Être coincé dans un village de Jordanie à cause de la neige, voilà qui n’est pas commun. Mais cela ne nous a pas empêché d’explorer la vertigineuse vallée de Dana.
Samedi 28 janvier
Double surprise au réveil (difficile, le réveil, puisque notre chambre n’a pas de chauffage) : d’une, les tuyaux de l’hôtel ont gelé, et il n’y a donc pas d’eau ; de deux, en ouvrant les rideaux, on découvre un paysage enneigé. C’est très joli, mais ça refroidit nos plans pour la journée.
Nous comptions partir à 8 heures avec le guide de l’hôtel marcher pendant 5 heures dans la vallée, déjeuner dans la nature, remonter en 4×4 et ensuite faire une promenade de deux heures autour du village de Dana.
Finalement, nous sommes affalés avec du thé devant un chauffage au gaz pour nous réchauffer.
Vers 10h, Steven nous motive quand même à sortir dans le froid glacial. Nous commençons par nous rendre derrière le village, d’où l’on a un panorama exceptionnel sur la vallée – mais où le vent nous glace jusqu’aux os. Température ressentie ? -93,2°C.
Dana fut sans doute à une époque un charmant village. Aujourd’hui, il n’est plus habité que par quelques familles et la grande majorité de ses maisons, construites à l’époque ottomane, tombent en ruine. Par endroit, on se croirait dans un village abandonné.
Nous descendons tranquillement dans la vallée, qui fait partie de la biosphère de Dana et marque le début de la vallée du grand Rift. Pendant plusieurs heures, nous multiplions les prises de vue, nous arrêtant pour admirer ici un canyon, là un piton rocheux, des colonnes naturelles, une falaise rouge sanguin ou des pierres blanches striées de rose. Le lieu est d’une beauté à laquelle aucune photo ne peut rendre justice. En plus, la température augmente au long de notre descente ; il fait même bon, sans vent, une fois en bas.
La réserve de Dana a ceci d’exceptionnel qu’elle s’étend jusqu’à la mer Morte, avec une altitude passant de 1700 mètres (où se trouve le village de Dana) jusqu’à 50 mètres en-dessous du niveau de la mer. En conséquence, elle abrite quatre écosystèmes, près de 500 variétés de plantes et 300 espèces animales, sans compter de nombreux sites archéologiques. Malheureusement, la météo et l’absence de guide nous empêchent de profiter de tout ça, nous nous contentons donc des splendides paysages dont nous profitons seul : de la journée, nous ne verrons âme qui vive. Les pitons rocheux voisinent avec les formes plus arrondies, fruit de l’activité volcanique et de l’érosion.
Vers 14h, nous décidons de remonter. Et mine de rien, obnubilés par le paysage, nous n’avions pas vraiment noté que le dénivelé est de plus de 500 mètres. Sur de la terre argileuse qui colle aux chaussures, c’est un peu la misère, avec en plus la pluie qui revient et toujours ce vent glacial qui souffle en hauteur. Nous sommes trempés de sueur et de pluie en arrivant à notre chambre, et sautons sous une douche à peine tiède (nous avons déménagé pour aller dans une chambre qui a de l’eau, au moins).
« Et si l’on allait boire un verre quelque part ? », lance-je à mes comparses. « T’es optimiste ! », me répond Steven. Non sans raison. Notre tour du village le confirme : les habitants ont déserté les lieux depuis bien longtemps et nous sommes les seuls touristes assez stupides pour venir en hiver.
Par chance, voilà qu’apparaissent trois jolies jeunes femmes. Il ne s’agit pas d’une hallucination due au froid, mais de trois touristes belges bloquées à Dana à cause de la neige. Après une journée de conduite éprouvante (où, notamment, elles ont pilé avec leur voiture sur la route pour éviter un seau, ce qui a fait que le camion qui les suivait s’est fait percuter par un bus et les deux véhicules sont sortis de route – preuve s’il en est que les Jordaniens devraient importer le concept de distance de sécurité), elles sont contentes de trouver un peu de chaleur dans notre salle commune, autour d’un thé et d’un narguilé (pour l’anecdote, nous les avons ensuite revues au Wadi Rum, puis à Madaba le dernier jour. A croire qu’elles nous suivaient, ou que nous n’étions que 6 touristes dans le pays).
Informations pratiques
Réserve de Dana :
– Y aller : la réserve est à environ 190 km au sud d’Amman (3 heures de route par la Desert Highway)
– Horaires : 24h/24
– Tarif : 7JD par personne
– Carte et description des sentiers (en anglais) : http://www.rscn.org.jo/sites/default/files/publication/DANA-EN.pdf