Jour 5 : Santa Clara, la ville du Che

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Il n’y est pas né, n’y a pas vécu et n’y est pas mort, mais Ernesto Guevara a mené une attaque décisive à Santa Clara. La ville est donc dédiée à sa mémoire.

Vendredi 29 avril

Santa Clara est située à l’extrême centre de Cuba. Pour l’anecdote, un village appelé Cubakhan (ce qui veut dire « milieu de Cuba » dans une langue indigène) se trouvait là avant. Quand Christophe Colomb y est arrivé, il pensait avoir découvert le « village des Khans » de Mongolie. L’agence de tourisme de l’Etat s’appelle aujourd’hui Cubacan.

Un timbre mongol représentant Arnaldo Tamayo, premier cosmonaute cubain.

Un timbre mongol représentant Arnaldo Tamayo, premier cosmonaute cubain.

Avant d’y arriver, nous nous arrêtons dans une ferme dont Alistair connaît la famille et qui produit du tabac. Ils nous présentent leur processus de fabrication, mais sans nous vendre quoi que ce soit : il ne s’agit pas d’une usine de cigares, ils ne s’occupent que de la récolte du tabac.

La route jusqu’à Santa Clara est plutôt jolie, avec une alternance de collines et de petites villes qui ne voient jamais de touristes.

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La plupart des villages que nous traversons sont en pleine préparation du « Primer del Mayo », le 1er mai. La fête des travailleurs est, à Cuba, la fête la plus importante de l’année ! Les banderoles, slogans, affichettes couvrent toutes les devantures du moindre village.

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C’est sous un soleil de plomb que nous arrivons dans une Santa Clara en pleine effervescence. Sur la place de la révolution s’élève le mémorial dédié à Ernesto « Che » Guevara. Il a été érigé en 1987 pour commémorer le vingtième anniversaire de son exécution en Bolivie.

Sous la statue se trouve un mausolée très digne et intimiste où se trouve les restes du Che et des 38 guérilleros tués le jour où il a été arrêté.

Un petit musée présente quelques uns de ses effets personnels, avec très peu d’explications sur la personne. Je suppose que c’est inutile dans un pays où chaque matin, les écoliers débutent leur journée en proclamant « Seremos como el Che » (Nous serons comme le Che). Enfin, le lieu est complété d’un cimetière où sont enterrés ses compagnons d’arme, au fur et à mesure de leur décès (il reste des places libres).

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Si Santa Clara est devenue la ville officielle de Guevara, c’est parce qu’elle a été le théâtre d’une action décisive des révolutionnaires. Le 29 décembre 1958, avec seulement 18 hommes, il s’est emparé d’un train blindé transportant des munitions et 350 soldats de Batista, après avoir bloqué la voie avec un bulldozer.

C’est cette courte bataille (les soldats ayant rapidement pris le parti des guérilleros) qui fit comprendre à Batista que la partie était perdue. Le 1er janvier, il s’exila vers la République dominicaine avec plusieurs dizaines de millions de dollars dans sa valise puis s’installa tranquillement en Espagne, où il vécut jusqu’à sa mort en 1973.

Quelques wagons du train capturé par les rebelles abritent une exposition sur cette bataille.

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Non loin, devant un bâtiment officiel, une statue grandeur nature du Che a été installée. Amusant : pendant que nous y étions, quelques touristes accompagnés d’un guide cubain sont arrivés. Il a fait son speech pour présenter la statue et s’est éloigné pour les laisser prendre des photos. Pendant ce temps, Alistair nous a rappelé quelques aspects moins louables du personnage (en gros, que c’était un extrémiste sanguinaire qui n’a pas hésité à exécuter des dizaines d’innocents). Réaction d’une des touristes de l’autre groupe : « Notre guide nous a pas du tout mentionné cet aspect-là du personnage, merci pour l’information. » Tu m’étonnes, son histoire doit être tout à fait irréprochable pour les Cubains.

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Détail intéressant : la statue, chargée de symboles, a une fente à l’arrière. C’est pour dénoncer le fait que cet homme qui voulait abolir l’argent soit devenu une cash machine avec sa tête sur des sacoches à 80 euros.

On en profite pour faire une petite photo de groupe :

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À part ces monuments, il n’y a pas grand chose à faire à Santa Clara et les touristes ne font généralement qu’y passer pour voir le train et le mémorial. De mon côté, j’ai trouvé son centre-ville assez intéressant, avec de beaux exemples d’immeubles de style art nouveau.

Le Parque Vidal, parc central de la ville, est aussi très chouette. Il est notamment flanqué du Teatro La Caridad (1885), l’un des trois grands théâtres provinciaux (avec ceux de Cienfuegos et de Matanzas).

Comme La Havane, la ville peut aussi compter sur son « Palais des glaces », dans un bâtiment très soviétique. Astuce : pour faire passer la pilule quand on devient dictateur, une option efficace est d’offrir de la glace à la fraise à la population.

Egalement, une pharmacie qui n’a semble-t-il pas bougé depuis 50 ans :

A l’heure de l’apéritif, nous nous rendons dans d’anciennes ruines pour un mojito, avant d’aller diner dans un superbe établissement.

Les différentes boîtes de nuit étant bondées, nous décidons ensuite de faire le plein de bières à la cafétéria El Rapidó, haut-lieu de la nuit cubaine – l’équivalent de nos épiceries arabes lorsqu’il s’agit de trouver une bouteille à 3h du mat’. Bien équipés, nous passons une bonne partie de la nuit dans le parc, avec la jeunesse cubaine, des dealeurs de Wifi, quelques ivrognes un peu collants chantant « Born in the USA », et des prostituées qui veulent mettre la main sur Franck.

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