Jeudi 9 mai
Par mesure de sécurité, il n’est possible d’aller sur le site d’Abou Simbel (290km au sud d’Assouan) que par convois sécurisés (sauf à prendre l’avion ou le bateau).
Concrètement, tous les cars et voitures sont fouillés avant le départ, et chacun se met en branle à heure fixe en file indienne pour filer à 100km/h à travers le désert. 90% du trafic a lieu le matin, par le convoi de 4h. Je ne suis pas un stratège antiterroriste, mais j’ai l’impression que cette solution est stupide : il suffirait à un terroriste de dégommer au lance-roquette la première voiture du convoi pour créer un carambolage à haute vitesse, mais bon, faut bien justifier le budget de l’armée.
N’ayant pas spécialement envie de me lever à 3h, je choisis de prendre le deuxième convoi, qui part lui à 11h. Le nombre de voitures se compte sur les doigts d’une main, à tel point que nous ne sommes même pas précédés d’un véhicule de l’armée (y’a juste un militaire qui monte dans la première voiture du convoi, nous voilà rassurés. Au retour, il sera dans ma voiture et dormira tout le long).
Après trois heures de route, nous arrivons à Abou Simbel. Les deux temples qui le composent auraient dû être engloutis lors de la construction du haut barrage d’Assouan, comme toute la Nubie. Un programme de l’Unesco permis néanmoins de sauver quatorze sites, en les démontant pierre par pierre pour les reconstruire ailleurs (je vous en parlerai plus longtemps dans le billet du Jour 9, consacré à la Nubie).
Abou Simbel, creusé dans une falaise, fut découpé en un millier de blocs de 20 à 40 tonnes et remonté de 60 mètres. Ce qu’on voit aujourd’hui n’est donc qu’un gigantesque puzzle adossé à une colline artificielle. Le génie civil français fut d’une grande aide pour mener à bien l’opération, ainsi que le général de Gaulle, qui fit don d’un million de dollars (sur un coût total de 40 millions, pour un chantier qui a duré quatre ans). Le résultat laisse bouche bée : pour qui n’est pas au courant de l’opération, il est difficile de remarquer la supercherie une fois à l’intérieur.
Avantage du second convoi : lorsque je visite Abou Simbel, nous sommes seulement quatre à l’intérieur. Et c’est magique. Le temple a été construit par Ramsès II à sa propre gloire. Il n’a pas fait les choses à moitié : après avoir passé les quatre colosses de vingt mètres qui gardent l’entrée, on arrive dans des salles couvertes de fresques remarquablement conservées. Le matin, il peut y avoir des centaines de personnes à l’intérieur. Là, seul ou presque, on est pris d’un sentiment d’éternité.
À côté du grand temple se dresse celui d’Hathor, construit par Ramsès II en hommage à sa femme favorite, Néfertari, « celle pour qui le Soleil se lève tous les matins ». Considérée à l’époque comme la femme la plus belle d’Egypte, elle a déjà la plus belle des tombes de la nécropole thébaine (fermée au public, il fait payer 2500€ pour pouvoir entrer) et donc, ce temple.
Plus petit que celui de son mari – évidemment ! – il est lui aussi extrêmement bien conservé et absolument magnifique.
Après 1h30 de visite, il est temps de reprendre la route… Trois heures à nouveau jusqu’à Assouan. C’est long, mais ça en valait la peine.
À l’hôtel, je rencontre un Français et nous décidons d’aller dîner au restaurant Panorama, sur la corniche. Super restau pas cher du tout (3€ le plat) avec une longue carte de jus pressés : nous testons le jus de caroube (au goût un peu praline), de karkadeh (surgeat), le doom (jus d’une feuille de palmier d’Assouan, au tôt un peu plus fort que le caroube) et le jus de tamarin (indéfinissable, avec un arrière goût d’abricot). Promenade ensuite dans le souk, sans être embêtés du tout. Là-dessus, Assouan est plus sympa que Louxor.
Merci beaucoup, Morgan d’avoir pris le temps de me répondre sur le site de @onechai Du coup, j’ai lu ton article. Et en fait, je l’avais déjà lu car je me souviens de l’épisode du militaire qui dormait dans votre voiture. Je ne suis pas encore décidée, mais l’info de 2013 me laisse à penser qu’une décision de dernière minute pourrait être possible.