Jour 7 : le défilé du 1er mai (ft Raúl Castro)

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La fête des travailleurs est le jour le plus important du calendrier cubain. Des centaines de milliers de personnes défilent dans toutes les villes du pays.

Dimanche 1er mai

Les affiches le proclament sur chaque vitrine, dans chaque rue, chaque organisme public : « ¡Viva el primero de Mayo! » « ¡Todos a la plaza! » « Por Cuba: unidad y compromiso ». (Vive le premier mai ! Tous sur la place ! Pour Cuba : unité et engagement).

Dans ce paradis socialiste qu’est Cuba, il paraît logique que le 1er mai soit le jour le plus important de l’année. Des défilés sont organisés dans tout le pays, dans une vraie communion populaire comme on n’en voit plus par chez nous.

Dans les années 1970 et 1980, jusqu’à deux millions de personnes se réunissaient sur la place de la révolution, à La Havane, pour écouter Fidel déblatérer pendant des heures.  L’événement a pris ensuite la forme d’un défilé, auquel participent un million de personnes – il est moins suivi car non seulement les Cubains ont d’autres idées en tête que la révolution, mais aussi parce qu’il n’y a plus la menace Reagan pour renforcer l’unité du pays.

Les organisateurs ont le bon goût de faire commencer le défilé à 7h, pour éviter la chaleur écrasante.

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Environ un million de personnes sont présentes aujourd’hui, dont beaucoup sont venues avec leur institution (école, régiment, etc.) ou leur entreprise. Des délégations étrangères ont aussi fait le déplacement : je croise ainsi quelques dinosaures militants du PCF et de la CGT qui, chose étrange, agitent le drapeau français.

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C’est une sensation étrange d’être dans ce défilé, qui paraît totalement anachronique. Entendre la foule qui hurle « ¡Viva Fidel! ¡Viva Raúl! » ou qui chante « Joyeux anniversaire » à Fidel (qui fêtera ses 90 ans le 13 août, donc c’est un peu tôt pour ça, mais bon) a quelque chose d’à la fois fascinant et inquiétant. Que des gens a priori sains d’esprit acclament ceux qui les maintiennent dans la pauvreté et les privent de liberté depuis 57 ans me semble incompréhensible.

Les slogans et pancartes valent leur pesant de cacahuètes ; on se croirait à Nuit debout, les casseurs en moins.

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Le défilé arrive sur la place de la révolution sous les yeux de 1500 invités, dont Raúl Castro (en chemise blanche, avec un chapeau de paille), avant de se disloquer dans les rues adjacentes. Un groupe de danseurs nord-coréens assure aussi un petit spectacle.

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La place de la révolution, que je découvre à cette occasion, est surmontée d’un monument à la gloire de José Martí, apôtre de l’indépendance de Cuba au XIXe siècle. C’est le point de plus haut de la ville.

On peut y voir également le bâtiment du ministère de l’Intérieur, avec une sculpture de Guevara, et un autre flanqué d’une représentation de Cienfuegos.

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Après le défilé, puis un petit déjeuner dans une cafétéria du coin, nous partons pour une visite éprouvante de la vieille ville. Éprouvante car il fait une chaleur épouvantable, à tel point que la déshydratation me donne l’impression d’avoir une gueule de bois monumentale – alors que je n’ai pas bu d’alcool depuis 36 heures. Seulement 5 litres d’eau.

La vielle Havane est plutôt jolie, dans un style différent de Trinidad et Cienfuegos. Plus grand, mais moins bien préservé. Les bâtiments coloniaux côtoient d’élégants immeubles des années 1920 ou des constructions modernes des années 1950. Modernes, oui, car quasiment rien n’a été construit à Cuba depuis la révolution.

D’importants travaux de restauration sont menés dans le centre, pour le bien être et le plaisir des touristes plus que pour celui des cubains. Les autorités ont bien compris ce que veulent les visiteurs. Je dois admettre que c’est vraiment joli et qu’il serait agréable d’y flâner, s’il faisait 20 degrés de moins et qu’il n’y avait pas tant de rabatteurs.

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Cette visite est l’occasion de faire nos derniers achats de souvenirs. Les personnes ayant eu l’occasion d’admirer la propagande nord-coréenne affichée dans mes toilettes seront ravies d’apprendre que j’ai mis la main sur une affiche patriote cubaine originale.

On quitte la vieille ville pour nous enfoncer dans le centre. Les touristes sont inexistants, seuls des Cubains nous regardent frôler les murs à la recherche d’ombre.

Notre dernier arrêt est le Callejon de Hamel, une ruelle entièrement recouverte de l’œuvre de Salvador Gonzalez Escalona. C’est ici qu’est née la rumba, mais il fait trop chaud pour se lancer dans une démonstration.

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A la place, une petite sieste et une bière sur le Malecón, avant un dernier mojito avec le groupe. Embrassades, hugs, promesses de se revoir là-bas ou ailleurs et me voilà dans le taxi me ramenant à l’aéroport.

Un daiquiri avec Hemingway, le dernier avant le départ.

Un daiquiri avec Hemingway, le dernier avant le départ.

Aéroport qui, je le maintiens, est le pire que je connaissance. Je passe sur le système informatique tombé en panne, qui nous a obligé à attendre 45 minutes au check-in, mais punaise, ils pourraient au moins mettre une climatisation pour éviter que le hall d’attente ne se transforme en sauna.

Vivement que je retrouve la fraîcheur parisienne, tiens.

Hasta la vista!

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