Mercredi 13 août
C’est le dernier jour… D’un côté, je suis content de retourner à Beijing, où une jolie fille m’attend, puis à Paris où je retrouverai enfin du fromage, du vin et des toilettes qui fonctionnent ; de l’autre, ce pays est si mystérieux, paradoxal et passionnant que je ne pense pas l’avoir encore compris. Mais profitons de cette dernière journée.
La visite de ce matin est consacrée à la gare révolutionnaire de Wonsam, c’est à dire une gare d’où est parti Kim Il Sung après la libération pour rejoindre Pyongyang, le 20 septembre 1945.
On commence par visiter l’auberge où il a passé une nuit et où il a déclaré que la première urgence du pays était de construire une armée. Quel sens des priorités !
Nous entrons ensuite dans le bâtiment de la gare (avec guichets, horaires, tarifs d’époque) puis un autre bâtiment où est exposé la locomotive et le wagon qui l’ont transporté. Quand il est repassé par là en 1975, Kim Il Sung a retrouvé sa place de l’époque, qui est maintenant indiquée. Quel homme ! Moi j’ai déjà oublié quel siège j’avais entre Beijing et Pyongyang, la semaine dernière.
Après cette visite qui méritait absolument (pas) quatre heures de route hier, nous concluons la matinée par une sortie à la plage. On nous indique que – comme je l’avais prédit – nous n’irons pas à la fête foraine ce soir, mais au club diplomatique, un bar/boîte fréquenté par les expats et les diplomates. Même si ce n’est pas vraiment une surprise, je tire la tronche.
Mon humeur ne s’arrange pas lorsque nous arrivons sur une plage absolument déserte. « Il est encore tôt, mais ça va se remplir », nous explique-t-on. Euh non, parce qu’ici c’est apparemment réservé aux étrangers. Les locaux sont là-bas, derrière le grillage…
Finalement, les guides sentent bien qu’on n’est pas si bêtes et que ça sert à rien d’essayer de nous la mettre à l’envers. Nous contournons le grillage et allons sur la plage publique, où l’ambiance est excellente et où on s’éclate bien.
Pendant le déjeuner, je sonde un peu les gens et la plupart préféreraient aller à la fête foraine (une fête foraine nord coréenne putain, c’est pas tous les jours qu’on voit ça !) que d’aller boire la 345e bière de la semaine avec des expatriés. Je refais donc mon relou et fais part de cela à Rowan et Mlle Pang, qui sont d’accord. Enfin ! Comme quoi, ça paye d’insister et de passer pour le casse-pieds de service !
Le déjeuner a lieu dans un restaurant de fruits de mer, avec pieuvre et poulpe (entre autres) au menu. Stephan est végétarien et indique donc qu’il ne veut pas de « fruits de mer ». A la place, la serveuse lui apporte… des moules d’eau douce. Ben oui, c’est pas des fruits de mer, c’est des fruits de rivière. L’humour coréen, sans doute.
Nous reprenons ensuite la route de Pyongyang, en faisant un arrêt surprise à la cascade Ulim (ça veut dire « Écho »). Très jolie marche dans la nature, et jolie cascade ! Apparemment, c’est le grand leader qui l’a découverte en faisant une pause (pipi ?) au bord de la route.
La route nous fait retraverser les mêmes paysages qu’hier, toujours aussi jolis.
Après un rapide dîner au restaurant coréen de l’hôtel Yangako (qui est bien meilleur que le restaurant n°1), nous partons nous amuser !
En fait, ce n’est pas vraiment une fête foraine, mais un parc avec seulement des attractions à sensations fortes. Elles ont été importées d’Italie et assemblées par les militaires coréens. Il y en a cinq à Pyongyang et sans doute plusieurs dizaines dans le pays. A défaut de donner du pain au peuple, ils ont au moins des jeux…
L’une des attractions est une montagne russe de type « Superman », où on est allongé sur le ventre. C’est excellent !
(Les photos suivantes ne sont pas de moi, mais de Matt Kulesza, un Australien super sympa qui vient de décider de prendre un café avec chacun de ses 1072 amis sur Facebook. Je vous invite à jeter un oeil au blog qu’il a ouvert pour l’occasion).
Nous avons un « guide » qui nous fait couper toutes les files d’attente, la visite ne dure donc pas très longtemps ; seulement assez pour avoir envie de vomir.
Sur chaque attraction, il y a une plaque indiquant les dates de visites de Kim Jong Il et Kim Jong Un. Les imaginer là-dedans est plutôt drôle !
Nous rentrons ensuite à l’hôtel pour un dernier verre, après être repassé devant les monuments emblématiques de Pyongyang (l’arc de Triomphe, la Tour du Juché, Mansuadae) by night.
Jeudi 14 août
Ici s’achève mon premier séjour en Corée du Nord. Je ne suis pas du genre à pleurer sur le retour en France, puisque de toute façon tout a une fin, mais cette fois, j’ai vraiment du mal à partir. Surtout que la majeure partie de notre groupe en a pas encore fini et continue le voyage pour 2 ou 3 jours de plus.
Je leur dit donc au revoir de bon matin, puis me rend à l’aéroport de Pyongyang, que je découvre (puisque j’étais arrivé en train).
Comme vous pouvez l’imaginer, l’aéroport est tout petit : tout est regroupé dans une sorte de grand hangar (le guichet, l’immigration, les bagages, les portraits des leaders, etc.). J’ai voulu prendre une photo, mais je me suis fait engueuler par un soldat qui m’a demandé de l’effacer.
Pour passer le temps, je lis le Pyongyang Times, où j’apprends que les Etats-Unis ont déclaré la guerre nucléaire à la Corée du nord. Personne n’a l’air très affolé par cette nouvelle.
Après un vol sans problème sur Air Koryo, me voilà de retour à Beijing. Où ma première réaction est : « ça fait bizarre, je peux aller où je veux maintenant, il n’y a plus de guide avec moi ».
Dire que j’en viens à penser ça après 10 jours dans le pays. Imaginez pour les gens qui y passent leur vie…
FIN
j’avoue, un peu honteux, avoir pris le temps de découvrir ton blog avec beaucoup de retard. Quelle surprise, quel plaisir ! Je commence juste à « dévorer » tes récits (oui c’est le terme qui convient) et je me régale, merci beaucoup !
Ton aventure en Corée (oui j’ai bien lu, il faut dire Corée :p) m’a touchée et le ton que tu donnes à tes billets reflète ce que j’attends d’un récit de voyage, la sincérité, avec en plus des photos très belles et naturelles.
Alors merci Morgan de me faire partager tes voyages, il m’en reste plein à lire et je m’en réjouie d’avance !