Malte : une journée pour découvrir La Valette

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La Valette a beau être la plus petite capitale d’Europe, elle renferme tant de trésors architecturaux et de charmants dédales de ruelles qu’elle mérite au moins une bonne journée de visite.

Un peu d’histoire

Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité depuis 1980 et capitale européenne de la culture en 2018, La Valette est un exceptionnel écrin de trésors architecturaux. La ville a été construite par la volonté des grands maîtres de l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem (l’Ordre de Malte), arrivés sur l’île en 1530. Dès leur installation, ils envisagent de créer une fortification sur la presqu’île de Xiberras, mais seul le fort Saint-Elme est construit en 1565, lors du Grand siège de Malte : les Ottomans, pendant trois mois, tentent de chasser l’Ordre, mais échouent.

Suite à cet évènement et à la résistance héroïque des chevaliers, les fonds affluent du monde chrétien, ce qui permet de lancer la construction de la ville, qui se déroule de 1566 à 1798. Plus de 300 monuments de cette époque subsistent aujourd’hui, une concentration inédite sur une si petite surface.

La ville porte le nom de son fondateur, le Français Jean de Valette, qui fut grand maître de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem de 1557 à sa mort en 1968.

La visite

Le moyen le plus impressionnant et le plus agréable pour arriver à La Valette est le bateau. Si, comme moi, vous venez de Saint-Julian, de l’autre côté de la baie, il suffit de prendre un des ferries qui font la liaison en quelques minutes. Cela permet embrasser du regard la ville dans son entièreté et pour voir les remparts grandir, jusqu’à arriver à leurs pieds. Déjà à ce moment-là, ça ne fait plus de doute : venir à Malte était une bonne idée.

On débarque au pied de la pro-cathédrale Saint-Paul, dont la flèche de 60 mètres de haut est une part importante du profil de la ville. Première église anglicane de la ville, elle a été construite à la demande de la reine Adélaïde, lors d’une visite en 1838 (la truelle utilisée par Sa majesté pour poser la première pierre est exposée). Elle peut accueillir 1500 fidèles, ce qui est sans doute ambitieux dans un pays dont 98% de la population est catholique, mais j’imagine qu’il fallait bien montrer l’importance de la Couronne.

Juste derrière se trouve la place de l’Indépendance, que le pays a obtenue du Royaume-Uni en 1964. Que la place soit contiguë de l’église anglicane n’est sans doute pas un hasard.

À cet endroit se trouve aussi l’auberge d’Aragon, datant de 1571. Ces auberges servaient aux chevaliers de l’Ordre de Malte, qui se regroupaient par langue, pour éviter les frictions. Il y avait huit nationalités dans l’ordre (ce sont les huit pointes de la croix de Malte), donc huit auberges : France, Auvergne, Provence, Aragon, Castille, Angleterre, Allemagne et Italie.

Autre édifice dessinant le profil de La Valette : l’église des Carmélites, avec son dôme de 60 mètres de haut. C’est une reconstruction d’après-guerre d’une église de 1570, détruite par les bombardements de l’Axe entre 1940 et 1943, comme 75% de la ville. Il faut dire que Malte est située à un endroit stratégique de la Méditerranée, entre la Sicile et la Tunisie. Possession anglaise, elle a été déterminante pour les Alliés afin de maintenir une présence en Méditerranée et de préparer la campagne d’Afrique. Surnommée « le cauchemar de Rommel », Malte a été assiégée d’abord par l’Italie en 1940 puis par les nazis à partir de 1941, mais n’a pas flanché. A titre de comparaison, il est tombé plus de bombes sur Malte que pendant toute la bataille d’Angleterre.

Le problème des petites rues, c’est qu’il n’y a pas assez de recul pour prendre de belles photos des monuments.

On continue dans le coeur de la ville, vers la Place Saint-George, bordée du Palais des Grands-Maîtres, siège du gouvernement à l’époque des chevaliers, édifié au XVIe siècle et embelli au XVIIIe siècle. Il sert maintenant de résidence au président de Malte et accueille également la chambre des députés. Normalement, il peut se visiter en partie, mais pas aujourd’hui…

De la place de la République, nous passons à la place Saint-Jean, bordée de la cathédrale du même nom. Plus précisément, de la co-cathédrale, puisqu’elle partage ce titre avec celle de Mdina (Malte est hyper petit, mais ils ont deux cathédrales. Pendant ce temps, le Vatican a regroupé les évêchés de Quimper et Léon. Le Vatican devrait vraiment revoir ses priorités).

La cocathédrale Saint-Jean fut construite entre 1573 et 1577 par les chevaliers de l’ordre (de Saint-Jean de Jérusalem, rappelez-vous), sous l’impulsion du Grand Maître Jean de La Cassière.

Son intérieur est un joyau baroque, très chargé, bien loin de l’austérité extérieure du bâtiment. Le sol est pavé de pierres tombales des chevaliers. Une inscription à l’entrée prévient : «  »Vous qui marchez sur les morts, rappelez-vous qu’un jour on marchera sur vous. »

A ne pas manquer, dans l’oratoire, le tableau La Décollation de saint Jean-Baptiste de Caravage, peint en 1608. Il s’agit du seul tableau de Caravage signé directement par l’artiste.

En remontant la rue principale, on arrive à l’entrée de la ville, pour l’instant un énorme chantier. La première entrée datait de 1586, mais a été remplacée et agrandie à plusieurs reprises, la dernière entrée médiévale étant démolie en 1964 pour être remplacée par une construction moderne. L’entrée actuelle, signée Renzo Piano, date de 2014. Elle consiste en une brèche dans le bastion, ouvrant sur une jolie place flanquée du Parlement et de l’Opéra royal. Ce dernier date de 1866 et a été bombardé en 1943. Les ruines sont restées sur place, jusqu’à que ce que Piano, en 2013, les réhabilitent pour que le théâtre continue à vivre. C’est une réussite.

Le Parlement, signé lui-aussi Renzo Piano, date de 2015. Il a été très critiqué pour sa modernité, dans une ville essentiellement baroque, et pour son coût de 90 millions d’euros.

Non loin s’élève la plus belle auberge de chevaliers, celle de Castille, de Léon et du Portugal. Elle a été construite en 1574 et reconstruite au dix-huitième siècle dans un style baroque. Depuis 1972, elle abrite le bureau du Premier ministre maltais.

Juste en face se trouvent l’auberge d’Italie, l’église Sainte-Catherine (1576) et l’église Notre-Dame-de-la-Victoire, première église construite par l’Ordre, pour commémorer la victoire des chevaliers sur les Turcs pendant le Grand siège. Jean de La Valette, fondateur de la ville, y fut inhumé avant d’être transféré dans la cocathédrale Saint-Jean.

On arrive ensuite dans l’un des plus beaux lieux de La Valette : les jardins hauts de Barrakka (Upper Barrakka Gardens). Perchés sur le bastion de Saint-Pierre et Saint-Paul, ils offrent une vue imprenable sur le Grand port et les Trois cités, de l’autre côté de la baie. Cet agréable lieu de détente est agrémenté de belles arches et de différentes oeuvres d’art.

En longeant les remparts le long du grand port, il est possible de s’arrêter à leur pendant, les jardins bas de Barrakka (Lower Barrakka Gardens). Moins prisés des touristes, plus calmes et donc plus agréables, ils se distinguent par un temple néoclassique central dédié au premier gouverneur britannique de l’île, Sir Alexander Ball. Les jardins donnent sur le mémorial du Siège de la seconde guerre mondiale, durant lequel 7000 personnes ont perdu la vie. La cloche de 10 tonnes sonne tous les jours à midi. Elle a été érigée en 1992, pour commémorer les 50 ans de la remise, par le roi George VI, de la Croix de Saint-George décernée à Malte pour sa bravoure (elle orne depuis le drapeau du pays).

Terminons cette (longue) journée au Musée national d’archéologie. Il est situé dans l’auberge de la langue de Provence, construite en 1571. Le musée est très riche et présente des collections allant de l’époque de Ghar Dalam (-5200 jusqu’à -3800 avant Jésus-Christ) à celles des Temples (dont je vous parle ici, lors de ma visite du sud de l’île) puis romaine. On peut notamment y voir la fameuse « Vénus de Malte », trouvée à Hagar Qim.

Il est ensuite l’heure de rentrer, une fois encore en bateau, avec une superbe lumière de fin de journée baignant la ville. J’y reviendrai un peu plus tard, pour assister à un feu d’artifice géant sur le port. Mais ceci est une autre histoire…

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