Mercredi 9 octobre
La journée de tous les fails. Déjà, je me réveille avec une mémorable gueule de bois, ce qui met jamais de bonne humeur. On arrive quand même à choper notre train pour Hiroshima, où nous devons prendre le shinkansen pour Osaka puis Tokyo, mais je défaille au bout de deux stations. Bouffées de chaleur, transpiration, nausée, vision qui devient blanche et jambes qui flagellent : eh merde, ça ressemble à un malaise vagal.
Le temps que je reprennes un peu de couleurs sur un quai perdu dans la campagne, on a bien sûr raté notre train. En arrivant à la gare d’Hiroshima, on voit qu’un « super express » pour Tokyo va partir. Problème : c’est un train Nozomi, et notre pass ne nous y donne pas le droit. Tant pis, plutôt que de perdre des heures à attendre un autre train, on monte.
L’avantage du Nozomi, c’est qu’il met quatre heures pour aller à Tokyo au lieu de cinq heures trente pour les autres trains.
Deux heures plus tard, je pose la question qui tue à Minirop : « au fait, tu as mis où ma veste ? » (il me l’avait empruntée hier pendant le typhon, pour aller au combini). « Je l’ai mise à sécher sur une chaise de l’auberge », me répond-il.
Eh merde.
Après quelques minutes de réflexion (« est-ce que j’appelle l’auberge pour leur dire de me la renvoyer en France ? Ça risque de coûter une blinde s’ils choisissent UPS »), je descends à Nagoya et prends un autre train Nozomi qui va dans l’autre sens.
3h30 plus tard, je fourre ma veste dans ma valise. Elle est sèche. Et je ne me suis pas fait contrôler dans les deux trains Nozomi.
Retour donc à la gare d’Hiroshima, où je reprends un super express (j’espère que si quelqu’un des services d’immigration du Japon lit ce blog, je ne serai pas banni du pays pour ça).
Voilà où j’en suis au moment où j’écris ces lignes. Puisque j’ai quatres heures devant moi, et histoire que ce billet ait quand même un intérêt, voici selon moi les raisons qui font que le shinkansen est mieux que notre réseau TGV.
1 – La ponctualité. Wikipedia nous dit que « en 2003, le retard moyen à l’arrivée, par rapport à l’horaire, se chiffrait à 0,1 minute soit 6 secondes ». Selon 60 millions de consommateurs, le retard moyen d’un Paris-Brest est de 36 minutes.
2 – L’espace ! Ça c’est quand même un comble : alors que les Japonais sont en moyenne plus petits que les Français (j’ai pas de données, mais ça saute aux yeux), ils ont deux fois plus de place pour leurs jambes. Ça permet de les étirer, de garder son bagage avec soi, de quitter son siège côté fenêtre sans obliger son voisin à se lever, ou de baisser le dossier de son siège sans embêter la personne derrière. Et le dossier se baisse beaucoup, ce qui permet de dormir (chose impossible dans un TGV français).
3 – Un chariot de boissons et nourriture passe régulièrement dans les wagons. Et contrairement aux bars des TGV, les tarifs sont raisonnables (300¥ (2,4€) le café, 130¥ (1€) la gaufre).
4 – La vitesse. Tokyo-Kyoto, 467 bornes, 3 heures en shinkansen normal, 2h20 en Nozomi. Paris-Brest, 591 km, 4h30 en TGV. Ils sont malins les Japonais : quand ils ont développé leur train à grande vitesse, ils se sont dit : « faisons le rouler entre les grandes villes à grande vitesse ». En France, on a mis des TGV sur des rails de trains normaux (sur le trajet Paris-Brest, la ligne n’est à grande vitesse que jusqu’au Mans).
5 – Les commodités. Des toilettes, des lavabos, et même des compartiments pour les fumeurs. Moi je m’en fiche, je fume pas, mais au moins personne descend aux arrêts pour fumer une clope sur le quai. Et des prises électriques, dans les Nozomi.
6 – Les prix. Ils ne sont pas spécialement bon marché : un Tokyo-Kyoto coûte 13.220¥. Mais avez-vous compris pourquoi je le mentionne ? Parce qu’un Tokyo-Kyoto coûte 13.220¥. Pas trois fois moins cher deux jours avant, le double la semaine précédente, 33% de plus entre 16h18 et 17h03 et presque rien les soirs de pleine lune.
Tant que j’y suis : un Tokyo-Kyoto coûtait déjà 13.220 yens en 2009, lors de mon précédent voyage.
7 – La propreté. Mais ça c’est partout au Japon. Je crois que je vais pleurer dimanche en prenant le RER B de Charles-de-Gaulle à chez moi.
Bon, je me suis finalement fait contrôler. Le monsieur, très poli, m’a dit que mon JR Pass ne fonctionnait pas sur ce train et m’a demandé de descendre à la prochaine gare (Nagoya) pour changer de train. Je m’en sors bien. Par contre, je comprends vraiment pas pourquoi il y a cette limitation sur les pass.
A 20h, après douze heures de train (un Brest-Toulouse en TGV, quoi :D), j’arrive enfin à Kabukichō, le quartier coquin de la capitale, à l’est de Shinjuku. Difficile de faire un pas ici sans entendre quelqu’un dire « do you want sex? » (je veux bien, mais sans payer) à son oreille ou de voir des grands noirs essayer de nous attirer dans un bar à hôtesses ou une chambre d’hôtel.
Je rejoins Minirop dans le capsule hotel que nous avions réservé. Ces établissements typiquement japonais me font penser à une ruche, avec leurs alvéoles qui se suivent et où on rentre à quatre pattes (pour d’autres, ça ressemble plus à une morgue).
Contrairement aux apparences, ces box sont assez spacieux, deux mètres de long sur un de large, et il est possible de s’y tenir assis et de rentrer des sacs pas trop grands. A l’intérieur, on trouve un variateur de lumière, un réveil et une TV.
Chaque étage de capsules possède ses propres sanitaires et l’hôtel a également un étage pour les bains.
Les bains publics, c’est une autre expérience japonaise : on entre dans une salle d’eau où sont alignés des petits tabourets, avec devant chacun un seau, un pommeau de douche et un nécessaire de toilettes. Chacun s’y lave (assis), avant d’aller s’il le souhaite se plonger dans un des bains à disposition. Il y en a 3 dans cet hôtel : un à 20°, un à 40 et un à 50. Après toute la marche de ces derniers jours, quel plaisir de s’y prélasser et d’y détendre ses muscles !
ah oui,l hotel n a vraiment rien a voir avec ceux de chez nous!!!