Jour 4 : Du musée de la guerre de Corée au quartier de Gangnam

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Jeudi 18 juin

J’avais visité le Musée de la guerre de Corée à Pyongyang. Son homologue du sud raconte-t-il la même histoire ? La réponse un peu plus bas.

Je commence par me rendre au sanctuaire Jongmyo, mais les visites en anglais ne se font qu’à horaire fixe… Et évidemment je ne suis pas à la bonne heure (et mon japonais est un peu trop rudimentaire pour une telle visite).

Changement de programme, je me rends donc au Musée de la guerre, situé non loin du Musée national. Le lieu est dédié principalement à la guerre de Corée, mais revient aussi sur l’art de la guerre sous Joseon et aux engagements plus récents de l’armée (au Vietnam, notamment).

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On est d’abord accueilli par divers mémoriaux, devant le bâtiment : le mémorial des deux frères (basé sur l’histoire de deux frères qui, chacun dans un camp, se sont retrouvés sur le champ de bataille) et le mémorial de la guerre, qui représente à la fois une épée et l’arbre de la vie. À côté du musée, on peut aussi voir divers avions, tanks et missiles utilisés par les belligérants.

L’intérieur du bâtiment, massif, est grosso-modo divisé en deux parties : les hommages aux héros nationaux et les salles dédiées aux guerres. Je passe rapidement les guerres médiévales pour accorder plus de temps à celle de Corée.

P8284910Ayant déjà visité le Musée de la guerre à Pyongyang, il est tout particulièrement intéressant pour moi de voir celui-ci. Déjà, parce que l’impression qui s’en dégage est tout à fait différente : alors qu’au Nord, on est dans l’exaltation guerrière et la glorification des soldats, ce musée insiste beaucoup plus sur les conséquences humaines de la guerre et sur la faiblesse de l’armée sud-coréenne.

Au-delà, l’histoire racontée est très différente du nord. Je vous avais déjà dit à quel point la propagande du musée nord-coréenne était grossière, même pour quelqu’un comme moi peu familier de cette guerre. Ainsi, là où le Nord explique que c’est le Sud (et les banquiers de Wall Street) qui a attaqué, le Sud (et l’ensemble des historiens) rappelle que c’est le Nord qui a attaqué par surprise, après avoir été équipé par l’URSS, en profitant d’une crise politique qui avait laissé le Sud sans gouvernement. D’ailleurs, le Sud précise bien que puisqu’ils n’avaient pas d’armée, ils n’avaient aucune raison d’attaquer en premier (et de se faire balayer en quelques jours, ce qui s’est passé).

Autre point sur lequel l’histoire diverge : après avoir presque conquis le Sud, le Nord a été repoussé par une coalition de seize pays des Nations unis (une « grande retraite stratégique » pour le nord) menée par le héros de la guerre du Pacifique Douglas MacArthur, jusqu’à être presque anéanti. C’est finalement des centaines de milliers de « volontaires » chinois (totalement occultés par le Nord) qui ont repoussé les forces de l’Onu jusqu’au niveau du 38e parallèle, où l’armistice a été signé.

En résumé, le Nord présente la guerre contre une glorieuse résistance à l’oppresseur capitaliste ; le Sud comme une lutte entre les États-Unis (via l’Onu) et les communistes (Corée du Nord puis Chinois) pour le contrôle de la péninsule.

Après cette visite, je retourne au sanctuaire royal Jongmyo pour le tour en anglais. Le site n’est pas ouvert librement au public, car il s’agit d’un lieu sacré où vivent les esprits des rois coréens.

Le complexe, abrite, dans deux longs bâtiments blottis dans un parc, les tablettes abritant les esprits de l’ensemble des monarques depuis le début de la dynastie Joseon, soit 25 rois (en fait, il y a eu 27 rois en tout, mais deux sont considérés comme des tyrans et ont été déchus), ainsi que leurs reines et quelques prince.

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Jusqu’au début de la colonisation japonaise, des cérémonies pour les honorer avaient lieu fréquemment. De nos jours, elles n’ont lieu que deux fois par an (en mai et novembre) et représentent une rare chance de voir un rituel confucianiste.

Retour dans le métro pour retourner au sud, cette fois de l’autre côté du fleuve Han, vers le fameux quartier de Gangnam.

Yo o/

Yo o/

La première raison de ma venue est la présence du temple millénaire Bong-Eunsa. Haut-lieu du bouddhisme à Séoul, il possède de nombreux pavillons et une impressionnante statue de 23 mètres de haut d’un bouddha.

Dans cette zone se trouvent le quartier d’Apgujeong et celui de Gangnam. Ce coin très chic, rendu mondialement célèbre par la chanson de Psy, voit s’aligner sur des kilomètres les boutiques de mode, les cliniques de chirurgie esthétique et les cafés branchés.

C’est l’occasion de voir une autre facette de Séoul : moderne, clinquante, accro au shopping. Un bon endroit aussi pour admirer les Coréennes, pour qui l’élégance n’est pas un vain mot.

Malgré la fatigue qui commence à se faire sentir, je me sens suffisamment en jambes pour aller ensuite me promener au parc Namsa, au pied de la tour de Séoul.

Il comprend le Village folklorique de Namsan, un ensemble de bâtiments traditionnels de Joseon déplacés ici et superbement restaurés. Élégantes et joliment éclairées la nuit, ces maisons sont à ne pas manquer quand on passe dans le coin.

Une déception m’attend derrière : pour fêter les 600 ans de la ville, en 1994, la municipalité a creusé un énorme trou pour y enfouir une capsule temporelle, qui sera ouverte en l’an 2394 pour le millénaire de la capitale. L’idée est séduisante mais l’exécution ratée : c’est moche et il n’y a rien à voir. À noter que parmi les 600 objets enfouis se trouve une cartouche de Final Fantasy VI.

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Enfin, quitte à être ici, je décide d’aller voir cette fameuse tour de plus près. Mais en téléphérique, car je n’ai pas la force de grimper là-haut.

Construite en 1975, elle fait 137,7 mètres de hauteur. Elle dispose d’un observatoire à son sommet, mais la vue sur la ville depuis la terrasse est déjà très jolie. Bon, j’ai l’impression d’être la seule personne présente sans mon amoureuse, mais je suis habitué.

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