Malgré son envie d’être une ville-monde, Toronto n’est pas New-York et se visite assez rapidement. Voici l’essentiel à voir en deux jours.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre à Toronto : à part la CN Tower, je ne connaissais rien de la ville et l’une des raisons principales qui m’ont incitées à venir (outre le fait que ça soit sur la route des chutes du Niagara) est le fait que mon ami Michael y vive. Je l’ai rencontré en Corée du Nord et c’est l’une des personnes les plus sympas que je connaisse, et la définition même du bon-vivant. J’avais donc hâte de le revoir, quatre ans après nos soirées karaoké dans le sous-sol de l’hôtel Yanggakdo. En plus, il m’a fait découvrir la « vraie » Toronto, où il a grandi, en dehors de l’hypercentre.
Globalement, la ville est intéressante : avec ses quartiers bien distincts, la diversité de sa population, son dynamisme, ses festivals improbables sur lesquels on tombe par hasard au gré des flâneries, elle rappelle New-York, en bien plus petit – il n’y a pas ici la sensation de gigantisme que l’on ressent dans la Grosse pomme.
█ Le quartier de Kensington
Nous commençons par nous promener dans le quartier de Kensington, zone populaire de la ville en pleine gentrification. Petits cafés, boutiques vintage, street art et mignonnes maisons en bois en font un véritable boboland, qui a été élu par le magazine Vogue « deuxième quartier le plus cool du monde » (après Shimo-Kitazawa à Tokyo). Alors, oui, c’est assez cliché et boboisé à mort, mais pas forcément désagréable. D’ailleurs, au-delà de ce quartier bohème, quelques rues au nord, se trouve une zone bien plus délaissée et ghettoïsée, triste à voir.
Un peu plus bas, en parallèle de l’agréable Queens Street, on trouve la Graffiti Alley. Comme son nom l’indique, c’est une ruelle recouverte de fresques. En journée, c’est un spot Instagram très populaire ; la nuit je ne m’y aventurerais pas…
█ La CN Tower
Symbole de Toronto, monument le plus célèbre du Canada, classée par l’American Society of Civil Engineers comme l’une des Sept Merveilles du monde moderne (avec l’Empire State Building, le Golden Gate, le tunnel sous la Manche, le canal de Panama, le barrage d’Itaipu et le programme de protection de la mer du Nord), la CN Tower s’élève à 553,33 mètres au-dessus de la ville. Cette tour de transmission fut la plus haute structure autoportante du monde de son inauguration en 1976 jusqu’à la construction du Burj Kalifa en 2009.
Plusieurs ascenseurs ont bien sûr été installés, mais pour les plus motivés, deux fois par an, il est possible de monter les 1776 marches au profit du Fonds mondial pour la nature (WWF) et de Centraide.
La plateforme d’observation intérieure, à 346 mètres de hauteur, offre une vue spectaculaire sur la ville et le lac. Une autre plateforme existe à 447 mètres, mais lors de ma visite, elle était fermée pour cause de vents violents. De là-haut, par beau temps, on peut voir jusqu’à 160 kilomètres à la ronde !
Attraction impressionnante : l’Haut-da-cieux permet aux amateurs de sensations fortes de faire le tour du toit dehors, attachés à 356 mètres de haut. Ca fait très envie, mais c’est hyper cher : 200 euros l’attraction. Non merci.
Au pied de la tour se trouve l’aquarium Ripley, le plus grand du Canada, ainsi que le musée du rail, avec quelques locomotives en exposition.
█ Le quartier de la mairie
Nathan Philips Square est le cœur de la ville : on y trouve les lettres multicolores Toronto et les deux bâtiments ayant abrité les hôtels de ville.
L’ancien hôtel de ville a été inauguré en 1899 et est de style néoroman, commun dans les pays du Commonwealth à l’époque victorienne.
En 1965, la mairie a déménagé juste à côté, un bâtiment moderniste signé de l’architecte finlandais Viljo Revell, dont c’est l’œuvre majeure.
Si la zone vous dit quelque chose, c’est normal. Plusieurs scènes de la série Handmaid’s Tale ont été tournées dans ce quartier, qui dans la série représente Gilead. De manière générale, Toronto est très prisée des réalisateurs de séries ou film, grâce à la diversité de ses quartiers et le fait qu’il soit plus facile de tourner ici plutôt qu’à New York. Suits, avec Meghan Markle, a été tourné ici.
Une petite astuce : si, quand vous regardez une série censée se passer à New York, vous voyez des rails de tramway sur la chaussée, ça signifie qu’elle a été tournée à Toronto (puisqu’il n’y a pas de tramway à New-York).
█ Le quartier des affaires
Entre la place Nathan Philips et la CN Tower s’étend, ou s’élève, le quartier des affaires, avec quelques bâtiments intéressants. Sans entrer dans les détails, ce qui serait rébarbatif, je vais me contenter de mentionner quatre immeubles par le biais d’anecdotes :
– le Fairmont Royal York fut construit en 1928 : s’il a la forme d’un trône, c’est parce qu’il accueille les membres de la famille royale britannique lorsqu’ils viennent dans le coin. Il est possible de réserver la suite royale, mais je vous arrête tout de suite : vous ne pourrez pas faire de galipettes dans le lit de la reine Élisabeth. Le matelas et les draps qu’elle utilise lui sont réservés, et remplacés quand elle n’est pas là.
– la RBC, Royal Bank of Canada, est située dans un bâtiment doré : ce n’est pas de la peinture, mais de la feuille d’or. Il y en a pour 9 millions de dollars.
– Dans un sous-sol de l’ancienne Trump Tower se trouve une fresque à la gloire du multiculturalisme. Les Canadiens en sont très fiers. A priori, Trump n’était pas au courant.
– La TD Bank Tower est célèbre pour avoir été le lieu d’un des premiers Darwin Awards. L’architecte avait assuré aux occupants que ses vitres étaient incassables. Donc, pendant des années, un avocat de la banque s’est amusé à faire peur à ses visiteur en se jetant contre la fenêtre de son bureau, au 24e étage. Jusqu’au jour où, abîmé après ces chocs répétés, le cadre de la fenêtre a lâché. La vitre était vraiment incassable : elle a été retrouvée intacte tout en bas. L’avocat, par contre…
█ La ville souterraine
Le réseau PATH serait le plus long du monde, avec 35 kilomètres de couloirs (celui de Montréal ferait une trentaine de kilomètres). Il est né dans les années 1970 et continue de grandir. A chaque intersection, vous trouverez une pharmacie, une boulangerie, un café et des stands de nourriture. La raison ? Les propriétaires du réseau sont ceux des immeubles situés juste au-dessus, à la surface. Il est donc dans leur intérêt que leurs employés restent sur place pour dépenser leur salaire. C’est donc ça, le ruissellement ?
█ Le bord du lac Ontario
Les berges du lac Ontario, qui furent pendant longtemps une zone industrielle à moitié abandonnée (les usines ayant déménagé en Chine), ont été réhabilitées et sont maintenant très prisées des Torontois et des touristes. Les anciens hangars hébergent des galeries d’arts, de l’artisanat, des cafés…
Il est aussi bien sûr possible de faire une croisière sur le lac Ontario (le plus petit des Grands lacs mais le plus profond) ou d’aller au vert sur les îles de Toronto, à un jet de pierre de la ville. Il paraît que c’est très chouette, mais la météo étant mauvaise, on ne l’a pas fait.