Jour 5 : Cricova, la plus grande cave à vin du monde

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La viticulture est une tradition très ancienne en Moldavie. Le pays bénéficie en effet d’un sol fertile et d’un climat continental influencé par la mer Noire. Situé à la même latitude que la Bourgogne, il représente 1,9 % de la superficie du vignoble mondial total.

Vendredi 20 févrierStamps_of_Moldova_001En ce dernier jour de notre court séjour moldave, nous allons visiter un haut lieu de ce patrimoine viticole : le domaine de Cricova. Situé à une douzaine de kilomètres de la capitale, il s’agit du plus grand vignoble d’Europe et du principal producteur de vin du pays.

 

IMG_4959Cricova est un lieu prisé des touristes. Et pour cause : ses caves s’étendent sur des dizaines de kilomètres, dans une ancienne mine de calcaire. Enfin, pas tout à fait « ancienne » : sur les 120 kilomètres de galeries du lieu, la moitié sert à la fabrique de vin, le reste est toujours utilisé comme source de calcaire.

La visite se fait à bord d’un petit train électrique qui parcourt quelques unes des 70 rues de cette ville souterraine. Les rues ont toutes des noms de vin, d’ailleurs, et la France y est très bien représentée. L’organisation et la taille des galeries sont impressionnantes… Trop pour être honnêtes. Même si on nous assure le contraire, il est difficile de ne pas penser que la mine ait abrité, dans ses parties les plus profondes (100 mètres sous terre), des véhicules de l’armée rouge. N’oublions pas que nous sommes ici à quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec la Roumanie, qui ne faisait pas partie de l’URSS. La façon dont les galeries ont été taillées, les bureaux présents à intervalle régulièrement, ne ressemblent absolument pas à une simple mine. Mais ceci n’est que pure spéculation.

IMG_4944Sur des kilomètres, nous voyons donc des milliers de tonneaux et des millions de bouteilles. L’une des salles que nous visitons compte un million de bouteilles de vin pétillant, mis en repos afin que ses impuretés se déposent au niveau du goulot (cette partie sera ensuite gelée et l’amas de résidus expulsés de la bouteille sous la pression du vin). Pour faciliter le processus, des femmes sont chargées de tourner quotidien de 45° les bouteilles. À la main ! Elles peuvent tourner environ 300.000 bouteilles par jour.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERADans un second temps, nous descendons dans la « réserve nationale », qui compte aussi environ un million de bouteilles, dont certaines absolument hors de prix. Cricova a notamment récupéré, au lendemain de la seconde guerre mondiale, environ la moitié de la collection de vin d’Hermann Göring, le dignitaire nazi : 2.000 bouteilles, dont certaines estimées à 10.000 euros pièce.

Il y a aussi des bouteilles centenaires, des exemplaires uniques de cépages disparus… Mais essuyez ce filet de bave : cette collection a une valeur purement historique. Les vins aussi finissent par mourir. La durée de vie d’un bon blanc est de 25 ans. 50 ans maximum pour un vin rouge. Au-delà, ça devient du vinaigre.

Beaucoup des grands de se monde ont leur « cave » ici, soit parce qu’ils la louent, soit parce qu’ils se sont vu l’offrir en cadeau. Poutine, Merkel, Van Rompuy, John McCain et John Kerry… C’est le club Bilderberg de la vinasse.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERAOLYMPUS DIGITAL CAMERADernière partie de la visite, les salles de dégustation ou de réception, qu’il est possible de louer pour des réunions ou des séminaires.

Encadré à l’entrée, un message de Youri Gagarine, l’un des premiers visiteurs du lieu (selon la petite histoire, il se serait perdu dans les galeries). Il y écrit qu’il espère que chaque bouteille produite ici remportera un prix, et que s’il n’y a pas suffisamment d’or et d’argent sur Terre pour fabriquer les médailles, il ira en chercher sur la Lune et sur Mars. C’est mignon.

IMG_4943Nous terminons par une séance de dégustation d’un blanc, rosé, rouge et pétillant. Tous excellent, surtout rapporté au prix : 1,4€ la bouteille de très bon Merlot, ça ne se refuse pas.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA IMG_4947C’est la fin de ce séjour en Moldavie, et nous voilà en route vers la dernière partie du séjour : Bucarest. Notre train part à 16h30 et y arrivera demain, très tôt.

La plupart d’entre nous sont content de quitter la Moldavie et surtout Chisinau, ville « moche et sans intérêt ». Personnellement, je regrette que ce séjour ait été si court. J’avoue, ça tient énormément à la jolie rencontre que j’y ai faite, mais au-delà de ça, j’ai trouvé ce pays très intéressant au niveau politique et sociologique : le « cas » de la Transnistrie et les relations entre Moldaves des deux camps, les liens entre les Moldaves et leurs voisins (Russes, Ukrainiens, Roumains), la difficulté de vivre dans un pays où la monnaie peut perdre 20% en quelques heures, leur vision de l’Europe…

Certes, ce n’est pas le pays le plus fun qui soit, ni celui le plus facile à visiter. Mais en y venant, je ne m’attendais pas à arriver au Club Med ou au Japon.

IMG_4963Nous embarquons donc en milieu d’après midi pour un long voyage vers Bucarest. L’occasion de voir la campagne moldave, bien moins développée que Chisinau. La Moldavie est le pays le plus pauvre d’Europe, de très loin, et cela se voit dans les infrastructures. Par contre, il n’y a pas de mendiants dans les rues : peut-être est-ce dû à une plus grande solidarité entre les gens ou les générations ?

La gare de Chisinau.

La gare de Chisinau.

À 18h30, nous arrivons à la frontière. Contrôle extensif des passeports, fouille des bagages (pas trop en profondeur ; on n’est autorisés à n’avoir que deux bouteilles d’alcool fort, je passe sans problème avec quatre. Ils veulent surtout éviter le trafic de cigarettes).

Cette frontière marque la fin de l’ex-bloc soviétique… Le train doit donc changer ses roues, puisque l’écartement des voies n’est pas le même à l’est qu’à l’ouest.

Le processus est plutôt simple (je ne comprends pas pourquoi on ne nous demande pas de simplement changer de trains, mais bon…) : des vérins soulèvent chaque wagon, l’essieu 1 est retiré par l’avant du train et remplacé par l’essieu 2, qui glisse sous les wagons par l’arrière.

IMG_4979 IMG_4987Entre cette opération et les différents contrôles, nous devons patienter près de trois heures à la frontière. Quelques bières plus tard, il est temps d’aller nous coucher.

Impossible de voyager en groupe sans passer par la case "comparons nos passeports". Et voici le tampon que je rêve d'avoir un jour.

Impossible de voyager en groupe sans passer par la case « comparons nos passeports ». Et voici le tampon que je rêve d’avoir un jour.

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