50 milliards de dollars, 4,5 fois le chiffre d’affaires de Las Vegas ! Pas mal, alors qu’on est officiellement en terre communiste…

Le démesuré Venetian, qui reproduit des secteurs de Venise (mais ici, les gondoles sont électriques !), ne compte pas moins de 3.000 machines à sous et 870 tables de roulette, baccarat et poker. Des couloirs mènent au Parisian, qui comme son nom l’indique rappelle notre belle capitale – les rats et l’odeur d’urine en moins. Inauguré en 2016, il a coûté encore plus cher que le Venetian, puisque la facture a cette fois atteint 3 milliards de dollars. Cette folie et démesure ne semble pas vouloir s’arrêter : plusieurs casinos sont encore en construction, en plus de la trentaine déjà en fonctionnement. Les amateurs d’architectures impressionnantes ne seront pas déçus.

Ceux qui veulent s’amuser, par contre, risquent de déchanter. Comme l’explique très bien cet article de Capital, les magnats de Macao ne visent pas les petits joueurs comme nous, mais font leur beurre sur les richissimes chinois capables de claquer des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars en une soirée. Ceux-là sont chouchoutés, tandis que les gens comme nous sont peu nombreux, et délaissés. Un exemple ? Alors que j’étais à une machine à sous, j’ai demandé à mon pote Matt d’aller me chercher à boire à un comptoir, non loin. Il revient en me demandant si je veux « du thé, ou du thé avec du lait ». De l’alcool ? Il n’y en a pas. Moi qui avait tenté de compenser mes pertes à Las Vegas en buvant gratos, me voilà déçu.

Finalement, on s’emmerdait tellement dans le casino qu’après avoir dépensé 20 euros chacun, on a décidé de partir à la recherche d’un endroit où l’on pourrait boire. Ca n’a pas été évident : après avoir parcouru ce qui semblait être des kilomètres de couloirs vides dans le Venetian et le Parisian, nous nous sommes rendus dans une boîte quasiment déserte à la City of Dreams, un centre commercial non loin. J’aurais mieux fait d’aller directement me coucher.

 

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