Dimanche 13 septembre
On a beaucoup parlé de la civilisation Dilmun. Retour dans le Bahreïn moderne ce matin. Sur des kilomètres, je traverse des champs de pétrole pour atteindre… la première pompe de l’île, qui a fait jaillir pour de l’or noir en 1932.
Sur cet emplacement symbolique pour le pays a été construit un musée du pétrole. J’avais lu un peu partout qu’il est « toujours fermé » et ne suis donc pas étonné de trouver porte close. Toutefois, il est possible de voir juste à côté la toute première pompe du pays, qui date de 1932.
En fait, l’île a été le premier pays du Golfe à exploiter l’or noir – il en a bien entendu tiré de considérables ressources. Aujourd’hui, le pétrole représente toujours 30% du PIB alors… que les réserves sont vides ! En raclant le fonds des nappes et en pionchant un peu dans les réserves saoudiennes, Bahreïn arrive encore à en tirer 40.000 barils par jour, mais l’essentiel des revenus provient maintenant de la transformation du brut de ses voisins.
Toutefois, pour éviter une banqueroute future, le pays se développe dans la finance ainsi que le tourisme 5 étoiles (celui qu’on ne voit pas sur les sites archéologiques).
Je profite d’être ici pour faire quelques photos, en évitant de trop m’approcher des panneaux « restricted area – no photography ».
Pour rester dans le thème du pétrole, je me rends à l’endroit le plus célèbre de Bahreïn : son circuit automobile, mastodonte au milieu du désert. Il a été inauguré en 2004 après un an et demi de travaux et accueille diverses compétitions, dont la plus célèbre est bien sûr le grand prix de F1.
Nul besoin d’avoir un ticket pour entrer (et d’ailleurs, il n’y a pas de course prévue cette semaine) : des visites guidées sont régulièrement organisées.
C’est assez cher (6 dinars, soit 13€ environ) mais pour ce prix, on monte au sommet de la tour VIP (qui a la meilleure vue du circuit, évidemment) et on visite la tour de contrôle.
Quand la voie est libre, ce qui est le cas aujourd’hui, on a même le droit à un tour du circuit de Grand prix (5,4 km). En minibus, malheureusement, ce qui nous prend cinq bonnes minutes. Bien loin du record de Sebastian Vettel (Red Bull-Renault, 2010), qui l’a bouclé en 1’53 »883.
Il y a derrière le circuit de F1 une piste tout terrain pour les amateurs de Hummer et une piste de karting, mais je n’ai pas trouvé le moyen d’y aller. Je pense que ça n’ouvre qu’en hiver.
À quelques kilomètres du circuit se trouve la réserve naturelle Al Areen, qui me permet de passer dans une ambiance plus naturelle.
On peut y découvrir une centaine d’espèces d’oiseaux et une soixantaine d’espèces d’animaux terrestres – dont beaucoup de gazelles, soyons francs. La visite est d’abord individuelle, dans un joli espace avec volières, enclos et flamants roses. Ensuite, à heure fixe, on monte dans un minibus pour un safari dans la réserve proprement dite. Au-delà des animaux, c’est intéressant car ça permet de voir à quoi ressemblait le désert avant l’arrivée des compagnies pétrolières et entreprises de terrassement.
On finit la visite dans un bâtiment regroupant les « animaux sauvages » : lion, tigres blancs, hyènes striées, loups arabes, renard roux, etc.
Il y a plus d’animaux en hiver, m’indique le gardien du zoo. En été, ils sont transportés ailleurs car ils ne supportent pas la chaleur. Il a fallu la mort de trois girafes pour que les vétérinaires du lieu s’en rendent compte, alors que la première chose que je me suis dit en voyant certains animaux abattus par la chaleur, c’est : « ils ont pas trop chaud ? ».
D’ailleurs, en parlant de chaleur, une question m’est venue dans cet endroit plein de familles : puisqu’il est bien entendu que le niqab (très répandu ici) n’est absolument pas un symbole d’oppression de la femme et simplement un élément de pudeur (on la sent, l’ironie ?), pourquoi est-il toujours totalement noir alors que ces messieurs se promènent dans leur tenue traditionnelle… blanche (ce qui est plus logique quand il fait 40°) ? Un niqab blanc serait-il plus impudique ?
Mais assez parlé de chaleur, puisque le soir tombe et la température avec. Non, je déconne. En fait il fait 33° même à 3h du matin.
L’heure, donc, de retourner à Manama où, après m’être garé à mon hôtel et avoir perdu deux kilos de sueur à marcher pour trouver un restaurant moyen-oriental, je m’attable dans un restaurant philippin. Si Tinder est un échantillon représentatif de la population, il y a dans ce pays 80% de Philippins, ça me semble donc tout indiqué.