Jeudi 31 juillet
À 9h, nous nous mettons en route vers le lac de Namtso, un lieu saint du bouddhisme tibétain. De nombreux fidèles se réunissent autour du lac pour une grande cérémonie qui s’y déroule l’année du mouton, tous les 12 ans. Il est dit que « quiconque se rend au lac Namtso verra son âme purifiée ».
Le lac est situé à environ 250 kilomètres de Lhassa, ce qui nous fait un chouette trajet de 5-6 heures dans la nature tibétaine.
Trajet rythmé par de petits villages, des torrents, des troupeaux de yak et quelques checkpoints de la police.
Le paysage est splendide ; en le contemplant, je me rends compte à quel point je suis chanceux d’être ici.
Nous entrons au bout d’un moment dans le parc national de Namtso. Ouvert en 2012, il s’agit du deuxième parc national du Tibet, après l’ouverture en 2010 de celui de Yarlung Zangbo. Ce parc vise à promouvoir des « méthodes de gestion avancées en matière de tourisme ».
On n’y trouve plus de bâtiments, mais simplement des habitats nomades.
Nous faisons un arrêt au col Na Genlan. A 5190 mètres d’altitude, c’est le point le plus haut de notre voyage. Presser le pas pour traverser la route me coupe le souffle. Même parler devient un effort important.
De l’autre côté du col s’étend une immense plaine baignée par le lac. Beaucoup de bergers viennent y faire paître leurs troupeaux durant l’été.
Culminant à 4 718 m au-dessus du niveau de la mer, Namptso mesure 70 km de long pour 30 km de large et couvre 1.920 km².
Il est souvent considéré comme le plus haut lac du Tibet, voire du monde, mais il est possible de trouver de plus petits lacs au-delà de 5.500 mètres d’altitude. Disons que c’est le plus haut lac du monde d’une superficie supérieure à 500 km².
Nous faisons un petit tour sur la berge avant de prendre possession de nos chambres. Habituellement, à la question « voulez-vous grimper sur la petite colline pour avoir une vue panoramique sur le lac ? », j’aurais répondu oui. Mais ici, non. Aucune d’entre nous n’en a la force. Le moindre mouvement demande un effort important et la moindre inspiration ratée (oui, c’est possible) ne pardonne pas, le souffle est tout de suite coupé.
Nous sommes dans une sorte de préfabriqué, sans eau courante et dont les toilettes sont les plus horrible que vous puissiez imaginer. Heureusement que nous sommes tous un peu roots (sinon on ne voyagerait pas avec YPT) car franchement, c’est absolument indescriptible. Mais c’est le seul hôtel du coin.
Une fois allongé dans mon lit, impossible d’en sortir.
Vendredi 1er août
Quel cauchemar. Je me suis réveillé ce matin en me disant : « plus jamais je ne boirai d’alcool », avant de me souvenir que je n’ai pas vu une goutte et que cette énorme gueule de bois est due au manque d’oxygène. Je n’ai plus qu’une envie : redescendre de cet endroit de malheur.
Nous devions aller voir le lever de soleil sur le lac, mais il a plu des trombes d’eau en continu depuis 2h du matin, notre projet est donc avorté.
Honnêtement, je n’en aurais de toute façon pas eu la force. Je me traîne en luttant contre les nausées de mon lit jusqu’à notre minibus, puis nous nous mettons en route vers Lhassa pour notre dernière nuit là-bas.
Le trajet se passe sans encombre (à part que notre chauffeur est un Fangio et que j’ai cru plusieurs fois qu’on allait y passer) et nous arrivons à Lhassa en milieu d’après-midi. C’est une résurrection : enfin, de l’oxygène !
Je profite de ces dernières heures à Lhassa pour écrire quelques cartes, puis vais me promener. D’abord dans le quartier musulman (qui ne diffère pas vraiment du reste de la ville, à part qu’il y a des mosquées) puis dans les ruelles adjacentes.
Je m’arrête aussi devant la base militaire chinoise, qui présente un étrange monument à l’entrée.
Mes compagnons vont ensuite terminer leur séjour en boîte de nuit ; pour ma part je retrouve la jeune fille rencontrée quelques jours plus tôt. Le début d’une longue histoire ?
Pour la symbolique de la statue, je pense que l’idée c’est que l’individuel ne compte pas; d’où les capuches sur la tête, pour l’anonymat. Ce qui compte c’est le groupe.