Villes majeures de l’Anneau d’or, Vladimir et Souzdal représentent l’âme religieuse et historique de la Russie.
Si vous n’aimez pas les églises, vous pouvez d’ors et déjà quitter cette page. Au cœur de l’Anneau d’or, cet ensemble de villes qui entre le XIe et le XIIIe siècle ont façonné la Russie, Vladimir et Souzdal sont deux perles orthodoxes.
On rejoint la première en train depuis Moscou. 170 kilomètres de trajet effectués en train express (1h30 tout de même), afin de retrouver Anna en début de matinée. Qui est Anna ? Une infatigable voyageuse (au moment de mon voyage en Russie, elle revenait d’Afghanistan ; maintenant que j’écris ces lignes, elle vient d’obtenir un visa pour la Syrie) que j’ai rencontrée à Kiev. Elle a pour objectif de visiter les 84 « régions » de Russie et s’est donc naturellement proposée pour être ma guide pour la journée.
On commence un boire un café dans une Vladimir à peine réveillée (comme moi), avant de sauter dans un bus pour découvrir une petite merveille : le hameau de Bogolioubovo.
Il est centré autour d’un couvent, où il est possible de visiter une église et une chapelle. Cette dernière est très intéressante, car elle était autrefois reliée par un passage surélevé à un édifice civil, le château du prince Andreï Bogolioubski. De ce château, il ne reste que la tour. Selon la légende, le propriétaire des lieux y est mort assassiné par ses boyards, car il était trop entreprenant avec leurs femmes. Poignardé, il parvint à s’échapper et se cacha au bas de l’escalier, où ses assaillants entendirent ses râles et l’achevèrent.
A deux kilomètres du convent, au milieu d’une grande plaine, s’élève une église solitaire – en hiver, ça doit être splendide.
Il s’agît de l’église de l’Intercession-de-la-Vierge sur la Nerl . Elle fut construite à la demande du prince Andreï, près de l’un de ses palais, en souvenir de la mort de son fils le grand prince Iziaslav Andreïevitch.
Érigée en 1158, cette église est, nous dit Wikipedia, un des principaux représentant de l’architecture russe pré-mongole et à ce titre a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1992 au sein du groupe des monuments de Vladimir et de Souzdal, qui en compte huit.
Cette visite terminée, nous retournons à Vladimir et, pour des raisons d’horaires des transports, partons directement pour Souzdal en bus.
Cela fait beaucoup de route en une journée, et à la base je pensais me contenter de Vladimir, mais Anna m’a convaincu que Souzdal est une visite immanquable.
Elle a eu raison : dès l’arrivée dans le centre, je suis conquis par cette petite ville de 10.000 habitants où le temps semble s’être arrêté. Ville au caractère aujourd’hui résolument rural, Souzdal a été pendant longtemps une ville stratégique, détruite à plusieurs reprises par des envahisseurs (au point qu’au XVIe siècle, il n’y restait plus que 400 habitants… mais une cathédrale, 26 églises et 11 monastères !). C’est finalement au XVIIe siècle, grâce à son artisanat et son commerce, qu’elle a ressuscité. A l’époque, les riches marchands se sont tous mis à construire des églises pour acheter leur place au paradis, ce qui fait qu’elle est aujourd’hui riche en monuments : cinq monastères, 33 églises, 17 clochers…
On ne visite évidemment pas tout cela… Seulement quelques églises, la cathédrale de la Nativité de la Vierge (XIIIe siècle), dont les fresques intérieures, teintées de bleu et d’or, sont splendides, et le Kremlin, largement antérieur à celui de Moscou puisqu’il date du XIIe siècle.
Retour à Vladimir. Comme je l’ai vu rapidement dans la matinée, l’intérêt de cette ville de 350.000 habitants est circonscrit à son centre historique. Tout autour, ce n’est qu’une triste ville grise et surplombée des cheminées des usines qui font sa richesse. Nous sommes bien loin du bucolique de Souzdal ; Anna a donc bien fait de modifier mes plans !
Nous visitons rapidement les principaux monuments de la ville :
– La cathédrale de la Dormition, qui date du milieu du XIIe siècle, un des rares édifices dans lequel sont conservés des fresques réalisées par Andreï Roublev
– La superbe cathédrale Saint-Dimitri, du XIIe siècle aussi, consacrée en l’honneur du saint martyr Démétrios de Thessalonique. Elle est réputée pour la beauté de ses bas-reliefs représentants des saints et des créatures mythiques ou réelles. Sur la façade sud est représentée l’ascension d’Alexandre III, qui était un thème populaire au Moyen Âge, bien que pas très chrétien. Ces bas-reliefs sont d’autant plus intéressants qu’ils sont extrêmement rares : l’église orthodoxe avait pour habitude de détruire les symboles qu’elle jugeait païens.
– La Porte dorée. Construite en 1164 à la demande du prince Andreï (encore lui), elle a à la fois un caractère défensif et celui d’un arc de triomphe. Elle était l’entrée solennelle des princes et des boyards dans la partie la plus riche de la ville.
Il est finalement 19 heures lorsque nous prenons le train pour rentrer à Moscou. Contrairement à l’aller, où j’étais dans un train rapide et moderne, nous avons cette fois réservé dans un train classique. Plus de 3 heures de trajet, des sièges en bois, pas de climatisation… La modernité a du bon.