Dimanche 14 octobre
Lever à 6h15. La nuit a de nouveau été fraîche et humide… Repliage rapide de la tente et direction Monument Valley, à 1h de route, avec un arrêt au supermarché de Kayenta (ah, les joies des magasins ouverts dès 7h du matin ! Comme quoi, le capitalisme à du bon (oui, je trolle un peu)) pour acheter de quoi faire des sandwichs. C’est à dire un ersatz de fromage, un ersatz de jambon et un ersatz de pain. Je commence à comprendre les problèmes de poids des Américains : hey, les produits moins transformés sont pas plus mauvais !
A Monument Valley, je décide de faire le Valley drive (17 miles) en voiture. À la base, je comptais prendre un guide. Cela permet de visiter des endroits fermés au public. Les prix m’en ont dissuadé. Si, selon le Routard, la balade de 5 heures était à 70 dollars en 2010, elle est aujourd’hui à 150 dollars ! De toute façon, le guide présent au guichet me prévient que tant que son pick-up ne sera pas rempli, il ne partira pas. Vu que je suis tout seul pour le moment, et que son véhicule fait 10 places, j’en ai sans doute pour la journée…
La piste est en bon état, donc ce n’est pas plus mal d’utiliser la voiture. D’autant que cela permet de faire des arrêts où je veux, pour le temps que je veux. Et y’a de quoi faire, avec des formations géomorphologiques aussi belles qu’impressionnantes. Ce n’est pas pour rien que le lieu a servi de décor naturel à un grand nombre de films, des westerns (La chevauchée fantastique, La prisonnière du désert, Il était une fois dans l’ouest, etc.), mais aussi Retour vers le futur III, Forrest Gump, Easy Rider ou même le biopic consacré à Mesrine, L’instinct de mort.
Personnellement, j’ai plus tendance à me prendre pour John Wayne que Forrest Gump.
En sortant du site, je prends deux Navajos en stop sur une trentaine de kilomètres. Ils me racontent les difficultés qu’ils ont à trouver du travail dans la réserve – à part berger ou guide pour touristes (ce qui est un peu pareil), y’a rien, m’explique-t-ils – et du défi qui consiste à faire en sorte que les jeunes générations n’oublient pas leurs racines et leur langue.
Pourtant, les Navajos sont plutôt bien lotis par rapport à d’autres tribus : ils sont nombreux (200.000) et leur réserve fait la taille de la Belgique. Mais comme chez la plupart des tribus indiennes, la pauvreté est criante, tout comme l’obésité (mais pas l’alcoolisme,
puisque l’alcool est interdit en territoire navajo, ainsi que les casinos).
Mes deux autostoppeurs en profitent pour m’apprendre à dire « bonjour » et « merci » dans leur langue ; apparemment si compliquée (ils ont une quatrième personne ?!) qu’elle a été utilisée comme code pendant la seconde guerre mondiale. Le film Windtalkers est d’ailleurs adapté de cet épisode. Et le Burger king de Kayenta propose une courte exposition sur le sujet, ce qui est une bonne excuse pour y aller (en plus du wi-fi gratuit).
Au canyon de Chelly, à une heure de route, je plante ma tente puis part vers les points de vue de la rive sud, sur une route qui se présente comme la Desert View du Grand Canyon (à savoir une route qui longe le canyon et des bévèldères au niveau des panoramas intéressants).
Le Canyon de Chelly (prononcez « Canyon de Shay »)n’a bien sûr pas la taille du Grand Canyon, mais est tout de même très intéressant dans la mesure où ses parois abritent de nombreuses ruines anasazis. Un sentier de 5km aller/retour permet d’ailleurs de descendre dans le canyon pour approcher de l’un de ces villages (pour explorer le reste du canyon, il faut obligatoirement un guide navajo, puisque les lieux sont encore cultivés/habités).
Dépenses du jour : $30 (essence), $10 (camping), $18,5 (nourriture)
Distance parcourue : 231 miles