La deuxième plus grande ville d’Italie n’est pas aussi intéressante que Rome ou Florence. Ça tombe bien, je n’ai pas beaucoup de temps à lui accorder.
Auferstanden aus Ruinen
Glück für Menschen und Maschinen
Eilt herbei von fern und nah
Wir sind wieder da!
Ja – Nein – Rammstein
Mais nous ne sommes pas là pour parler de cela. Quitte à avoir fait tant de route pour venir à Milan, nous (moi et deux potes) avons décidé de jeter un œil à la ville. Enfin, eux seraient bien rentrés en France après le concert, mais j’ai insisté pour rester au moins une journée.
Fondée à l’Antiquité par un peuple celte (les Insubres), Milan est la seconde ville d’Italie en nombre d’habitants, mais aussi l’agglomération la plus importante du pays (7,1 millions d’habitants). Elle est située au sud de la « banane bleue », la dorsale européenne densément peuplée qui relie Londres à Milan (et dont la France n’a que faire, ce qui permet à la Suisse d’en récupérer tous les bénéfices). A ce titre, la ville est particulièrement riche.
Riche, mais pas très intéressante niveau touristique, surtout si on la compare aux splendides Rome et Florence, et même à Naples. Milan est l’une des capitales mondiales de la mode, elle est donc surtout prisée pour des sorties shopping, pas vraiment pour de la visite. En une journée, il est donc possible d’en faire rapidement le tour si, comme moi, c’est cela qui vous intéresse.
Je tente tout d’abord, dans la matinée, de me rendre à l’église Santa Maria delle Grazie, où l’on peut voir La Cène, la célèbre peinture murale de Léonard de Vinci. Réalisée de 1494 à 1498 pour le réfectoire du couvent dominicain, elle représente le dernier repas que Jésus-Christ prit avec les Douze Apôtres le soir du Jeudi saint. Si aujourd’hui elle est considérée comme l’une des peintures les plus importantes du maître, ça n’a pas été toujours le cas : la preuve, au XVIIe siècle, les moines n’ont pas hésité à percer une porte dans le mur du réfectoire, détruisant le bas de la fresque. Puis, à la fin du XIXe, lors de l’occupation de la Lombardie par l’armée napoléonienne, le réfectoire fut transformé en écurie. Le bâtiment fut ensuite gravement endommagé par les bombardements alliés en 1943.
Aujourd’hui, ça a bien changé et la peinture est l’objet de toutes les attentions. Pour la voir, il faut s’organiser très en avance ! Ainsi, lorsque j’arrive comme une fleur devant le guichet, on m’explique que tous les tickets ont été vendus. Si je veux, il en reste un disponible pour le 3 août à 10h… c’est-à-dire dans deux mois !
Dépité, je vais alors visiter le deuxième (et dernier) monument majeur de Milan : le Duomo. Cette fois, je ne suis pas refoulé au guichet et paye 11 euros pour voir l’intérieur du monument et ses terrasses.
Le Duomo (la cathédrale, comme on dit par chez nous) est la deuxième plus volumineuse église d’Italie, après Saint-Pierre de Rome, et la troisième au monde, après la cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville. Elle est principalement gothique, mais paye le prix de ses six siècles de construction (1386-1892) avec de multiples influences architecturales et styles de sculptures italiennes.
Tout en marbre blanc et surmontée de centaines de statues, la façade est spectaculaire.
Mais c’est surtout l’intérieur qui me laisse sans voix – eh oui, je suis plus granit que marbre. Une volée de 52 piliers soutient la voûte, à près de 50 mètres de hauteur. Ici encore, le regard se perd parmi la multitude de statues, dont une de Saint-Barthélemy par Marco d’Agrate.
Après avoir explosé l’intérieur, je fais quelques minutes la queue pour emprunter l’escalier vers le toit de la cathédrale. Flâner parmi les 136 flèches du monument, sous le regard bienveillant de la Madonnina, cette statue en cuivre doré qui veille sur la ville à 108 mètres de hauteur est un moment indispensable pour les visiteurs de la ville.
A quelques pas de la cathédrale s’étend le splendide passage Vittorio Emanuele II. Due à l’architecte Giuseppe Mengoni, elle fut construite entre 1867 et 1878 et relie la place du Dôme à la Scala. Cette monumentale galerie en forme de croix compte aujourd’hui un grand nombre de boutiques de luxe et est l’un des plus beaux lieux de Milan.
En la traversant, nous arrivons sur la place du théâtre de la Scala. Je suis un peu déçu, je m’attendais à un bâtiment plus prestigieux, à l’image de l’opéra Garnier. Il faut dire que je n’ai pas la possibilité de le visiter : à l’intérieur, ça doit être autre chose… Et c’est tout de même une salle de renommée internationale : quel dommage que je ne puisse y assister à une représentation !
Derrière la Scala, nous marchons dans le vieux quartier de la Brera, avec ses rues étroites et ses vieux bâtiments. C’est ici que se trouve la Pinacothèque de Brera, le plus important musée de la ville, mais encore une fois, je n’ai pas le temps de m’y rendre (comme quoi, il vaut mieux prendre deux jours pour Milan).
Nous continuons notre marche – entre temps, nous avons croisé deux amis qui étaient au concert et nous rejoignent dans notre visite – jusqu’au Castello Sforzesco, le château des Sforza. Cette forteresse militaire du XIVe, transformée en résidence ducale à l’époque des Visconti (XIV-XVe siècles) puis en caserne militaire, est devenue un lieu d’art à la fin du XIXe siècle. Cet immense et austère édifice n’abrite rien de moins qu’une dizaine de musées et trois bibliothèques.
Je choisis de ne visiter que le musée d’art ancien, qui présence environ 2000 sculptures de la basse Antiquité jusqu’au Moyen-Age. Citons, parmi les pièces notables, l’Amande avec le Christ rédempteur (fin du XIVe) et surtout le monument funéraire de Gaston de Foix, commandé par François Ier à Bambaïa.
Une aile est dédiée à la Pieta Rondanini, la dernière œuvre (restée inachevée) de Michel-Ange.
Derrière le château, on termine notre journée en prenant un verre dans le parc Sempione. Utilisé comme terrain de chasse sous le règne des Visconti, ce grand parc a pris sa forme actuelle au XIXe siècle. Il mène à l’Arche de la Paix, un arc de triomphe célébrant les victoires napoléoniennes. Commencé en 1807, il a vu sa construction arrêtée à la chute du Royaume d’Italie, avant d’être achevé en 1838.
Cette longue balade terminée, nous partons tous les cinq boire l’apéro et dîner, avant de reprendre la route pour Lucerne, en Suisse. Pour à nouveau voir Rammstein. L’intérêt ? Le concert est légèrement différent, avec une chanson en moins et une autre rajoutée. Le rodage devrait être terminé avant leur venue à Paris, le 12 juin.