Live report : les concerts de Rammstein à Puerto Vallarta – Nouvel an 2019

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Le groupe de metal allemand Rammstein a surpris ses fans en annonçant deux concerts surprise à Puerto Vallarta (Mexique) pour le nouvel an 2019. J’y étais, je vous raconte tout.

Exercice un peu particulier aujourd’hui. Je ne vais pas vous raconter une visite, mais les concerts de Rammstein à Puerto Vallarta (pour la visite de la ville, voir mon article dédié). Je suis allé au Mexique spécialement pour ça et ai écrit ce texte sur le forum de Rammsteinworld.com ; autant le recycler. Si vous ne connaissez pas le groupe, vous pouvez passer à l’article suivant ou reprendre une activité normale, car vous n’allez pas forcément comprendre grand chose.

█ 30 décembre 2018 : arrivée à Puerto Vallarta

Après trois jours de visite à Los Angeles, me voilà à Puerto Vallarta, sur la côte Pacifique du Mexique, pour l’événement musical de l’année (derrière la sortie de l’album posthume de Johnny et l’annonce d’un duo entre Till et Zaz) : le concert exclusif de Rammstein au bord de l’eau le 31 décembre.

Cet événement est à l’initiative des autorités touristiques locales, qui veulent attirer à Puerto Vallarta – station balnéaire très prisée des Américains – des groupes internationaux afin de profiter des difficultés de Cancún, de l’autre côté du pays, qui souffre de problèmes d’insécurité. « Venez à Puerto Vallarta, c’est safe, il fait beau toute l’année et on y fait venir des stars » : voilà l’idée.

Dès l’aéroport, les petits plats ont été mis dans les grands : à la descente de l’avion, des margaritas (le cocktail, pas la pizza) nous sont offertes et des personnes sont là pour nous orienter. Sur une carte, une hôtesse m’explique où est situé mon hôtel, où aura lieu le concert, et comment y aller en taxi ou Uber. Alors que je vais sortir, elle m’interpelle : « ¡Señor! Il y a un autre fan de Rammstein ici. » Un Danois, Jorrick, vient de débarquer et la dame nous propose donc de partager un taxi. Pourquoi pas. Et nous propose des shots de tequila pour fêter ça. C’est pas de refus.

Arrivé à mon auberge de jeunesse, je rencontre une vingtaine de fans, tous présents pour l’événement. La plupart sont mexicains, mais il y a aussi des russes, des allemands, des américains… On entend le soundcheck du groupe, qui jouera à quelques centaines de mètres d’ici. Vu les titres que l’on reconnaît, il n’y aura pas de surprises par rapport à la dernière tournée.

On décide d’aller jeter un œil aux répètes, mais elles sont terminées le temps qu’on arrive. Le site du concert est encore en construction, avec des ouvriers trimbalant des planches, des gens entrant et sortant du site juste par curiosité sous l’œil affable de gardes plus occupés à discuter, tandis que des familles sont installées tout autour pour regarder le manège. Drôle d’ambiance…

Le site est situé entre un grand hôtel (dont des clients se sont apparemment plaints sur TripAdvisor que le montage de la scène était bruyant), un immeuble en construction qui fera un bon point d’observation pour les gens qui n’ont pas de ticket, et la plage, dont l’eau est très bonne. Les personnes que l’on croise sont super excitées d’accueillir cet « événement historique » (n’exagérons rien, c’est pas non plus Michael Jackson au Reichstag en 1988) et honorés que des fans du monde entier aient fait le déplacement. Faut dire qu’avec des billets à 4600 pesos (205€), le concert ne s’adressait pas à Madame Gonzalez, la cousine mexicaine de Madame Michu.

Après un rapide tour des environs, puis un copieux dîner, nous revenons à l’auberge, un pack de bières sous le bras. Des enceintes Bluetooth crachent du Rammstein en boucle, au grand dam des employés de l’établissement qui commencent à saturer mais subissent sans rien dire car « le concert a ramené beaucoup de clients ». Les Mexicains présents prennent soin de nous (avec de la bière et de la tequila, forcément), ravis d’accueillir des fans étrangers. La plupart suivent le groupe depuis des années et les ont vus à plusieurs reprises – en fait, à chaque fois qu’ils sont passés dans le pays. Mais malgré l’excellente ambiance, ils se plaignent aussi que le concert est extrêmement cher pour eux et que le prix des consommations sur place, qui vient de fuiter, est abusé : 120 pesos (5€) pour une bière alors que le pack de 12 est à 130 pesos au supermarché. Alors que le site ouvre à partir de 14h le lendemain, avec des animations toute l’après-midi, beaucoup n’envisagent que de s’y rendre vers 18-19h, histoire de profiter de leur journée à un prix raisonnable.

█ 31 décembre, un nouvel an enflammé

En début d’après-midi, on se rend sur le site pour voir ce qu’il en est : les portes n’ont pas encore ouvert (il y aura plus d’une heure de retard), la file n’est pas hyper grande, et les stands de contrefaçons et de t-shirts moches et de très mauvais goût se préparent à la ruée : beaucoup de personnes arborent des t-shirts « Rammstein – Puerto Vallarta 2018 » plus ou moins réussis. C’est dommage que, partisans du moindre effort, le groupe n’ait pas fait un tshirt officiel pour l’événement : il n’aurait pas pu être plus moche que ceux-là et se serait vendu comme des petits pains.

On retourne à l’auberge descendre quelques godets en jouant à Cards against humanity avant de retourner en groupe sur le site du concert vers 18h. L’effervescence est à son comble et la sécurité a été bien renforcée depuis la veille, avec une double rangée de Robocop à l’entrée. Scan des billets, fouille, posé des bracelets et nous voilà à l’intérieur. Bonne surprise : c’est super bien foutu, avec énormément de toilettes (nous sommes seulement 5000 au total, et il y a autant de toilettes que dans certains festivals auxquels j’ai assisté en France), plusieurs stands de nourriture et de boissons, d’artisanat mexicain, et une grande zone VIP (400€ le billet) pour les premiers de cordée, comme on dit dans la start-up nation.

J’ai perdu la moitié des gens qui m’accompagnaient au moment d’entrer, mais je suis toujours avec Jorrick et fais la connaissance d’une fan venue spécialement de Los Angeles, Marina, et d’un fan mexicain, Jarl, avec qui je passerai une grande partie de la soirée. On papote, boit des bières, jusqu’à la première partie, le groupe américain 3Teeth, plutôt sympa. C’est l’occasion de voir qu’avec un public si restreint, peu importe que l’on soit au fond ou non, on verra très bien la scène : ça justifie un peu le coût du billet, car ils auraient facilement pu rajouter 3.000 personnes sur cette esplanade s’ils avaient seulement voulu faire du chiffre. Alors que la prochaine tournée aura lieu dans des stades, je me félicite d’être venu ici : moins de 5000 personnes, c’est plus humain que les 70.000 du stade de Munich ou les 80.000 de celui de Berlin, où je les verrai en mai et juin.

À 22 heures, le groupe entre sur scène, sur la désormais bien connue Rammvier. Pas de décompte : alors qu’on attendait, le rideau tombe d’un coup alors que commence la chanson. La scène étant restreinte et les lights réduits à leur strict minimum, Paul et Richard ne descendent pas du plafond, mais arrivent simplement en marchant. « Mexico, es beginnt, eine Melodie in Wind », chante Till, accompagné d’un public impressionnant qui n’arrête pas de chanter tout le long, que ça soit sur des morceaux prévus pour cela comme Links, Ich will ou Du hast, mais aussi d’autres plus calmes comme Seemann ou Ohne dich.

Le public est d’ailleurs ce qui sauve ce concert et en fait, pour nous tous, une excellente soirée, car le groupe fait strictement le strict minimum. Certes, je suis du côté de Richard, donc ça aide pas, mais les membres semblent vraiment en mode pilotage automatique, à part Paul qui, comme à chaque fois, fait de son mieux pour mettre l’ambiance. Évidemment, le fait que je connaisse le show par cœur et que j’ai vu certaines de leurs meilleures prestations sur ces tournées (Walbühne 2016 ou Nîmes 2017) me rend un peu blasé, mais d’autres fans m’ont confié avoir eu le même sentiment, même parmi ceux qui n’avaient pas vu cette tournée auparavant – voire n’avaient jamais vu le groupe.

D’ailleurs, moment amusant : juste avant Sonne, un Etat-Unien debout à côté de moi m’a dit « attention, ça va chauffer ». « Oui, je sais, je les ai déjà vus », j’ai répondu. Lui, en mode concours de bite : « c’est ma cinquième fois. » Moi, en mode t’es mignon mon grand : « c’est ma 27eme ». Lui, en mode ah oui quand même : « oh. »


L’absence de lumières dignes de ce nom s’est fait beaucoup ressentir sur Sonne ou Stripped, qui étaient magnifiques en 2017, mais aussi auparavant sur d’autres titres comme Mein Teil ou Amerika. La pyro, elle, était bien là : ni plus ni moins que sur les tournées précédentes. On a seulement eu le droit à un petit feu d’artifice à la fin de Stripped, avec un décompte bidon de Till qui, dès la fin de la chanson, nous a dit « 10 9 8 7 6 5 4 3 1 happy new year! » alors qu’il était 23h53. Oui, il a oublié le 2.

« ¿Quieren màs? ¿Quieren màs? » Sans surprise, le groupe est revenu sur scène à la fin du concert pour interpréter Te quiero puta, comme ils le font à chaque fois qu’ils passent en Amérique du Sud. Flake nous a fait sa meilleure imitation de joueur de trompette (là où n’importe quel groupe aurait fait l’effort d’inviter un trompettiste, au hasard un des mariachis qui étaient en coulisses), Till son playback de gars qui en a rien a foutre sur les Te quiero puta, et Paul a revêtu un poncho, pour un morceau sans grand intérêt où le public a encore une fois sauvé l’honneur en chantant les paroles avec énergie.

Till, Doom, Oli et Paul ont ensuite salué (Flake et Richard étaient sans doute en train de regarder leur compte en banque pour voir si leur cachet a bien été versé après cette prestation de commande), et tout le monde s’en est allé faire la fête en backstage. Des mariachis ont pris le relais sur scène : pendant 15 secondes, j’ai cru qu’ils allaient nous faire Wilder Wein version live aus Berlin, mais non, Till est juste revenu sur scène pour leur filer un micro. Je ne sais pas s’il se souvient que cette chanson existe, de toute façon.

Les mariachis nous ont fait leur numéro, devant un public survolté, puis nous sommes aller épancher notre soif à la buvette. Jarl s’était trompé en mettant des sous sur son bracelet (un système cashless était mis en place, avec impossibilité de récupérer l’argent après le concert, bonjour l’arnaque), on s’est donc retrouvés avec un tonneau de Corona à boire. Chose que nous avons fait, en toute logique, sur la plage, loin de Joe Letz qui faisait son DJ set (loin pour ne pas voir sa tronche, mais le set était vraiment très sympa). A 2h du matin, le site a commencé à fermer et la fête a continué ailleurs. Mais ceci est une autre histoire.

█ 2 décembre, le deuxième concert

Après une journée en bateau dans la baie de Puerto Vallarta, nous avions décidé de tenter d’aller au concert en trouvant des billets pas chers au marché noir. En effet, la seconde date a fait un tel flop que le prix des billets a officiellement été divisé par deux la veille du concert. Par un concours de circonstances, je me suis retrouvé tout seul 20 minutes avant le début du show, comme une âme en peine. En plus, je n’ai pas réussi à trouver de billet pas cher, tout simplement parce qu’il n’y avait pas un chat à l’entrée du site. Vraiment, le désert (par contre, y’avait foule sur le parking d’à côté, d’où l’on voyait la scène ). J’ai donc pris un ticket à l’entrée, « seulement » à moitié prix. 21h55. Je rentre, me met au milieu de la fosse, et à 22h le concert commence.

 

C’était évidemment la même setlist que le 31, et le groupe était toujours en pilotage automatique, mais bizarrement je l’ai trouvé plus respectueux, car ils ont fait le job. Là où lundi, ils donnaient vraiment l’impression d’être là à contrecœur, cette fois ils ont joué normalement et Till était bien plus dedans. C’est étonnant, parce que le 31, il y avait justement l’excuse du nouvel an pour qu’ils s’éclatent, mais ça faisait fake. Et pourtant, étant moi-même tout seul (et un concert tout seul, c’est quand même le summum de la tristitude), j’étais pas là avec la banane, à la base. Mais j’ai pris mon pied – on a beau dire, un concert de Rammstein, c’est quand même quelque chose (surtout quand on est du côté de Paul, pas de Richard).

Encore une fois, mention spéciale au public mexicain. Certes, ils chantent les paroles de manière complètement approximative semi-yaourt, mais putain, ils chantent, bougent, s’éclatent, tout en se respectant. C’est pas chiant comme un concert en Suisse, et c’est pas Verdun comme un concert en France.


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