Jour 9 : Temple de Philae et musée nubien

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Vendredi 10 mai

Au lever, je demande à l’hôtel de m’appeler un taxi pour aller visiter le temple de Philae, situé à quelques kilomètres de Louxor. Comme Abou Simbel, ce temple a été sauvé de l’engloutissement : construit sur une île, il a eu les pieds dans l’eau dès la construction de l’ancien barrage, en 1902.

Le temple de Philae partiellement submergé, en 1908.

Le temple de Philae partiellement submergé, en 1908.

Le grand barrage l’a quasiment englouti lors de son inauguration, en 1971. L’Unesco a donc lancé un chantier pharaonique pour le déplacer sur une autre île, à 300 mètres de la première. Un barrage a d’abord été construit tout autour de la première île, puis l’eau vidée et le complexe de temples démonté pierre par pierre. Pendant ce temps, la seconde île était remodelée à l’image de la première. Au bout de cinq ans de travaux, les différents édifices ont été remontés à leur nouvel emplacement. Au total, le chantier s’est étalé de 1972 à 1980.

Toujours le même temple, mais cette fois en 1970.

Philae toujours, mais cette fois en 1970.

Tout cela pour un temple ? Oui, mais il en valait largement la peine. Sur le lac, à l’approche de l’île, on se rend déjà compte qu’il est différent des autres. Et pour cause : il est quasiment intact.

J'ai attendu devant l'embarcadère qu'un couple arrive, histoire qu'on partage le prix du bateau. Malin, non ?

J’ai attendu devant l’embarcadère qu’un couple arrive, histoire qu’on partage le prix du bateau. Malin, non ?

OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERAC’est l’un des rares exemples (avec Kalabchah – lui aussi déplacé en 1963 par l’Allemagne – ou Edfou) de sites dont on peut vraiment ressentir leur fonctionnement et la vie qui les habitait il y a des siècles. 24 précisément, puisque Isis a été vénérée à Philae du IIIe siècle avant JC jusqu’au IVe siècle.

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OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA Seul bémol à son remarquable état de conservation – notamment les hiéroglyphes les plus récents découverts – les visages de pas mal de bas reliefs ont été martelés par les coptes, comme dans beaucoup d’autres temples.

Là, le vandale s'est bien acharné sur le visage !

Là, le vandale s’est bien acharné sur le visage !

Alors qu'on parle beaucoup en ce moment d'un Chinois qui a tagué le temple de Louxor, voici un graffiti disant "B. Mure est un idiot", en latin.

Alors qu’on parle beaucoup en ce moment d’un Chinois qui a tagué le temple de Louxor, voici un graffiti disant « B. Mure est un idiot », en latin.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERAAprès ce temple, les voyageurs sont incités à aller voir celui de Kalabchah. Je ne le fais pas suite à ma discussion avec un autre voyageur, qui m’a dit qu’ils étaient relativement similaires. De plus, comme pour Philae, la visite revient à très cher quand on additionne le taxi, la traversée en bateau (80 à 100 LE !) et l’entrée sur le site.

Le temple de Philae se trouvait là, à l'origine.

Le temple de Philae se trouvait là, à l’origine.

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À la place, je reviens en ville pour visiter le musée de la Nubie (50LE).

Mais qu’est ce que la Nubie ? C’était l’une des anciennes province d’Egypte, un pays qui s’étendait d’Assouan jusqu’au Soudan, et qui a eu une histoire tumultueuse avec l’Egypte : invasions, guerres, dominations d’un côté ou de l’autre, réconciliations… C’est de ce territoire que venaient notamment les « pharaons noirs ». Et pas mal d’esclaves, aussi.

Aujourd’hui, la Nubie, à cheval sur l’Egypte et le Soudan, a été amputée de toute sa partie nord (la Basse-Nubie) : le barrage d’Assouan, projet de Nasser lancé dans les années 1950, l’a engloutie sous un lac artificiel de 500 kilomètres de long.

Voila une carte de la Nubie. Les sites notés en eau, sur le lac, sont ceux qui ont été engloutis ou sauvés. Les "cataractes" sont des rapides/chutes d'eau sur le Nil.

Voila une carte de la Nubie. Les sites notés en eau, sur le lac, sont ceux qui ont été engloutis ou sauvés. Les « cataractes » sont des rapides/chutes d’eau sur le Nil.

A l’annonce du projet, les archéologues sont horrifiés des conséquences : des milliers de sites multi-millénaires, certains jamais explorés, seront noyés à tout jamais (les Nubiens ont semble-t-il causé moins de problèmes. Personnellement, si on m’expliquait qu’on allait engloutir la terre de mes ancêtres pour cause de développement économique, je ferais un peu la gueule). Ils se lancent donc dans une véritable course contre la montre : jour et nuit, 365 jours par an, des archéologues de 40 pays récoltent le plus possible de vestiges, n’abandonnant les lieux qu’au rythme de la montée des eaux.

L’aspect le plus impressionnant de cette opération, portée par l’Unesco, est le sauvetage de certains temples, triés sur le volet. Je vous ai parlé d’Abou Simbel et de Philae, mais ce sont au total 40 sites qui ont été déplacés. Les autres – tumulus, chapelles, tombeaux, cathédrales, villages, cimetières, etc. – reposent maintenant par 50 mètres de fond. 100.000 personnes ont dues être relogées.

A noter que cela n’a semble-t-il pas servi de leçon à tout le monde, puisque le Soudan a récemment annoncé la construction de plusieurs barages sur le Nil. Les mêmes causes produisant les mêmes effets… Plus d’infos par ici (en anglais).

Le musée de la Nubie est né de cette opération inédite de sauvetage – c’était la moindre des choses. Plus de 2.000 objets y sont présentés, couvrant l’histoire de la Nubie de la préhistoire à nos jours. Très moderne, le musée propose comme celui de Louxor une muséographie de qualité, mettant ses pièces très en valeur. Dommage que là encore, je sois seul dans les lieux…

Une maison nubienne typique, construite à l'extérieur du musée.

Une maison nubienne typique, construite à l’extérieur du musée.

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Une maquette représente le site d'Abou Simbel, remonté de 60 mètres.

Une maquette représente le site d’Abou Simbel, remonté de 60 mètres.

Il est ensuite temps de quitter Assouan, par le train de nuit pour Le Caire. Il est plus moderne et silencieux qu’à l’aller : je dors comme un loir jusqu’au petit matin.

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