Jour 4 : Bahreïn, aux frontières de l’islam

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Lundi 14 septembre

Pour notre dernier article consacré à ce petit pays, intéressons-nous à son voisin, l’Arabie saoudite, et à ses mosquées.

PB240248La journée commence mal : ma première idée est d’abord d’aller au souk, qui se trouve à deux pas de mon hôtel. Les épices, les couleurs, les odeurs, les vieux marchands qui t’invitent à boire un café… Ce sont des images typiques du moyen-orient, n’est-ce pas ?

Sauf que la ville a décidé de « réhabiliter » le souk et d’en faire un lieu attirant, propre et organisé. Un centre commercial, quoi.

Donc c’est un peu mort. Et non, ce n’est pas parce qu’il est midi : à 20h, c’est pareil (même si j’avoue que je n’y suis pas allé au petit matin, il paraît que c’est plus animé et qu’à 5h du mat’, « on y trouve de délicieux petit-déjeuners traditionnels »).

Bon, ne restons pas sur une défaite et marchons vers le World Trade Center : ça me permettra de faire des photos de la ville. D’après le site officiel de Bahreïn, il suffit de « sauter dans un ascenseur pour profiter d’une vue panoramique sur la ville et la baie ».

« Sorry sir, it is not allowed to go up. There is no observatory, only private offices. »

Ah. Ne m’avouant pas vaincu, j’ai tenté de trouver un ascenseur par moi-même (via l’entrée de derrière et même le parking), mais impossible de « sauter » dedans, il fallait une carte magnétique. Tant pis.

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Venons-en donc au thème de ce billet.

Bahreïn, comme je l’ai déjà écrit, est devenue musulmane très tôt, sous le premier calife Abou Bakr, à peine deux ans après la mort de Mahomet. Et pour preuve, Manama compte une mosquée fondée à peine plus tard, vers 692.

Il ne reste toutefois pas grand chose du lieu de culte original : sur le site d’Al Khamis, on voit aujourd’hui des vestiges du XIe siècle ainsi que deux minarets jumeaux du XIVe ou XVe siècle. Le site est actuellement fermé pour travaux, mais cette fois j’arrive à rentrer en le demandant gentiment.

Des fouilles archéologiques sont en cours. Voici un vestige de la première mosquée.

Des fouilles archéologiques sont en cours. Voici un vestige de la première mosquée.

Si l’île s’est convertie si tôt, c’est bien entendu à cause de sa position géographique, à quelques encablures de l’Arabie saoudite. Les deux pays sont si proches qu’ils ont même décidé (enfin, surtout l’Arabie saoudite, qui a payé à elle seule le 1,2 milliard de dollars du projet) de construire un pont de 25 kilomètres pour se relier.

Pour les détails, direction Wikipédia : « La chaussée, qui mesure 25 kilomètres de longueur, est constituée de 12.570 mètres de digues répartie sur sept tronçons composées de 7.770.000 m3 de sable consolidés par 3.140.000 m3 d’enrochements. Ces kilomètres de digues sont interrompues en cinq endroits par 12.430 mètres de ponts construits avec du béton armé, y compris les 536 piles. »

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Il est franchi par 50.000 voitures en moyenne par jour, principalement des expatriés qui travaillent en Arabie et vivent à Bahreïn et des Saoudiens qui vivent sur l’île pour profiter des femmes et de l’alcool de la liberté qu’elle propose. Par exemple, le fait de pouvoir aller au restaurant ou au supermarché avec une personne de sexe opposé.

Je ne suis ni l’un, ni l’autre, et je n’ai absolument aucune chance d’obtenir un visa pour ce pays, mais je décide de me rendre à la frontière, histoire de. Elle est située sur une île avec tout le nécessaire pour faire fonctionner une frontière : des douaniers, des gardes côtes, un péage, une mosquée, un McDonald’s… Oui, un McDo à 50 mètres de la frontière saoudienne, moi aussi ça m’a amusé.

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Il y a aussi une tour avec un restaurant panoramique qui, par beau temps, permet de voir l’Arabie, mais elle est en travaux. Je me contente donc d’un McFlurry et de quelques selfies puis retourne sur la terre ferme.

Là, je me rends à la grande mosquée Al Fateh (du nom d’un cheikh qui a conquis Bahreïn en 1683). Il s’agit d’une des plus grandes mosquées du monde et son dôme (40 mètres de hauteur, 25 de diamètre) est le plus grand dôme réalisé en fibre de verre.

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Elle a été inaugurée en 1988 après quatre ans de travaux et peut accommoder 7000 fidèles (5000 à l’intérieur et 2000 dans la cour). Les visiteurs qui se présentent à l’entrée se voient proposer une visite guidée, ce qui permet d’en apprendre plus sur le bâtiment et sur l’islam en général. C’est une bonne initiative (parce qu’en général, les mosquées sont plutôt avares en explications). En plus, on repart avec un Coran gratuit, une biographie de Mahomet et divers prospectus sur comment atteindre la Lumière (bon, là ça fait un peu prosélyte quand même).

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Dernière étape de cette très pieuse journée, la Maison du Coran (Beit Al Qu’ran). Comme son nom l’indique, c’est un musée consacré au livre saint. On y trouve de rares et extraordinaires exemplaires du Coran, dont certains datent du VIIe siècle. C’est assez incroyable de voir tant de manuscrits si anciens et si bien conservés. C’est le cas aussi pour la Bible ?

Rentré au bercail, je réponds à ma question : la plus ancienne Bible date du IVe siècle et a été numérisée. Elle est visible ici : http://www.codex-sinaiticus.net/en/

D’autres pièces exposées ont été choisies pour leur qualité calligraphique ou sérigraphique. Qu’hommage soit rendu au type qui a écrit des prières et le nom d’Allah sur des graines de sésame et des grains de riz (des loupes sont fournies).

Il y a aussi des éditions plus récentes : le premier Coran imprimé en arabe, une édition de la toute première édition française, puis de la première version anglaise (traduite depuis le français), etc. Le musée exposé quelques artefacts non livresques (tapis, tableaux, broderies), mais ce n’est pas le plus intéressant.

Je termine cette journée dans le quartier « bohème » de Manama : Adliya. On y trouve beaucoup d’anciennes maisons coloniales d’officiers britanniques transformées en galeries d’art ou restaurants tendance.

Je commence par dîner chez Coco’s, une institution, avant de terminer au Café Lilou, reconstitution de brasserie parisienne (même les prix sont parisiens !). J’ai aussi testé le lendemain « Véranda », un restaurant/bar à chicha, où m’a invité une fille. Une manière fort sympathique de terminer ce séjour.

Post-scriptum : En rentrant à la maison, j’ai fait une découverte étonnante à l’aéroport. Pas vraiment le genre d’ouvrage qu’on s’attend à trouver en tête de gondole d’un duty-free.

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