Du Mont Nébo jusqu’à la réserve de Dana, le long des rives de la mer Morte (jour 2)

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Des sommets bibliques au point le plus bas sur Terre, la région de la mer Morte offre des panoramas exceptionnels.

Vendredi 27 janvier

C’est sous une pluie battante que nous quittons Madaba. Après un rapide arrêt chez Carrefour, pour jeter un œil aux particularités locales et (surtout) faire le plein de bouteilles d’eau (officiellement l’eau est potable en Jordanie, mais bizarrement on préfère ne pas tester), nous prenons la direction du Mont Nébo, à 10km de la ville.

Pour ceux qui ont oublié leur catéchisme, le Mont Nébo est le lieu où Dieu aurait révélé à Moïse la Terre promise, et également l’endroit où le prophète serait mort à l’âge de 120 ans (mais l’emplacement de son tombeau est inconnu). Le lieu, comme le château d’Ajlun vu la veille, est très célèbre pour sa vue panoramique sur la mer Morte, les monts de Judée et jusqu’à l’oasis de Jericho. Vue partiellement masquée aujourd’hui par les nuages et le mauvais temps (décidément, ça commence mal !). On se promet de revenir ici un jour où il fera beau.

Mont Nébo JordanieMont Nébo Jordanie

Deutéromone 34 :
– Moïse monta des plaines de Moab sur le mont Nebo, au sommet du Pisga, vis-à-vis de Jéricho. Et l’Éternel lui fit voir tout le pays :
– Galaad jusqu’à Dan, tout Nephthali, le pays d’Ephraïm et de Manassé, tout le pays de Juda jusqu’à la mer occidentale, le midi, les environs du Jourdain, la vallée de Jéricho, la ville des palmiers, jusqu’à Tsoar.
– L’Éternel lui dit : C’est là le pays que j’ai juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob, en disant : Je le donnerai à ta postérité. Je te l’ai fait voir de tes yeux ; mais tu n’y entreras point.
– Moïse, serviteur de l’Éternel, mourut là, dans le pays de Moab, selon l’ordre de l’Éternel.

Sur le sommet du mont se trouve la basilique de Moïse, datant du IVe siècle. Il n’en reste plus grand chose, à part un sol en mosaïques posé en 531, à l’époque où l’église devint basilique. Nous en sommes au deuxième jour de notre séjour, et déjà Steven et Matthieu me chambrent sur mon fétichisme des mosaïques. Ils ne savent pas ce qui les attend, gniark gniark gniark.

Mont Nébo mosaïque

Mont Nébo Jordanie

« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle » (Jean 3,14) Cette sculpture est une référence au serpent d’airain, aux vertus curatives. Il est d’ailleurs resté le symbole des pharmaciens…

Nous poursuivons notre route en allant dans un premier temps en direction des sources chaudes de Ma’In. A l’entrée, nous sommes refroidis : le ticket est à 15JD (20 euros) par personne. « Du vol ! », prévient le Routard. Nous faisons donc demi-tour. Le détour n’aura toutefois pas été inutile, car la vallée est splendide, cinquante nuances de rouge et d’ocre.

Mer morte Jordanie

Notre voiture en fâcheuse position.

Notre voiture en fâcheuse position.

En poursuivant quelques minutes vers l’ouest, nous atteignons le Dead Sea Panoramic Complex (entrée : 2JOD ; non inclus dans le Jordan Pass). Comme son nom l’indique, il s’agit d’un complexe (musée, restaurant, salles de conférence…) perché en haut de falaises surplombant la mer Morte à 600 mètres de hauteur. Un sentier d’un kilomètre offre des vues à couper le souffle, avec Israël à l’horizon. Malgré un vent a décoiffer un chauve et un soleil timide, la promenade est magique, chaque point de vue nous éblouissant autant que le précédent. Un arrêt immanquable.

Arrive enfin le moment où nous descendons jusqu’au rivage de la mer Morte, ou du moins de ce qu’il en reste. Située à 424 mètres en dessous du niveau… de la mer, la mer Morte à une superficie de 640 km2, contre 950 km2 au début du XXe siècle. Elle perd un mètre de profondeur par an et pourrait avoir quasiment disparue en 2050, à cause de l’évaporation naturelle qui n’est plus compensé par le fleuve Jourdain. Ce dernier est pompé à 90% (dont 60% par Israël) avant d’atteindre la mer.

Cette diminution du niveau de l’eau entraîne logiquement une augmentation de son taux de sel, 10 fois plus élevé que dans l’océan. D’où le nom de mer Morte, puisque qu’aucun poisson ne peut y survivre (ce n’est donc pas lié au fait qu’elle-même soit en train de périr). La densité de l’eau rend aussi la flottaison meilleure, mais malgré nos maillots de bain à la main, nous n’avons pas sauté dans l’eau : le vent la rend plutôt agitée et nous démotive complètement. Et pourtant, nous avions trouvé un endroit à peu près propre (c’est l’un des aspects qui nous a le plus choqué dès notre arrivée : la Jordanie est extrêmement sale, il y a des déchets absolument partout) et surtout gratuit pour nous baigner. Un autre fois peut-être… (NB : la baignade aura finalement eu lieu lors du dernier jour de notre séjour).

Outre la baignade, notre autre regret du jour (voire du séjour) sera de ne pas avoir pu marcher dans le canyon de Wadi Mujib, « fermé pour l’hiver » d’après l’homme au guichet. Cette information n’apparaît nulle part, impossible de savoir si c’est vrai ou si nous n’avons pas eu de chance (NB : après vérification, il semble qu’un seul sentier soit ouvert en hiver, mais n’est praticable d’avec un guide, pour les groupes de 5 personnes minimum, à 8h du matin. Bref, allez-y en été).

Qu’à cela ne tienne, nous continuons à rouler vers le sud, jusqu’à ce qu’un panneau indiquant le « Lowest place on Earth museum » attire notre attention. Il n’y a vraiment pas grand chose à y voir, nous ne traînons pas.

Le rivage au sud de la mer est étonnant : alors que jusqu’à présent prédominait le rouge, le paysage se pare maintenant de blanc, comme des badlands. À notre droite, la mer a totalement disparu. Il ne reste qu’une plaine blanche, investie par les usines de brome et de potasse.

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Nous bifurquons finalement vers l’est, pour nous rendre vers Dana, notre destination du jour. Sur une cinquantaine de kilomètres, nous grimpons et descendons plusieurs cols, avec encore des paysages sublimes, bientôt invisibles une fois la nuit tombée.

Réserve de Dana

Il est alors primordial pour moi de rester concentré sur la route, car non seulement il fait nuit, mais en plus ces routes de montagne ne sont pas éclairées, n’ont pas de lignes blanches, et sont fréquentées par des Jordaniens qui, eux, savent où ils vont mais ne savent toujours pas conduire correctement. Pour couronner le tout, il se met à pleuvoir.

Nous arrivons en fin d’après-midi dans le petit village de Dana, sous une tempête digne d’un hiver finistérien. Le vent, la pluie et le froid nous glacent le corps. Heureusement, nous sommes chaleureusement accueillis au Dana Tower Hotel avec un thé et un excellent dîner. Dehors, la pluie mélangée à de la neige alterne avec des averses de grêle, et le vent gronde entre les bâtiments.

Le Roi de Jordanie (enfin, je pense) veille sur nous : faudrait pas qu'on se saoule au thé vert !

Le Roi de Jordanie (enfin, je pense) veille sur nous : faudrait pas qu’on se saoule au thé vert !

Après quelques discussions, chants et photos, nous nous glissons au lit, dans une chambre dépourvue de chauffage (comme tout l’hôtel, glacial – pour cette raison, je ne le recommande pas). On a bien des fioles de Cognac pour nous réchauffer, mais elles étaient un peu petite… Alors que j’écris ces mots, du fond de mon lit, ma respiration crée de la buée. Dire qu’il y a un an, j’étais aux Seychelles…

Informations pratiques

Mont Nébo :
– Y aller : 10 minutes depuis Madaba, 30 minutes depuis Amman
– Tarif : 2JD, non inclus dans le Jordan Pass
– Horaires : 9h à 19h en été ; 9h à 17h en hiver

Dead sea panoramic complex :
– Y aller : 40 minutes depuis Madaba ou 1h depuis Amman
– Tarif : 2JD, non inclus dans le Jordan Pass
– Horaires : 9h à 17h en été ; 9h à 16h en hiver

Lowest place on Earth museum :
– Y aller : le musée se trouve au sud-est de la mer Morte
– Tarif : 2JD, inclus dans le Jordan Pass
– Horaires : 9h à 17h en été ; 9h à 16h en hiver

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