Jour 1 : premiers coups de roue à La Havane

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L’enfer : l’aéroport de La Havane. Le paradis : boire un verre sur le front de mer.

Lundi 25 avril

Du Venezuela à Cuba, via les Pays-Bas, en cinq heures. L’astuce ? Une escale à Curaçao, territoire néerlandais dans la mer des Caraïbes.

Comme énormément de voyageurs, je me suis précipité à Cuba pour en profiter avant le débarquement américain. Depuis la détente avec les Etats-Unis, l’année dernière, le tourisme a bondit de 17%… et le nombre d’arrivées d’Américains de 76% !

Mais s’ils veulent attirer les touristes, et surtout les faire revenir, il va falloir faire des efforts sur l’accueil, dès l’aéroport.

L’aéroport de la Havane est un cauchemar et mérite bien sa note de 3/10 sur Skytrax. Si vous avez la chance de ne pas attendre une heure sur le tarmac sous un soleil de plomb, vous n’échapperez pas aux contrôles de sécurité pour entrer dans le bâtiment (alors que vous sortez tout juste d’un avion et avez déjà été fouillés au départ). L’immigration passe étonnamment assez rapidement (« avez-vous été récemment en Afrique ? » « Non. » « Parfait. Bon séjour. » À cause d’Ebola), puis vous devrez encore faire la queue pour remplir un certificat médical (astuce : demandez-leur un stylo et ils vous laisserons passer. Je l’ai fait deux fois).

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Une maternité croisée entre l’aéroport et La Havane.

Là, vous pouvez sortir un bouquin ou regarder un film sur votre tablette le temps que les bagages arrivent. Personnellement, j’ai regardé Hanamonogatari (1h45) sur Wakanim. En moyenne, les bagages mettent une heure et demi à arriver, mais ça peut atteindre trois ou quatre heures. Notons qu’on parle de l’aéroport d’un pays où il fait régulièrement 35 degrés, et où évidemment la climatisation n’est pas fonctionnelle. Enfin, dernière file : la déclaration à la douane (l’astuce du stylo marche aussi pour aller plus vite et ne rien remplir).

La première chose à faire à l’aéroport est de changer de l’argent (45 minutes de queue) pour récupérer des Pesos convertibles (CUC). Car il y a deux monnaies à Cuba : la monnaie locale (qui a un taux de $1 = 24 pesos) et la monnaie touristique, indexée sur le dollar (taux de 1:1). Cela permet au gouvernement de garder des prix faibles sur certains produits du quotidien tout en maintenant des prix élevés sur les services pour touristes ou des denrées importées. Vous allez me dire : « pourquoi ne pas directement accepter les dollars, comme en Corée du Nord ? ». C’était le cas avant 1994, mais pour un pays anti-impérialiste, ça ne faisait pas très sérieux, d’où la création de cette seconde monnaie.

Voila, une fois tout cela accompli, le séjour commence enfin. Je fais la rencontre de Brendan, qui voyagera avec moi, et nous nous mettons en route vers La Havane. Et autant y aller avec style : plutôt qu’un simple taxi, notre trajet se fait en Chevrolet décapotable de 1952. C’est lent, ça pétarade, mais c’est la grande classe. L’un de mes premiers étonnements à Cuba est d’ailleurs le nombre de ces vieilles voitures. Le nombre de modèles chinois a toutefois fortement augmenté ces dernières années.

Le trajet est assez long, mais permet de découvrir la ville, et surtout sa banlieue. Puisqu’on loge en plein centre historique, j’en profite pour zieuter les bâtiments, les voitures et les piétons : je confirme, nous sommes bien dans les années 1950 !

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Le taxi ne nous dépose pas à l’hôtel, mais dans une « casa particular », un logement chez l’habitant – l’une des rares activités économiques autorisées aux Cubains. Depuis les années 1990, il s’en est ouvert environ 12.000 sur l’île. C’est une alternative intéressante aux hôtels : parce que c’est meilleur marché, certes, mais surtout car c’est plus authentique et ça facilite les rencontres avec les habitants. Attention toutefois, c’est une activité très réglementée, et à chaque arrivée dans une casa, il nous faudra signer le « livre de Big Brother », que le gouvernement vérifie régulièrement. La notre dispose d’une vue plongeante sur la mer et l’hôtel Nacional, le plus célèbre de la Havane.

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« Morgan ! Comment vas-tu ? » Je reconnais l’accent anglais d’Alistair, directeur de Cuban Pioneers – société sœur de Young Pioneer Tours (YPT). Alistair, souvenez-vous, fut mon guide à Tchernobyl il y a un an.

Contrairement au Venezuela où je voyageais seul, je serai cette semaine avec un groupe. Assez petit, comme c’est généralement le cas avec YPT : c’est plus agréable et donne moins l’impression d’être du bétail. Nous sommes huit : Alistair, un néerlandais appelé Roy, l’américaine Dominica, seule fille du groupe, et quatre autres Américains : Brendan, du Wisconsin (il parait qu’ils ont du fromage là-bas), Jim, un fana de trains, et Franck et Ross, père et fils originaires de l’Indiana.

Dominica is so cool. She’s my new best friend. I will always remember her and will visit her in New York City.

Ca, c’est Dominica qui vient de me piquer mon téléphone. Par ailleurs, j’en profite pour signaler que Brendan a aussi un blog de voyage, et qu’il est à peut près autant en retard que moi pour le mettre à jour : https://yuppietravels.wordpress.com/

Le "Habana libre", célèbre hôtel de la ville.

Le « Habana libre », célèbre hôtel de la ville.

Après tant de files d’attente depuis ce matin, ma seule volonté est maintenant de me poser pour boire le premier mojito du séjour. Nous descendons donc sur La Rampa, principale rue de la ville, nous poser sur une terrasse et se raconter les derniers potins – les voyageurs de YPT sont une grande famille (Brendan était d’ailleurs en Corée du Nord en même temps que moi, avec un autre groupe). En parlant de potins, l’une des premières questions d’Alistair est : « comment va ta Moldave ? » C’est une longue histoire… Par ailleurs, Miss Pang, ma super guide nord-coréenne, s’est mariée et a arrêté le tourisme.

Nous nous rendons ensuite au « Palais des glaces », une structure à l’architecture bauhaus de l’architecte Girona dédiée à la consommation… de glaces. Ça a été construit dans les années 1960 par le gouvernement pour pousser à la consommation de produits laitiers. Pour quelques centimes, on se voit servir une large portion. Chaque jour, plusieurs milliers de personnes y passent.

Puis arrive l’heure du dîner : au restaurant Laurent, l’un des meilleurs de la ville. La petite-amie cubaine d’Alistair, Marlène, nous rejoint pour pratiquer son anglais, et pour que nous pratiquions notre espagnol.

La nuit continue ensuite sur le Malécon, le front de mer. Bière, rhum et des Cubaines représentant la sensualité à l’état pur. Un petit air de paradis.

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