Jour 6 : Les musées de La Havane

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L’autoroute nous conduit de la ville du Che aux missiles de la crise d’octobre 1962, au musée du rhum et à celui de la révolution.

Samedi 30 avril

Je vais être honnête : il devient de plus en plus dur de se lever le matin. En plus, j’ai encore mes vertèbres en vrac depuis notre sortie à cheval.

La matinée est heureusement assez calme, puisqu’il s’agit de rallier la Havane par la fameuse autopista qui devait traverser le pays. Je n’avais pas remarqué à l’aller, mais elle est régulièrement enjambée par des ponts qui n’ont jamais été terminés. Représentation concrète de la débâcle soviétique : c’est l’URSS qui finançait sa construction.

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L’autoroute traverse des champs de canne à sucre qui s’étendent à perte de vue. On s’arrête pour en croquer un bout.

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En banlieue de Cuba, nous nous arrêtons près de la forteresse El Morro, qui gardait l’entrée de la baie (selon la légende, sa construction aurait coûté si cher que la reine d’Espagne Elisabeth II aurait tenté de la voir avec des jumelles depuis Madrid).

Outre une belle vue sur La Havane, le lieu est célèbre pour abriter un ancien bureau du Che. Il fit exécuter plusieurs personnes dans la forteresse.

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Ici s’élève aussi une statue géante du Christ, achevée peu avant la révolution, et qui lui a étonnamment survécu. Il faut dire que le régime castriste n’est pas officiellement anti-religions : plutôt que d’interdire le christianisme, il a simplement fait arrêter un grand nombre de prêtres pour activités politiques illégales. Ca a calmé les autres.

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Un peu plus loin, une esplanade est consacrée à la crise des missiles d’octobre 1962. Plusieurs missiles stratégiques nucléaires (évidemment inertes) sont exposés, ainsi que des panneaux explicatifs.

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Pour ceux qui ne sont pas familiers de cette histoire, revenons un peu en arrière. Quand Fidel lance sa révolution contre Batista, les Etats-Unis sont plutôt bienveillants avec lui – ils refusent par exemple de livrer des armes à Batista. Ce n’est qu’une fois au pouvoir que Fidel annonce que, « au fait, je vous ai pas dit, mais je suis marxiste-léniniste depuis que je suis étudiant », et lance une vague de nationalisation des entreprises et banques, dont les américaines. En réponse, les Etats-Unis décrètent un blocus commercial sur Cuba et soutiennent des groupes de dissidents (d’où l’épisode de La baie des cochons). En réponse, Fidel va chercher du réconfort auprès de l’URSS.

En 1962, les Soviétiques (qui ne disposent pas encore de missiles intercontinentaux et ne peuvent donc frapper les Etats-Unis) proposent d’installer des missiles nucléaires de moyenne portée, capables de frapper Washington, à Cuba. Les Etats-Unis, bien sûr, trouvent cela absolument inacceptable – alors qu’il est tout à fait normal qu’ils aient de leur côté installé des bases tout autour de l’Union soviétique.

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Finalement, alors que le monde est sur le point de basculer dans la troisième guerre mondiale, Kroutchev et Kennedy trouvent un accord et les missiles sont retirés de Cuba, à la grande rage de Castro qui n’était pas au courant des négociations et faisait, lui, pression sur Kroutchev pour atomiser les USA. Ce qui est intéressant, c’est que les concessions faites par les Etats-Unis à l’URSS (notamment le retrait de missiles en Turquie et Italie) doivent rester confidentielles : aux yeux de l’opinion, Kroutchev a donc capitulé en rase campagne. Pour beaucoup d’observateurs, cette crise est probablement la raison pour laquelle il a été renversé deux ans plus tard, après avoir perdu tout crédit.

Pour l’anecdote, l’accord de retrait ne portait que sur un type de missiles, alors que les soviétiques en avaient apporté plusieurs, ce que les Américains n’avaient pas remarqué. Castro proposa donc aux soviétiques de jouer aux plus malins et de ne retirer que les missiles concernés par l’accord. Le représentant soviétique à Cuba, voyant qu’il avait affaire à un fou furieux, improvisa et répondit à Fidel qu’en vertu « d’une loi soviétique secrète (c’est pour ça que personne n’en a entendu parler), il est impossible de transférer de la technologie nucléaire à un autre pays ». Fidel mangea son chapeau et déclara au monde entier que de toute façon, personne ne pourrait prendre aux Cubains leur arme la plus puissante : des « projectiles moraux à longue distance ». Prière de ne pas rire.

Nous nous rendons ensuite au musée du rhum, où l’on nous explique comment est fabriqué le fameux Havana Club. La visite est assez rapide, peut être un peu trop : on n’y apprend pas grand chose. De toute façon, le procédé est grosso-modo le même que celui d’autres alcools forts, comme le whisky. Par contre, le musée est dans une belle bâtisse coloniale.

Fort logiquement, la visite se termine par une dégustation.

Autre visite par laquelle nous poursuivons : celui de la révolution. L’endroit est plutôt joli, mais le musée proprement dit est à l’image de Cuba : décrépit. Il est situé dans l’ancien palais du dictateur Batista (tous les présidents cubains de 1913 à 1957 ont résidé dans ce palais), construit en 1913 par les architectes Paul Belau et Carlos Maruri.

On peut y voir, entre autres, le yacht Granma de 18 m de long, utilisé par Fidel Castro, Che Guevara et 80 guérilleros pour rejoindre Cuba en 1956.

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Amusant, on y trouve aussi le « coin des crétins », qui rend hommage à Ronald Reagan, Batista, George W. Bush et George Bush Sr.

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Finalement, nous prenons possession de nos chambres pour la fin du séjour et décidons d’aller faire la fête pour célébrer ma dernière nuit ici (les autres partent lundi, sauf Jim qui reste deux semaines de plus).

On commence par aller boire un mojito dans le fameux hôtel Nacional :

Puis, en limousine, nous partons dans un des meilleurs restaurants de la ville. En fait, on est tous tellement crevés après cette semaine de visites et de fiesta que nous nous endormons presque sur notre assiette. Il n’est même pas 1h lorsque nous nous écroulons sur notre lit pour quelques heures de sommeil. Demain, levé aux aurores pour le défilé du 1er mai.

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