Antre du pouvoir russe et cœur de Moscou, l’ensemble formé par le Kremlin et la place rouge mérite bien une journée de visite à lui-seul (à condition d’aimer les églises).
C’est LE passage incontournable pour les touristes à Moscou. Bordée par les murailles du Kremlin, la place rouge est grouillante de monde jour et nuit. De touristes, mais pas seulement : de part sa situation centrale et la présence de nombreux magasins et jardins, le lieu est aussi prisé des moscovites en balade.
Point vocabulaire tout d’abord : krasny, en russe signifie à la fois « rouge » et « beau ». C’est une coïncidence si la Place rouge est effectivement bordée de bâtiments de cette couleur : quasiment chaque ville de Russie possède sa Krasnaya Ploschad, sa « Belle place ». De même, le mot kremlin désigne le centre fortifié d’une ville, et s’apparente au terme de « forteresse ». Vous pouvez donc visiter des kremlins un peu partout, et pas seulement à Moscou.
En arrivant sur la place par le sud, on est accueilli par une vue superbe de la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux et des murs ocres du Kremlin.
Symbole de Moscou, cette cathédrale à la silhouette immanquable semble tout droit sortie d’un conte. Elle a été érigée entre 1555 et 1561 sur ordre d’Ivan Le Terrible et compte dix chapelles, chacune surmontée d’un bulbe. La coupole principale s’élève à 47 mètres de hauteur. Les fresques intérieures sont aussi d’une grande qualité et méritent la visite (payante). Elles datent pour la plupart du XVIe siècle.
En dépassant la cathédrale, on arrive au centre de la place rouge.
A gauche, les murs du Kremlin et un horrible monument en marbre et en granite : le mausolée de Lénine. Le père du bolchevisme y est exhibé dans un cercueil en verre depuis sa mort en 1924, malgré sa volonté de reposer près de sa mère à Saint-Petersbourg. N’espérez pas lui rendre hommage dans les règles de l’art : les visiteurs sont tellement nombreux qu’il est interdit de s’arrêter dans le mausolée : on entre, on passe devant le corps sans s’arrêter et on sort. On est loin de la solennité du palais du soleil, où se trouvent Kim il Sung et Kim Jong il (d’ailleurs, ça fait de Lénine le troisième cadavre que je vois de ma vie). De toute façon, Lénine a été tellement « réparé » en 90 ans qu’il ne doit plus rester grand chose du corps d’origine.
Derrière le mausolée se trouvent plusieurs tombes de personnalités importantes, dont Staline, Brejnev et Gagarin. A la base, Staline était à l’intérieur avec Lénine, mais il a été relégué dehors par Khrouchtchev en 1961, suite à la dénonciation de ces crimes. Cette opération, qui s’est déroulée dans le plus grand secret, est décrite dans cet intéressant article de La Dépêche. C’est aussi à ce moment-là que la ville de Stalingrad est redevenue Volgograd.
Sur le côté droit de la place s’étend la luxueuse galerie Goum (acronyme russe pour « Magasin universel d’Etat »). Construit dans un style russo-byzantin à la fin du XIXe siècle, ce magasin était comme son nom l’indique un magasin d’Etat. Aujourd’hui, les boutiques populaires ont été remplacées par des marques de luxe étrangères.
Au nord-est de la place se dresse une petite église, Notre-Dame-de-Kazan. Il s’agit d’une reconstruction à l’identique, inaugurée en 1993, d’une église de 1636 démolie en 1936 par les Soviétiques, qui se posaient là en précurseurs des Talibans et de l’Etat islamique . C’est le premier monument reconstruit à la fin de l’URSS. Juste avant sa destruction, un restaurateur avait pris soin de le mesurer et de le photographier dans ses moindres détails, en espérant sa reconstruction. Merci à lui.
Enfin, au nord de la place se trouve le musée historique d’Etat qui, ça tombe bien, a été construit en briques rouges.
En le dépassant, on arrive sur la place du Manège. Tournons à gauche pour nous rendre à l’entrée principale du Kremlin (car, malins comme nous sommes, nous avons pris nos billets sur Internet pour éviter la longue file d’attente et être sûrs d’avoir un billet pour les musées avant que les quotas ne soient épuisés).
Entouré de hauts remparts complétés par dix-neuf tours, le Kremlin a été construit principalement au XVe siècle. Il était autrefois entouré de douves, comme le prouve l’entrée principale, construite au XVIe siècle, à laquelle on accède par un pont.
A l’intérieur, contournons l’horrible palais des congrès érigé en 1961 pour aller sur la place des cathédrales. Cet ensemble unique d’églises à coupole date du XIVe siècle et est donc officiellement la plus vieille place de Moscou.
Construite entre 1475 et 1479 par un architecte italien, la cathédrale de la Dormition est la plus importante de la place, voire du pays : c’est ici que les tsars, les empereurs et les Vladimir Poutine se faisaient couronner.
Autre cathédrale majeure de la place, celle de l’Archange Saint-Michel, qui était la nécropole tsariste jusqu’à ce que cette fonction soit attribuée à la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, à Saint-Petersbourg.
Haut de 81 mètres, le clocher d’Ivan-le-Grand est le plus haut édifice ancien de Moscou.
La place est complétée avec l’église de la Déposition-de-la-robe-de-la-vierge, la cathédrale de l’Annonciation et l’ancien palais des patriarches. Un canon de 40 tonnes, Tsar Pushka, est aussi posé là. Il date de 1586, et n’a jamais tiré un seul boulet.
Derrière la place des cathédrales, le Grand palais du Kremlin symbolise la grandeur du pouvoir russe. Sa façade de 125 mètres de long cache 700 salles de réception et d’apparat.
A côté, le palais des armures (1844-1851) renfermait la trésorerie des tsars russes.
On peut aujourd’hui y découvrir d’innombrables œuvres d’art, dont une superbe collection de pièces d’orfèvrerie du XIIe au XIXe siècle et des pièces historiques inestimables (couronnes, trônes, etc.).
Dans les coffres du sous-sol, il est possible de découvrir le Fond du diamant de Russie. Derrière les vitrines, un lingot d’or de 36 kilos, le diamant Orlov (189,62 carats), le diamant Shah (88,7 carats) ou encore le plus grand saphir taillé du monde (258,8 carats). Photos interdites, évidemment.
Tout cela visité, il est fort possible que la journée soit bien avancée… Ca tombe bien, la place rouge est aussi particulièrement belle la nuit !