La très discrète capitale du Canada n’a pas l’intérêt ni la notoriété de ses voisines Toronto et Montréal, mais mérite tout de même un petit arrêt.
C’est une bonne question de Trivial Pursuit. Quelle est la capitale du Canada ? Montréal, Toronto, Vancouver ? Non, Ottawa. Une ville méconnue, située au milieu de nulle part. À tel point que lorsque la reine Victoria a choisi son emplacement, en 1857, les Américains blaguaient en disant que le pays ne pourrait pas se faire envahir, puisque personne ne trouverait sa capitale. Ce choix n’était pourtant pas absurde. D’une part, parce que le pouvoir voulait s’éloigner de Montréal, où des rebelles anti-unioniste avaient incendié le parlement en 1849, mais aussi parce qu’à l’époque, le Canada n’était encore composé que des provinces actuelles du Québec et de l’Ontario. Or, Ottawa se trouve juste entre les deux.
Cela étant, les sceptiques de l’époque n’avaient pas complètement tort : aujourd’hui encore, Ottawa n’est pas suffisamment rentrée dans l’Histoire, comme dirait l’autre, et a la réputation d’être une ville endormie. « Ce n’est pas là que tu feras la fête, il n’y a plus personne des les rues après 18h », m’a prévenu une montréalaise. Et ce, malgré le fait qu’avec ses 934.243 habitants, elle est la quatrième ville la plus peuplée du Canada. C’est le syndrome « Washington DC ».
█ La colline du Parlement
Le principal intérêt de la ville (je n’ai pas dit « le seul ») est la colline du Parlement, qui comme son nom le laisse supposer, regroupe tous les bâtiments du Parlement fédéral.
Des visites guidées sont organisées les jours pour découvrir l’intérieur de l’édifice, dont la Chambre des Communes, le Sénat ou la magnifique bibliothèque de style victorien, mais la réservation est impossible : les billets sont distribués le jour même à l’entrée du bâtiment sur le principe du « premier arrivé, premier servi ». En arrivant en début d’après-midi à Ottawa, j’étais trop tard…
Mais même sans billet, il est intéressant de faire le tour des bâtiments (j’ai de la chance : ils commencent à monter des échafaudages pour une grosse campagne de rénovation ; à quelques jours près je n’aurais plus rien vu). Il y en a trois principaux, tous construits à partir de 1859 : l’édifice principal, au nord, abrite la chambre des Communes et le Sénat, tandis que les édifices Est et Ouest contiennent des bureaux. Seuls ces deux derniers sont d’origine : le bâtiment central a été reconstruit après avoir été ravagé par un incendie en 1916, qui n’a épargné que la bibliothèque. Une image de cet incendie a fortement marqué les habitants : alors que le bâtiment était engouffré dans les flammes, la tour de l’horloge a continué à sonner normalement chaque heure qui passait… jusqu’à ce qu’à minuit, elle sonne onze fois avant de s’effondrer dans un râle funeste.
La reconstruction du bâtiment central a conservé le style néogothique d’origine, qui avait été choisi pour marquer l’attachement du Canada à l’Angleterre (tandis qu’aux Etats-Unis, c’est le néoclassique qui dominait).
La Tour de la Paix et de la Victoire, au centre du bâtiment, fait 92,2 mètres de hauteur. Elle comporte un carillon de 53 cloches, dont la plus imposante pèse plus de 10 tonnes.
Tout autour du bâtiment, les promeneurs peuvent profiter d’une vue panoramique sur la rivière et sur l’autre rive, où commence le Québec. De nombreuses statues ont été érigées, dont plusieurs Premier ministres, mais aussi la Reine Victoria, Elisabeth II ou encore un ensemble rendant hommage au mouvement militant des suffragettes canadiennes, avec des statues de Nellie McClung, Irene Parlby, Emily Murphy, Louise McKinney et Henrietta Muir Edwards.
Sur l’esplanade se trouve aussi, bien sûr, la Flamme du centenaire, entourée des écussons des provinces et territoires canadiens. Elle a été allumée le 1er janvier 1967 pour célébrer le centième anniversaire de la Confédération canadienne. Elle n’est pas bien grande, du coup je ne suis pas sûr qu’il soit possible de s’y immoler comme dans la fameuse chanson de Mononc’Serge :
Face à mon Parlement, d’un geste solennel
Je prendrai place devant le flambeau éternel
Qui brûle en souvenir de tous ceux-là
Qui ont su mourir pour le Canada
Et j’y plongerai afin qu’on dise de moi :
« Il a su mourir pour le Canada »
█ Les autres choses à voir à Ottawa
Le centre d’Ottawa n’est pas bien grand et se parcoure donc facilement. Vers la colline du Parlement, vous pouvez jeter un œil au bâtiment abritant le bureau du Premier ministre, l’imposant édifice en granit de la Cour suprême du Canada, mais aussi le siège de la Banque du Canada.
À voir aussi, le monument commémoratif de guerre du Canada, un grand cénotaphe de granit construit entre 1926 et 1939. Il est doublé de la tombe du soldat inconnu. À deux pas se trouve le « Monument aux valeureux », dédié à quatorze personnalités militaires canadiennes. D’ailleurs, j’ai rarement vu autant de monuments guerriers dans une ville (il y a aussi un monument dédié aux casques bleus, un autre aux soldats morts sur le territoire américain pendant la seconde guerre mondiale, un autre dédié à la defense de Hong-Kong par les Britanniques, un pour l’artillerie canadienne…).
Le marché Byward, non loin, est l’un des plus anciens du Canada : il date de 1826. Il compte près de 250 étals et a eu son moment de gloire lorsque Barack Obama est venu y acheter un cookie (depuis, ils s’appellent les Cookies d’Obama).
De l’autre côté de la rue, la basilique Notre-Dame (1841-1843) est l’église la plus ancienne d’Ottawa. Son étonnant double clocher date, lui, de 1858. Juste en face se trouve le musée des Beaux-Arts du Canada, que je n’ai pas eu le temps de visiter.
En marchant un peu, on arrive aux chutes Rideau, au bout du canal du même nom. Hautes de 12 mètres, elles se jettent dans la rivière des Ouataouais. Elles servent à la production d’énergie depuis 1907 et n’ont donc plus grand chose de naturel. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le canal Rideau est le plus vieux canal d’Amérique du Nord toujours en activité. Il relie la ville d’Ottawa à Kingston, 200km plus loin sur le lac Ontario.
Dans ce secteur se trouve, enfin, le Rideau Hall, la résidence officielle du monarque et du gouverneur général du Canada. La résidence, de style victorien et édouardien, est entourée d’un parc très agréable.
Ah, j’ai failli oublier : la résidence personnelle du Premier ministre canadien est dans le quartier, juste à côté de l’ambassade de France. J’ai essayé d’y jeter un œil, mais elle est cachée par des arbres.
Les gens qui connaissent Ottawa seront sans doute surpris que je ne parle pas du Musée d’Histoire du Canada, dont j’ai entendu à de nombreuses reprises le plus grand bien (certains me disant même que c’est la seule raison valable de venir à Ottawa). Je n’ai malheureusement pas eu le temps de m’y rendre, préférant passer ma journée à explorer la ville. Une autre fois peut-être !
█ Le festival Mosaïcultures à Gatineau
En fait, je n’ai pas visité le Musée d’Histoire car j’ai préférer aller au festival Mosaïcultures 2018 à Gatineau, la ville située juste en face d’Ottawa. C’est une exposition unique au monde de 45 œuvres grandioses, réalisées avec 5,5 millions de plantes de 210 espèces et variétés. Certaines sont relativement simples, d’autres sont des tableaux à couper le souffle. Je ne connaissais pas du tout cet événement et je n’y suis allé que grâce à la recommandation du gérant du B&B où j’ai dormi. Eh bien, ça aurait été dommage que je passe à côté. Malheureusement, mes photos ne rendent pas justice aux œuvres, car il commençait à faire nuit.