À une trentaine de kilomètres de Vilnius, le château médiéval de Trakai, entouré de lacs, est une visite incontournable en Lituanie.
L’histoire de Trakai commence au 14e siècle, quand le grand duc Gediminas fit construire un château (dont il ne reste rien) et transféra sa capitale de Kernavé à Trakai. Cela ne dura que quelques années, avant que Gediminas ne fonde Vilnius. À l’époque, les châteaux étaient nombreux et très important pour la Lituanie qui, en tant que « dernière nation païenne » d’Europe, devait se défendre contre de nombreux Croisés, en particulier l’Ordre teutonique. Rien que dans la seconde moitié du quatorzième siècle, les Croisés organisèrent 97 raids en Lituanie et Trakai fut alors la première défense de Vilnius.
On peut s’y rendre très facilement en bus ou en train depuis Vilnius. En arrivant, la première chose que l’on remarque est le nombre de maisons en bois que compte la ville*. Ce sont les maisons traditionnelles des Juifs karaïtes, qui y sont installés depuis que le grand-duc Vytautas le Grand les a engagés pour la garde de la forteresse au début du quinzième siècle. Le Karaïsme est un courant du judaïsme fondé sur la seule Miqra, c’est-à-dire la Bible hébraïque et le refus de la Loi orale. Il est en opposition avec le judaïsme rabbinique.
* C’est une figure de style. En vrai, la première chose que j’ai remarqué, c’est qu’il faisait -1° alors qu’on était mi-avril.
En remontant la rue principale, on arrive finalement à une passerelle menant au « château de l’île ».
Sa construction a débuté à la fin du quatorzième siècle et s’est terminée en 1409, sous le règne du grand duc Vytautas. S’il avait une valeur défensive évidente – c’est pour cela qu’il a été construit sur une île – le château était aussi un moyen pour lui d’asseoir son autorité et d’impressionner les dignitaires étrangers. De nombreuses fêtes y étaient organisées, les traités important y étaient signés… La royauté vivait ici et les principales institutions – dont le Trésor – y étaient installées.
Si aujourd’hui le château a vraiment fière allure et est particulièrement impressionnant – c’est l’un des plus beaux châteaux forts que j’ai visité – ça n’a pas toujours été le cas. Au dix-neuvième siècle, il n’en restait plus que des ruines. Les travaux de restaurant ont commencé en 1902 et n’ont été achevés qu’en 1987. Un chantier de presqu’un siècle pour redonner à Trakai son éclat et son importance dans l’historiographie de la Lituanie. C’est redevenu le lieu où sont reçus certains dignitaires importants pour signer des traités, dans le Grand hall.
Les restes d’un autre château sont visibles à Trakai (on s’y perd un peu entre toutes ces constructions) : le « château de la Péninsule », construit juste avant le château de l’île, mais détruit par les chevaliers teutoniques en 1390. Il a été reconstruit par Vytautas en 1422, puis à nouveau détruit en 1655 lors d’une guerre contre la Russie, puis démonté par des moines dominicains au dix-huitième siècle pour construire une église avec ses briques. Depuis 1998, des travaux de restauration des tours et des remparts sont entrepris.
Un autre arrêt immanquable à Trakai est le restaurant Senoji Kibinine, qui à l’inverse des gargotes touristiques qui ont essaimé dans la ville, peut s’enorgueillir d’être là depuis plusieurs décennies. L’occasion de goûter le plat traditionnel des karaïtes, le « kibinai », un beignet traditionnellement fourré avec du mouton et de l’oignon. Un régal !