La capitale russe, contrairement à ce que l’on pourrait penser, se parcoure assez facilement à pied. Il est plaisant de déambuler dans les ruelles et parcs de la ville, au rythme de ses habitants.
Cette promenade commence au sud de la Moskova, près de la galerie Tretiakov. Elle recèle les joyaux de l’art russe, et fait partie des plus célèbres musées du monde. Je n’ai toutefois pas pris le temps d’y aller, préférant visiter le Musée des beaux arts Pouchkine, le plus grand musée de Moscou d’art européen, dont la collection est exceptionnelle. Il faut dire que j’ai eu ma dose d’art russe et d’icônes à Saint-Petersbourg…
Autour de la galerie s’étend un quartier très agréable aux allures du XIXe siècle, Zamoskvoretshye, avec de nombreux cafés et restaurants, hôtels particuliers et églises. Mes pas m’amènent à l’Eglise de la consolation de tous les chagrins, dans la rue bolchaïa Ordynka ulitsa.
En la remontant, on arrive sur l’île Baltchug, une île artificielle formée grâce au creusement d’un canal au XVIIIe siècle, pour protéger la ville des inondations. Encore peu connue des Moscovites (jusqu’en 2011, elle était coincée entre des autoroutes urbaines), l’île Baltchug s’est refait un lifting et comprend maintenant un joli parc, et surtout le monument de Mikhaïl Chemiakine intitulé Les enfants victimes des vices des adultes. Au bout de l’île se trouve l’ancienne usine en briques rouges Octobre rouge, célèbre chocolaterie devenue un lieu de boutiques et cafés branchés.
De cette île, on a le choix entre emprunter le Pont du Patriarcat (l’Eglise, pas le concept sociologique) jusqu’à la cathédrale du Christ-Saint-Sauveur, ou de traverser la Moskova en face de la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux, ce que je fais, avant d’arriver sur la place rouge dont je vous parle plus en détails ici.
Après avoir traversé la place rouge, voici une autre fameuse place : celle du Manège, qui, avec ses nombreuses fontaines et son centre commercial souterrain, est un lieu de promenade prisé des Moscovites.
En la traversant vers la rue Tverskaya (principale artère commerciale de Moscou, connue sous le nom de rue Gorki avant 1990), on retrouve deux bâtiments emblématiques : l’hôtel National sur la gauche, et la Douma, la chambre basse du Parlement russe, sur la droite. Le bâtiment de celle-ci est assez quelconque, si ce n’est l’emblème soviétique toujours présent à son sommet.
Un peu plus haut, un autre bâtiment stalinien : le Télégraphe central, à l’entrée de la ruelle Gazetny, que les lecteurs du roman Anna Karénine connaissent bien. Le bâtiment du Télégraphe fait partie de tous ceux qui ont été construits dans les années 1930 et 1940 par Staline, lors de l’élargissement de l’avenue, qui a entraînée la démolition de ses cinq églises et de nombreux petits bâtiments.
Face au bâtiment du Télégraphe, on peut emprunter la Kamergersky pereoulok, où se trouve le fameux théâtre MKhAT Tchekhov. Un petit peu plus loin, sur la rue commerçante Kouznetsky Most, le musée des jeux d’arcade soviétique (dont je vous parle ici) ravira les fans de rétrogaming ! Ceux qui préfèrent le shopping s’achèteront au centre commercial TSUM, logé dans un magnifique bâtiment néogothique dessiné par Roman Klein. Outre ces bâtiments, le quartier – dont de nombreuses voies sont piétonnes – est très agréable et riche en beaux immeubles renaissances (le quartier ayant été épargné par l’incendie de 1812).
A quelques pas s’élève le théâtre Bolshoï, malheureusement fermé lors de ma visite en août (comme tous les ballets ou opéras de Moscou et Saint-Petersbourg, d’ailleurs).
En revenant vers Tverskaya, un court arrêt dans la rue Petrovka, pour jeter un oeil à la très belle galerie commerciale Petrovsky.
En haut de Tverskaya, juste avant la place Pouchkine, on peut visiter l’un des plus beaux magasins de la ville, l’épicerie Elisseïev. A l’origine un hôtel particulier, cet édifice baroque est devenu en 1898 un magasin de luxe, avec vitraux, lustres en cristal, piliers sculptés, comptoirs en bois poli et grands miroirs.
La place Pouchkine, très animée, se trouve sur la « ceinture des boulevards » et des jardins de Moscou, un anneau de 9 kilomètres qui fait le tour du centre historique. Ils ont été aménagés à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les remparts de Bely Gorod (la Ville Blanche) furent détruits. L’anneau est agrémenté de parcs et de place, dont la place Pouchkine. Pour l’anecdote, c’est ici qu’à ouvert le premier McDonald’s russe, le 31 janvier 1990. C’est aussi ici que se trouve le fameux Café Pouchkine cité dans la chanson Nathalie de Gilbert Bécaud. Enfin, presque, puisque la chanson date de 1964 et le café a ouvert en 1999… pour commémorer le bicentenaire de la naissance du poète ! Rien à voir, donc, avec la chanson (même si c’est un bon moyen de récupérer les touristes qui pendant 35 ans ont demandé où se trouvait ce café).
De la place Pouchkine, on peut s’engouffrer dans la Blagoveshchensky pereoulok, pour découvrir un quartier résidence chic, qui s’étend autour de l’étang des Patriarches.
C’est ici que s’est produite la rencontre entre les héros du roman Le Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov. Boulgakov, dont la maison, transformée en musée, est située non loin. Avec un peu de chance, vous pourrez y apercevoir le chat noir Béhémoth…