Malte : Escapade d’une journée en scooter dans le sud et l’est de l’île

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Beaucoup moins urbanisé que le nord, le sud de Malte offre un peu de calme et de paysages naturels, ainsi que les plus importants temples de l’île.

En dehors de La Valette, le reste de Malte ne doit pas être négligé. L’île a une très longue histoire et beaucoup à nous offrir. Pour s’y promener, le plus simple est de louer un scooter : cela permet de multiplier les arrêts sans attendre à chaque fois les bus, qui sont peu fréquents. L’île étant toute petite (30 minutes de part en part, le plus dur étant de sortir de l’agglomération), c’est le meilleur moyen de locomotion, d’autant qu’avec le manque de panneaux, les demi-tours sont fréquents.

On commence par sortir de l’agglomération La Valette, ce qui n’est pas une mince affaire. Le nord est très urbanisé et la ville est barrée d’échangeurs et d’autoroutes. Une fois à l’air libre, si l’on peut dire, on découvre à l’horizon Mdina (qui mérite une journée de visite), que l’on laisse derrière nous pour arriver dans le village de Dingli. Avec sa petite église et son calme méditerranéen, Dingli ne manque pas de charme, mais il n’y a pas grand chose à y voir – du moins, pas dans la ville à proprement dire. Par contre, la côte est belle, malgré un brouillard qui aura bien du mal à se lever aujourd’hui.

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Deux kilomètres après Dingli (qui me fait penser à la fois à Dingle et à Gimli) se trouve un site appelé Clapham Junction, en hommage à une gare londonienne où se croisent des dizaines de rails. Pas de train ici (le réseau ferré maltais a fermé en 1930, faute de voyageurs, ce qui n’est guère étonnant dans un pays qu’on peut traverser en scooter), mais de profondes traces laissées par des chariots préhistoriques. Nul ne sait de quand elles datent exactement, le seul indice que l’on ait est celui d’une tombe bâtie au-dessus d’un de ces couloirs en -700, preuve que les traces sont antérieures à cette date.

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On en trouve dans tout Malte, elles font 1m41 de large et jusqu’à 60 cm de profondeur, mais les archéologues ne savent pas non plus à quoi elles servaient (à transporter des pierres ? Mais alors, pourquoi certaines vont-elles jusqu’au bord des falaises ?) ni quel type de chariot pouvait être utilisé (il n’y a pas de trace d’érosion entre les traces des roues, ils n’étaient donc pas tirés par des animaux).

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On trouve aussi à Clapham Junction les traces d’anciennes habitations troglodytes, dans un grand complexe de caves appelé Ghar Il-Kbir. Des gens habitaient déjà là au quinzième siècle. Lors du Grand siège, en 1565, ils furent découverts par les envahisseurs ottomans et allèrent trouver refuge à Mdina. Les lieux sont restés habités jusqu’au dix-neuvième siècle, mais en 1835 les autorités ont forcé les habitants à partir, pour des régions d’hygiène.

Entre chacun des différents sites visités sur la côte sud, il est possible de redescendre jusqu’aux falaises, considérées comme l’un des plus beaux panoramas de Malte. Ou, plutôt, comme l’un des derniers panoramas sauvages du pays. Pour combien de temps ?

L’arrêt suivant nous conduit tout droit à l’âge de bronze : il s’agit des temples de Hagar Qim et Mnajdra (accessibles sur le même site ; 10€ l’entrée).

Les temples de Malte sont très importants pour les archéologues : il s’agit des plus vieux bâtiments en pierre du monde. Le temple de Skorba, à l’ouest du pays, est même la plus ancienne trace de civilisation en Europe, datant de -5200.

Le temple de Hagar Qim est plus récent. Il a été bâti à partir de 3600 avant Jésus-Christ et plusieurs fois modifié jusqu’en -2500. L’île était à l’époque habitée par ceux que l’on a appelé, faute d’en savoir plus sur eux, « la civilisation des temples ». Quand les Phéniciens ont débarqué en -700, elle avait disparu et les temples étaient abandonnés depuis bien longtemps…

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Il a fallu attendre le dix-septième siècle pour qu’il soit redécouvert et 1839 pour qu’il soit dégagé pour la première fois depuis des millénaires. Exposé aux éléments, il a beaucoup souffert et est donc maintenant protégé par une structure pas très gracieuse, mais indispensable pour préserver le site.

Parmi les particularités de ce temple : un trou dans un mur d’enceinte se situe pile dans l’alignement du lever de Soleil lors du solstice d’été. Les fouilles mirent aussi au jour dans la première abside ouest la « Venus de Malte », une statuette de nu féminin très naturaliste, retrouvée sans tête.

À 500 mètres de là, Mnajdra est un ensemble de trois temples bâtis entre -3500 et -3000, donnant sur une place centrale. Le temple du milieu, prolongé d’une terrasse, était le quartier des prêtres. Les deux temples latéraux sont, eux, parfaitement alignés avec le Soleil, l’un lors du solstice d’été, l’autre lors du solstice d’hiver.

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Dans les environs (très jolie vue malgré la brume qui ne se lève pas aujourd’hui), on peut voir une tour du dix-septième siècle, qui servait à surveiller la côte (il y en a un peu partout sur l’île), et au loin la minuscule île de Filfla, une réserve naturelle.

Zurrieq, non loin, est un peu à l’image de Dingli : jolie, mais sans rien à y faire. Sans centre historique est composé de ruelles où il est agréable de musarder, à la recherche de curiosités architecturales. Une jolie église dédiée à Sainte-Catherine surplombe la ville.

La principale attraction du secteur, et même du pays, est la Grotte bleue (Blue Grotto), un ensemble de belles cavités à parcourir en bateau. Malheureusement, aucun ne vogue aujourd’hui. « La mer est agitée », me-dit-on. « Peut être demain. » Agitée ? Quelle bande de marins d’eau douce ! Elle est très calme,la mer. Je n’ai toutefois pas fait le chemin pour rien, car la vue sur les falaises est superbe.

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J’ai un peu de mal à trouver mon arrêt suivant, la grotte de Ghar Hassan. Et pour cause : suite à un éboulement de la falaise, non loin, toute la zone est considérée comme dangereuse et est interdite au public. J’y rentre donc en passant par un trou dans le grillage. La grotte, qui offre aussi de superbes vues sur la mer, aurait selon la légende abrité le pirate sarrasin Hassan, qui y aurait même aménagé un harem. L’endroit est, il est vrai, très spacieux, mais je ne m’aventure pas trop profondément, car je suis seul et sans lampe torche.

Nous voilà maintenant sur la côte est du pays. Elle est, comme le nord, très industrialisée, avec d’énorme ports où les grues s’activent à décharger les portes containers. C’est le cas par exemple à Birzebbuga, où eu lieu le sommet Bush-Gorbatchev en 1989.

Il y a ici aussi quelques curiosités, même si elles ne sont pas aussi intéressante qu’au sud.

La grotte de Ghar Dalam, par exemple, découverte en 1865, contenait des squelettes fossilisés d’animaux miniatures, dont des éléphants et des hippopotames nains. Il y a fort longtemps, quand Malte était rattachée à la Sicile, ils sont venu brouter ici, puis se sont retrouvés bloqués quand le niveau des mers à monté. Le manque de place et de nourriture les a forcé à évoluer vers le nanisme. Mis à part cette histoire, la grotte et le musée attenant n’ont pas grand intérêt et ne valent pas les 5€ de droit d’entrée.

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À proximité, le temple de Borg-in-Nadur n’est pas accessible au public, mais peut être vu depuis la route. Il daterait de -2000 à -1600 et était situé à une centaine de mètres d’un village, dont quelques fondations de huttes ont été retrouvées.

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Je roule ensuite vers la péninsule de Delimara, où se trouve de jolies criques, en particulier la piscine naturelle Saint Pierre (St Peter’s pool).

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Pour l’anecdote, en voulant aller faire des photos de la superbe baie de Il-Ħofra l-Kbira, je suis tombé sur un couple… occupé. Ils pensaient sûrement que personne ne viendrait les déranger. J’ai fait demi-tour.

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Dernier arrêt sur la côte est, le petit village de pêcheurs de Marsaxlokk. Il est très touristique, mais aussi très photogénique !

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Avant de rentrer à La Valette, si vous avez encore le temps et la motivation, deux lieux à voir dans le centre de l’île :

– l’aqueduc de Wignacourt. Inauguré en 1615, peu après la construction de La Valette, il transporte l’eau de Dingli jusqu’à la capitale. De vastes portions subsistent toujours, notamment dans la ville d’Attard.

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Le dôme de Mosta. L’église de Mosta, achevée en 1871, peut accueillir 12.000 fidèles. Son dome, le quatrième plus grand d’Europe, a été construit sans échafaudage grâce à l’argent des habitants et fait 39 mètres de diamètre.

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